BONJEAN Louis (1883-1914)

avocats

Bonjean photo
Bonjean citation
Bonjean lettre pouse avril1919
Bonjean lettre pouse juin1919
 
Louis Bonjean nait le 24 janvier 1883 à Paris dans une famille de juristes et d’hommes de convictions.
En effet, son grand-père paternel, Louis Bernard Bonjean, était un juriste émérite : tour à tour avocat à la Cour de cassation en 1838, député de la Drôme en 1848, ministre de l'agriculture et du commerce en 1851, sénateur en 1855, et président des Requêtes à la Cour de cassation en 1865. Fusillé par les communards le 24 mai 1871, sa mort traumatisa profondément l’ensemble de la famille Bonjean qui la considéra comme un sacrifice offert à la France.
Le père de Louis Bonjean, Georges, exercera la profession d’avocat de 1873 à 1876 avant de devenir juge au Tribunal civil de la Seine. En 1874, sur le domaine du Château d’Orgeville, fief de la famille Bonjean, il fonde la Société générale de protection pour l’enfance abandonnée ou coupable. Il s’agit d’une colonie pénitentiaire privée habilitée à recevoir des mineurs confiés par l’administration pénitentiaire, après un passage en justice. Y sont admis des enfants présentés comme moralement abandonnés, insoumis, difficiles, placés par des œuvres, les familles ou les départements. Les mineurs exploitent les terres de la propriété ou sont loués à des exploitants. Les oncles paternels de Louis Bonjean, Maurice et Jules Bonjean, porteront également la robe.
Au moment d’embrasser la carrière d’avocat, Louis Bonjean n’hésite pas à expliquer au bâtonnier son souhait de suivre la tradition familiale : « Monsieur le Bâtonnier, mon père m’a dit bien souvent quel appui dévoué il avait trouvé près de vous au commencement de l’œuvre de la protection de l’enfance et combien il en avait conservé une affectueuse reconnaissance. J’espère que vous trouverez un moment pour lire le petit journal que je me permets de vous adresser ci-inclus et qui vous montrera que ma plus chère ambition est de suivre les traditions charitables de ma famille. Veuillez agréer, Monsieur le Bâtonnier avec mes remerciements pour votre indulgence à l’égard des absences que l’intérêt des malheureux m’impose parfois » (Lettre du 19 mars 1905).
Licencié en droit le 30 juillet 1903, Louis Bonjean est admis au stage dès le 5 août 1903 mais ce n’est que l’année suivante qu’il s’inscrira au Tableau après avoir obtenu un sursis car il doit alors effectuer son service militaire. En 1905, Louis, alors âgé de 22 ans, achète les bâtiments de l'Abbaye désertés au départ des moines trappistes dans l’espoir d’y concrétiser un engagement social. Le 25 août 1908, il s’unit à Mademoiselle Yvonne de la Celle de Chateaubourg dans la commune de Caillouet-Orgeville, berceau de toute la famille Bonjean. Le 18 octobre 1909, naît Marie-Charlotte sa fille ainée. Adulte, celle-ci épousera le 11 mai 1936  Christian Rivet, ingénieur, et fils d’Auguste Rivet, avocat lyonnais.
En 1910, Louis Bonjean devient Docteur en droit en soutenant la thèse suivante : « La Maternité et ses effets juridiques dans le Code civil de 1804 et le Code pénal ».
De 1910 à 1912, Louis Bonjean devient Maire de Fontgombault, petite commune de l’Indre. Attaché à cette région, il crée et rédige l'hebdomadaire "Le Berry" (ancêtre du "Nos provinces") afin de soutenir le mouvement régionaliste culturel et social.
C’est également à cette époque qu’il s’investit dans des œuvres sociales à l’image de son père en utilisant les vastes locaux de l'Abbaye, dont il est propriétaire depuis 1905. Il crée une maison de redressement pour mineurs, avec une ferme expérimentale, des ateliers de menuiserie et de typographie ainsi qu’une société sportive. Une boutonnerie voit ensuite le jour, grâce à la venue d'ouvriers spécialisés de l'Oise. Une usine flambant neuve, complétée par une cité-jardin avec magasin coopératif, infirmerie, colonie de vacances, est en outre édifiée. En 1913, la famille de Louis Bonjean s’agrandit avec la naissance de Monique.
L’année 1914 va définitivement stopper tous les projets de Louis Bonjean. Lieutenant de réserve, au moment de la guerre, Louis Bonjean est affecté de manière provisoire à la 8e compagnie d’où il rejoint le service juridique du 119e Régiment d’Infanterie à la mobilisation ce qui le conduira à siéger au conseil de guerre. Puis, Louis se porte très rapidement volontaire pour aller au combat. C’est sous le grade de Lieutenant matricule n° 49 343 qu’il sera enregistré.
En septembre 1914, il est blessé lors d'un bombardement mais n’est pas évacué ce qui lui permettra de repartir vaillamment combattre dès le 17 octobre 1914 en prenant le commandement de la 1ère compagnie.
Hélas, le 28 octobre 1914, Louis Bonjean est porté disparu lors de l'attaque Allemande sur le Bois du Luxembourg à Hermonville près de Reims.
Après la guerre, sa veuve écrira au Bâtonnier ces mots: «Monsieur, j’ai été fort touchée de votre lettre et serai contente que le nom de mon cher mari figure à coté de ceux de ses confrères touchés au champ d’honneur. Je ne crois pas pouvoir vous dire de le faire encore car malgré hélas toutes les probabilités, il n’y a encore aucune certitude officielle et il est toujours porté comme disparu. Je crois donc devoir attendre un avis officiel pour le placer sur les tableaux d’honneur ».
Le 16 juin 1919, alors que tout espoir n’est plus permis, sa veuve écrit : « Monsieur, depuis la lettre que je vous ai écrite, j’ai reçu les citations dont je joins la copie indiquant que maintenant on peut joindre le nom de mon cher mari à ceux de ses confrères touchés au champ d’honneur. Malheureusement, je suis toujours sans aucun détail. Le terrain est tellement bouleversé qui est impossible de retrouver sa tombe ».
C'est après sa disparition que sa famille mettra en place l'hopital de Fongombault au sein de l'Abbaye.
Louis Bonjean sera inhumé à Loivre Bermericourt, sur les lieux même des intenses combats qui opposèrent les soldats français à l’artillerie allemande.
Géraldine Berger-Stenger.

Citations à titre posthume :

  • Légion d'honneur et croix de guerre 

    « Officier de réserve d'une très haute élévation morale - A montré dès le début de la guerre les sentiments les plus nobles et le désir impérieux de bien servir son pays. A entraîner avec un courage splendide sa compagnie à l'assaut, le 29 octobre 1914 au bois du Luxembourg, alors que la situation était très compromise. A fait preuve dans cette action d'une bravoure admirable et y a trouvé une mort glorieuse. A été cité ».

    Reçue le 31 mars 1919 dont la citation est signée du Maréchal Pétain.

  • Portrait de Louis Bonjean
  • Lettre du 19 mars 1903 de Louis Bonjean au bâtonnier
  • Lettre du 12 novembre 1904 de Louis Bonjean au bâtonnier
  • Lettre du 21 avril 1919 de Madame Louis Bonjean au bâtonnier
  • Lettre du 16 juin 1919 de Madame Louis Bonjean au bâtonnier
  • Citation à l’ordre de l’Armée
  • Mémoire des hommes : 

Louis Bonjean

JMO du 119eme Régiment d'Infanterie

 
TOUT
1914
1915
1916
1917
1918
1919
1927
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
R
S
T
V
W
Z