Le 2 août 1914, trois bons amis, Léal Numa, Pierre Sureaux, avocat à la Cour, soldat d’infanterie et Maurice Coriem se retrouvent place Saint Michel pour se dire au revoir. « Nous échangeons l’adieu d’un fier baiser d’hommes. Nous partons demain. Tous les trois » (Maurice Coriem, Le Petit Journal, 2 août 1939). Seul Maurice Coriem survivra.
Né le 15 septembre 1895 à Nantes (ex-Loire inférieure), de père commissaire de police des chemins de fer (puis directeur de la Sûreté publique à Alger) et de mère sans profession, Numa Léal fait de brillantes études au Lycée de Tunis avant de les poursuivre dans un lycée parisien et de les terminer à la faculté de droit de Paris par la soutenance d’une thèse sur L'Organisation de la police en Tunisie... étude de droit administratif comparé et de législation coloniale.
Il prête serment d'avocat le 13 décembre 1910. Il plaidera de nombreux dossiers en compagnie de Georges Desbons, un confrère qui aura à cœur d’obtenir après sa mort la légion d’honneur. A cette époque, il est secrétaire général de l’alliance franco-indigène, rédacteur en chef du journal turcophile Rachidi. Il écrira de nombreux articles sur la politique indigène de la France en Algérie, ne faisant toutefois pas l’unanimité.
A la mobilisation, Numa Léal est mobilisé comme lieutenant au 4e régiment de marche de zouaves. Le régiment stationne près du Château de Hooge en Belgique, aux côtés de compagnies anglaises.
La journée du 8 novembre 1914 a été longue et difficile ; l’ennemi a été refoulé à la lisière de la forêt mais les tranchées n’ont pu être reprises. Malgré les renforts, le 4e régiment subit de lourdes pertes, même si le précise le J.M.O, elles s’avèrent moins importantes que celles de l’ennemi. Le lieutenant Léal est porté disparu, au front à Veldhoek. Un jugement du 14 août 1919 le déclarera Mort pour la France.
D’après les témoignages de ses camarades et de ses chefs, son action fut « digne d’admiration et d’être citée en exemple dans un régiment où cependant l’héroïsme était brutal ».
L’un de ses frères est également mort sous les drapeaux pendant l’une de ses permissions à Paris ; un autre, maréchal des logis de dragons et rédacteur au gouvernement chérifien a survécu. Son troisième frère, administrateur de colonies au Gabon demandera pour lui en 1927 la Légion d’honneur à titre posthume.
Géraldine Berger-Stenger.
Citations et décorations :
- Croix de guerre avec étoile de vermeil
« Excellent officier. Tué glorieusement le 8 novembre 1914 à Veldoëck, en entraînant ses hommes à l’attaque des positions ennemies ». - Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume – Décret du 11 juin 1928.
- Avis de décès
- Lettre de Me Desbons au bâtonnier en date du 22 novembre 1927.
- Lettre de Me Desbons au bâtonnier en date du 21 décembre 1927.
- Lettre de Me Desbons au bâtonnier en date du 10 février 1928.
- Le livre d’or du Barreau de Paris indique par erreur que Numa Léal est décédé en 1918.
- Mémoire des hommes :
- Leal Numa (2 fiches)
- 26 N 839/2, J.M.O, 4e régiment de marche des zouaves, 26 octobre 1914-9 mai 1915 (page 20 et suivantes) (page 20 et suivantes)
- Archives municipales de Nantes, acte de naissance, 3e canton, 1885, cote 1E 1516
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Archives diplomatiques. Registre matricule de Tunis, 1907. Registre numérisé et uniquement consultable en salle de lecture à Nantes. Ce registre n’a pas pu être consulté.
- Gallica :
- Journal officiel de la République française. Lois et décrets 20 juin 1928.
- Par les colons : l'Algérie aux algériens et par les algériens, G. Espé de Metz, 1914
- L'Echo d'Alger : journal républicain du matin, 4 octobre 1912
- Le Petit journal, 2 août 1939, article de Maurice Coriem sur le 2 août 1914
- Le Temps, 27 octobre 1913
- Memorial Genweb :
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Morières-lès-Avignon - Monument commémoratif - par Elisabeth VAILLEN
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Paris 13 - Livre d'Or du ministère des pensions - par Olivier SCHLIENGER
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