Alphonse Benvenisti nait le 1er octobre 1881 à Vienne en Autriche. Il est l’aîné d’une fratrie de six enfants : Max né le 15 septembre 1884, Angelica née le 24 novembre 1885 et Léonie le 15 avril 1889 à Vienne comme Alphonse. Odette et Georges quant à eux verront le jour à Paris au domicile familial respectivement les 13 mai 1893 et 1896. Le père d’Alphonse, Licco Israël Benvenisti est négociant orfèvre et sa mère, Régina Kleinmann, semble elle aussi officier dans la bijouterie.
En 1893, la famille Benvenisti est installée au 8 rue Martel dans le 10ème arrondissement de Paris, date probable de leur installation en France car la date d’insculpation de Licco Benvenisti déclarée à la préfecture de Paris est le 10 août 1893 et celle de son épouse le 4 octobre 1893.
Aucun renseignement n’a été trouvé sur la jeunesse et le parcours scolaire d’Alphonse Benvenisti. En 1901, comme la plupart de ses camarades, il part faire ses classes où il est recruté au 6ème bureau de la Seine. En 1902, il obtient sa licence en droit en droit maritime. Il se tourne parallèlement, vers l’écriture comme en 1903, où il publie aux Editions Plon les Hérétiques, qualifié de « récit dramatiques, de roman passionné, page d’histoire vivante et coloré » par la Presse locale.
Naturalisé français par décret du 23 février 1904, il prête serment à la Cour d’appel de Paris le 26 octobre 1904. Il demeure alors au 6 rue Saulnier dans le 7ème arrondissement de Paris. Le 15 décembre 1905, Alphonse Benvenisti sollicite une suspension d’une année afin de lui « permettre de travailler dans une étude d’avoué de Me Goirand à Paris ».
Dix ans plus tard, en 1914, au moment de la mobilisation, Alphonse Benvenisti s’engage comme simple soldat mais « sa brillante conduite lui fit rapidement gagner des épaulettes…». Il rejoint le 69e régiment d’infanterie de Toul-Nancy.
Son père recevant toutes les correspondances professionnelles répondaient à toutes les demandes d’avoués qu’il était mobilisé. Un avoué un peu trop insistant et mettant en doute la mobilisation d’Alphonse, pousse Alphonse à écrire au bâtonnier : « je ne suis pas simplement mobilisé mais sur le front et à l’heure actuelle en première ligne, à ce que l’on peut appeler un poste d’honneur. Quoique très éloigné de tout ce qui fut autrefois ma vie et habitué à la dure, je trouve néanmoins un pareil traitement cruel et indigne du palais d’abord et de nous autres français ». Par la suite, Alphonse adresse tous les cas professionnels urgents au Bâtonnier afin que ceux-ci soient traités convenablement.
Il devient en 1915 sous-lieutenant à la 12ème compagnie au 69ème Régiment d’Infanterie, ce qui le réjouit comme il l’écrit au Bâtonnier : « j’ai la joie d’être nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille de Neuville-Saint-Vaast, à la suite de deux attaques que je me suis trouvé conduire moi-même ».
Il sera blessé à trois reprises :
- en Lorraine le 5 septembre 1914 où il est évacué par l’ambulance de Varanseville ; il explique dans une lettre au Bâtonnier qu’il a connu la « vie morne du dépôt ». A sa demande il est d’ailleurs revenu vers la fin janvier sur le front ;
- en Artois le 1 juillet 1915 au Labyrinthe où un éclat d’obus lui laissera de nombreuses plaies dans la cuisse et le bras droit. Le Labyrinthe était un ensemble d’ouvrages, de tranchées et de boyaux qui formaient un saillant de la ligne allemande entre Neuville Saint Vaast et Ecurie ;
- à Beauséjour en Champagne le 25 septembre 1915, entrant avec sa section à l’assaut des tranchées allemandes, une balle lui traverse l’épaule gauche, provoquant une plaie contuse et une raideur articulaire. « J’ai la chance de faire partie de la première vague et de n’avoir été touché qu’après que nous avions franchi les tranchées et les ouvrages définitifs de toute la première ligne ennemie entre la butte de Mesnil et la main de Massiges ». Soigné, il poursuit ses stages dans les formations sanitaires, faisant de la mécanothérapie pour remettre en état son épaule.
En 1915, il occupe son temps libre à écrire au Bâtonnier pour donner et prendre des nouvelles. Il explique notamment qu’il a retrouvé en Belgique en février 1915 son confrère Franck Mennesson. Il raconte les combats intenses du mois de juin 1915 en Artois : chaleur le jour, gelées la nuit ; « nous avons souffert de la saleté et de la vermine ; nous avons couché parfois sous des abris, même boches, mais la plupart du temps nous dormions à même la terre dans des trous que chacun creusait pour soi ». En rééducation de ses blessures, il a demandé à repartir le plus tôt possible pour le front « parce que l’on s’ennuie mortellement ici [à l’hôpital] et parce que l’on gèle, le calorifère de l’hôpital étant en réparations ». Il rejoint le 10 février 1916 le dépôt de Saint-Léger-les-Vignes. Sa santé fragile l’oblige à une hospitalisation à Nevers, quelques jours seulement après cette affectation. L’amélioration de son état lui permet de rejoindre le grand quartier général, section du courrier, malgré l’avis défavorable des médecins.
Alphonse Benvenisti, mal rétabli, meurt le 10 mars 1916, à l’hospice Condé à Chantilly emporté par la fièvre typhoïde, après 15 jours de souffrance. Son confère mobilisé, avocat à la Cour d’appel de Douai, Edouard d’Hooghe, en informe le bâtonnier. Il profite d’ailleurs de ce courrier pour solliciter Henri Robert et « le grand barreau national qui a été si accueillant à tous nos confrères des régions occupées » sur ces relations avec les pays étrangers afin de préparer l’après-guerre, la Cour d’appel de Douai étant envahie.
Le 13 mars 1916, Alphonse Benvenisti est inhumé au cimetière israélite de Versailles où ses obsèques sont célébrées par le Rabbin Emile Levy. Un détachement du régiment de dragons lui rendra les honneurs militaires.
Quelques mois plus tard, le 14 octobre 1916, son frère Georges Benvenisti, maréchal des logis au 24ème régiment d'artillerie de campagne sera frappé en plein front à son poste d'observation.
Citations et décorations :
- Cité à l’ordre de la brigade, le 22 octobre 1915 :
« le 25 septembre, a été blessé pour la seconde fois en entrant dans sa section à l’assaut des tranchées allemandes. » - Chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre avec palmes à titre posthume (15 septembre 1919. JO, 1er octobre 1919) :
« excellent officier, d’une grande bravoure et d’un sang-froid remarquable. Blessé trois fois au cours de la campagne est déjà cité à l’Ordre. Mort glorieusement pour la France le 10 mars 1916 ».
- Lettre de Benvenisti au bâtonnier en date du 15 décembre 1905.
- Lettre de Benvenisti au bâtonnier 22 avril 1915.
- Lettre de Benvenisti au bâtonnier 1er juin 1915.
- Lettre de Benvenisti au bâtonnier 30 octobre 1915.
- Lettre de Benvenisti au bâtonnier 3 novembre 1915.
- Lettre d’Edouard d’Hooghe avocat à la Cour d’appel de Douai au Bâtonnier, mars 1916.
- Lettre du commandant du Dépôt du 69e régiment au Bâtonnier, 27 mars 1916.
- Lettre de M. Benvenisti père au Bâtonnier 24 mars 1916.
- Diplôme licence de droit.
- Mémoire des hommes (2 fiches) : Alphonse Benvenisti ; Alphonse Benvenisti
- Archives de Paris, registre matricule, D4R1 1284, Abram Alphonse Benvenisti, matricule 950 classe 1904.
- Sephardicgen Resources, Liste de naissance à Vienne
- Ministère de la Culture, base Palissy, immatriculation des parents à la préfecture de Paris : père ; mère.
- Gallica
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Le Rappel 2 avril 1903, à propos de son premier livre Les hérétiques
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L'Univers israélite, 21 avril 1916 : nécrologie
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Le Temps, 22 octobre 1916 : nécrologie
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Le Matin, 25 octobre 1916 : nécrologie
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- Mémorial Genweb :
- Paris 07 - Carrousel de plaques - par Laetitia FILIPPI
- Versailles - Plaque commémorative du lycée Hoche - par François LEPLUS
- Georges Benvenisti son frère ;
- Georges Benvenisti : Avocourt - Nécropole nationale - par Robert DUPAYS ; Versailles - Monument aux Morts 1914-1918 - par Andrée PARBELLE.