Jacques Denis est le troisième enfant d’une fratrie de dix frères et soeurs. Il est né le 21 août 1885 à Grenoble (Isère) issu de deux familles protestantes. Son père Ernest Denis, originaire du Gard était historien, républicain, co-fondateur de la Tchécoslovaquie. Sa mère, Marguerite Denis, originaire d’Alsace était la fille de Charles Friedel, célèbre chimiste, co-fondateur de l’Ecole Alsacienne et de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris.
En 1896, le père de Jacques Denis, Ernest Denis est nommé suppléant d'Alfred Rambaud, professeur d'histoire moderne à la Sorbonne, quand celui-ci est élu sénateur, la famille s’est alors installée à Paris dans le petit hôtel particulier du 9bis rue Michelet qui est devenu l’Institut d’Etudes Slaves rattaché aujourd’hui à la Sorbonne.
Docteur en droit et ingénieur agronome, Jacques Denis se dirige vers la profession d’avocat. Il est inscrit au Tableau le 8 janvier 1908 et devient le collaborateur de Laillier. Il est élu quatrième secrétaire (promotion 1910-1911 des Secrétaires de la Conférence) sous le bâtonnat Busson-Billault. Son ami Pierre Casanova écrivait de lui lors de son éloge : « Il prodiguait son activité débordante, en dehors même du palais, en conférences dans les milieux agricoles, en chroniques dans les journaux ou dans les revues techniques et il était devenu le conseil de plusieurs syndicats de l’alimentation. Il n’avait pas trente ans et déjà son emploi au Palais devenait important ; la carrière s’ouvrait belle à ses légitimes ambitions ».
Dès le premier jour de la mobilisation, il rejoint le 226e Régiment d’Infanterie constitué à Pierre-la-Treiche, dans la région de Toul en qualité de lieutenant mitrailleur. Mi-août 1914, Jacques Denis est en Lorraine. Le livre anonyme (imprimerie Berger-Levrault) intitulé Historique du 226e RI rapporte : « Le 19 août, pendant la nuit le 226e recevait l’ordre de franchir la seille entre Han et Manhoué. Pour ses début, il réussissait ce passage sans coup férir. Reportés le 23 août, dans la région de Champenoux où se livraient déjà de furieux combats, les deux bataillons du 226 exécutaient un retour offensif devant Courbesseaux le 25 août. Ce succès fut brillant mais chèrement payé. L’allemand fut reconduit la baïonnette aux reins pendant plus de 4 kilomètres. Chacun sentait déjà l’ivresse de la victoire quand tout à coup retentit la sonnerie de cessez le feu » bientôt suivie de celle de « la retraite » ; des groupes hésitant commençaient à exécuter ce que de bonne foi ils croyaient un ordre lorsque l’ennemi dévoila soudain ses mitrailleuses qui semèrent la mort dans les rangs.
Décimés à bout portant, la rage au cœur devant une telle perfidie nos hommes luttèrent sans défaillance en disputant le terrain conquis. Le combat de Courbesseaux peut compter parmi les plus sanglant qu’ait eu à soutenir le 226e. S’il y laissa en hommes et officiers la moitié de son effectif, du moins il montra à l’ennemi la valeur des troupes qui lui étaient opposées. Ce n’est que par une indigne trahison, dont l’histoire leur demandera compte que les allemands avaient brisé notre élan victorieux ».
C’est dans ce combat de Courbesseaux ainsi décrit que le 25 août 1914, le lieutenant Jacques Denis est mortellement atteint d’une balle au front au moment où il entrainait les hommes de sa section entre Courbesseaux et Drouville (près de Nancy en Meurthe et Moselle).
Son corps repose dans la Nécropole Nationale de Courbesseaux, tombe 50.
Aline Hamel-Martinet.
Citations et décorations :
- Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume avec la citation :
« Officier valeureux qui, dès les premiers combats, a fait preuve du plus grand courage et du plus bel esprit de sacrifice. Tombé au Champ d’Honneur, le 25 août 1914. Croix de guerre avec étoile de Vermeil».
- Portrait de Jacques Denis
- Lettres du 21 mars 1927 et du 30 octobre 1928 de Madame Marguerite Denis veuve de Monsieur Ernest Denis.
- Notice par M. Pierre Casanova, Hommage aux Morts de la Guerre. Association amicale des Secrétaires et anciens Secrétaires de la Conférence des Avocats (1929)
Le Matin du 13 septembre 1914
« Sur la mort d’un ami », Le Petit Havre, 27 octobre 1914.
Le Figaro du 24 octobre 1914
- Ernest Denis son père dédicace son ouvrage « La Guerre, causes immédiates et lointaines, l’intoxication d’un peuple, le traité », Paris, Delagrave, 1915, à son fils (Gallica) :
L'Homme enchaîné : journal quotidien du matin du 13 avril 1915
La Révolution française : revue historique... janvier-juin 1915.
- Plaques commémoratives (Mémorial Genweb) :
Courbesseaux (54)- Nécropole nationale
Paris 06 -Plaques commémoratives 1914-1918 de la mairie