MORIZOT-THIBAULT Adrien (1888-1915)

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Morizot photo
Morizot lettre annoncant son deces 
Adrien Morizot nait le 9 septembre 1888 à Gien où sa mère, Marie Turquet, est venu attendre la fin de sa grossesse chez ses parents. Son père, Charles Morizot, est procureur de la République à Issoire dans le Puy-de-Dôme. Sur son acte de naissance, son grand-père, Antoine Morizot, apparait comme propriétaire à Nevers. Sur l’acte de naissance de son père, il est précisé qu’Antoine Morizot est marchand de grains et que son épouse s’appelle Victorine Thibault. Charles Morizot, magistrat, fera ajouter le nom de sa mère, Thibault, à son patronyme. Un décret du 23 juillet 1909 consacrera la modification.
Adrien porte déjà le double patronyme lorsqu’il signe sa demande d’admission au serment d’avocat en novembre 1908.
Charles Morizot-Thibault, qui finira sa carrière en qualité de conseiller à la Cour d’appel de Paris, a produit une œuvre juridique prolifique. Cette dernière lui vaut d’être élu membre de l’Institut en 1907 et il occupe la présidence de l’Académie des Sciences morales et politiques en 1919.
Adrien fait sa scolarité au lycée Janson de Sailly. Son figure sur le monument aux morts du lycée. Comme son père, il fait son droit. Son frère cadet, Didier (Aimable, François), choisira la voie militaire. Adrien Morizot-Thibault est licencié en droit le 4 novembre 1908 et il est inscrit au stage le 24 novembre 1908. Le service militaire le requiert et il retrouve le barreau et ses confrères en octobre 1913.
Paul Marvillet, qui rédige sa notice dans le Livre d’Or du barreau de Paris, le décrit ainsi : «J’ai rarement connu confrère plus sympathique que Morizot-Thibault : il suffisait d’avoir vu ses yeux bleus, ces yeux rieurs dans un visage resté à 25 ans très juvénile, d’avoir entendu le timbre si particulier et si captivant de sa voix, pour se sentir invinciblement attiré vers lui par un sentiment d’amitié ». Adrien Morizot-Thibault se fait la main sur des affaires d’assistance judiciaire, tant au civil qu’au pénal, même si cette dernière matière dont il est diplômé l’attire plus particulièrement. Il se prépare au concours de la Conférence.
La mobilisation interrompt cette jeune carrière. Dès le 2 août 1914, Adrien rejoint le 282ème régiment d’infanterie à Montargis. Il est sous-lieutenant et le colonel le choisit comme Porte-Drapeau. Sans doute Adrien a-t-il sollicité cet honneur… . Il aime sa Patrie et est empreint des idées de l’Action Française qu’il diffuse autour de lui. Dans la Woëvre, sur la Marne, il met un point d’honneur à donner du courage aux troupes en déployant à l’avant le drapeau du régiment. Sa bravoure impressionne son colonel qui écrit qu’il est un des meilleurs officiers qu’il ait commandés. Il gagne ses galons de lieutenant. Sa bonté, son attention pour chacun et son courage lui valent l’admiration de ses hommes.
A son jeune frère Didier, Saint-Cyrien de la promotion de la Grande Revanche, qui part au Front et lui demande des conseils, il répond : « Impose toi comme chef à ton arrivée, sans brusquerie ni raideur, et mieux, au contraire, avec aménité, montre de l’intérêt à tes hommes … Tu sauras toujours conduire tes hommes au feu et surtout pas de forfanterie ni d’imprudence, et quand il faudra creuser la terre pour vous faire des abris, montre l’exemple : n’oublie jamais que c’est l’officier qui fait le soldat ».
En mai 1915, il est choisi parmi ses pairs alors qu’il n’a que 27 ans pour occuper la fonction d’adjoint au chef de corps. Le 282ème Régiment d’infanterie est quasiment tout le temps en première ligne et les soldats subissent attaques et contre-attaques sous des bombardements violents. Il a participé aux terribles combats de Crouy en janvier 1915, dans la boue, sous la pluie et un déluge de feu. Depuis, il est en Artois et plus particulièrement dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette.
Fin septembre, pour faire diversion à l’offensive de Champagne, une attaque en règle des positions allemandes entre Vimy et Lens est ordonnée. Une conquête de terrain significative, au prix de nombreuses vies humaines, est acquise : les troupes d’assaut prennent possession de la fameuse Tranchée d’Odin, entre Souchez et Vimy. Comme le rapporte l’historique du régiment, « dans la matinée du 29 (septembre), à 3 heures, le régiment subit le choc d’une contre-attaque menée avec acharnement par les troupes de la Garde. Un combat terrible se livre au fusil, à la grenade et à la baïonnette ». Dans cette action, le lieutenant Adrien Morizot-Thibault encourage ses hommes et s’élance contre l’ennemi, le révolver à la main. Une balle le frappe en pleine poitrine.
Son père fera éditer un petit livre en mémoire de lui, recueillant des lettres qu’il avait écrites. Dans l’une d’elles, adressée à son jeune frère blessé, il l’encourageait : « La vie est belle. Moi, je l’aime infiniment, la vie ! Cependant, sans hésiter, je saurai en faire le sacrifice. Car c’est une grande chose de mourir pour la France ».
Michèle Brault

Citations et décorations :

  • Cité à l’Ordre de l’Armée :

    « Officier d’élite et de grande bravoure. Au front depuis le début de la campagne. Dans les circonstances les plus graves a toujours encouragé les hommes par son flegme et son courage. Au cours d’une contre-attaque allemande contre une tranchée nouvellement conquise est monté debout sur le parapet pour entrainer les hommes à l’assaut et a été tué d’une balle, le revolver à la main ».

    Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (15 mai 1919) – Croix de guerre avec palmes (même texte que la citation précédente)

  • Portrait d'Adrien, Victor, Antoine, Marie Morizot-Thibault
  • Lettre de Monsieur Charles Morizot-Thibault au bâtonnier (6 octobre 1915)

  • Notice lue par M. Paul Marvillet, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)

 
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