PRIAM Henri (1890-1918)

avocats

Priam photo
Priam certificat de position militaire 19150013
Priam lettre Odet 

L’œil vif, les traits fins, élégant dans sa tenue civile, la photo d’Henri Priam ne révèle pas le chemin long et aride qu’il a parcouru pour endosser la robe d’avocat.

Il lui en a fallu de la volonté, de la détermination et de la foi en sa vocation.

Henri Priam est né le 4 février 1890 à Goyave ,le long du Morne Rouge, sur la Basse Terre en Guadeloupe. Entre Petit-Bourg et Capesterre-Belle-eau.

Comment était Goyave en 1890 ?

Un bourg de petites maisons aux murs de terre colorée, aux toits de chaume ou de feuilles de bananier? Sans doute pas de vitre aux fenêtres, la route encore en terre battue … Et cette nature lumineuse, luxuriante, la forêt tropicale toute proche qui descend de la montagne, la mer si cristalline, ce climat capricieux parfois, mais toujours agréable, cette douceur de vivre des iles et en particulier, de la somptueuse Basse Terre. Le dénuement aussi.

Henri est issu d’une famille modeste. Tranquille Priam, son père, est charpentier et Marie-Octavie Martial, sa mère, est déclarée sans profession sur son acte de naissance. Il a 28 ans et elle en a 33 lorsque nait leur premier fils, Henri. Suivront Prosper, 4 ans plus tard, et Marthe, en 1896. Ils survivront presque 60 ans à leur frère Henri.

Henri va-t-il à l’école communale de Goyave ? Toujours est-il qu’il fréquente le lycée de Pointe à Pitre où sa famille est domiciliée à cette époque. Ses résultats sont excellents et Henri voudrait poursuivre ses études dans une faculté de la métropole.

Malheureusement, ses parents n’ont pas les moyens de financer une telle aventure. Henri prend un emploi de maître d’études pour disposer d’un peu de temps pour préparer sa licence en droit en lisant les ouvrages des professeurs qu’il voudrait entendre. Il accumule des économies qui vont lui permettre de prendre enfin le transatlantique qui le mène vers la capitale.

Dans une notice du Livre d’or du Barreau de Paris consacré aux avocats disparus pendant la Grande Guerre, Denys Odet décrit avec beaucoup d’admiration et de tendresse le jeune Guadeloupéen : « Il devait à ses origines créoles cette âme chimérique et cette soif d’idéal qui, de si curieuse manière, apparentent les Guadeloupéens aux Bretons décrits par l’auteur de Souvenirs d’enfance et de jeunesse (Ernest Renan). (…) Pour eux, l’occupation noble est celle par laquelle on ne s’enrichit pas : celle du soldat, celle du marin, celle de l’homme voué au travail de la pensée et pour qui la poursuite d’un intérêt matériel ne saurait constituer une fin, celle de l’avocat. »

Après avoir décrit les épreuves d’Henri Priam, déraciné, sans relation à Paris, sans doute en but au racisme, sans situation, sans ressources autres que des petits travaux avant d’être enfin agréé dans une étude d’avoué, il poursuit : « Servi par une forte culture littéraire, il alliait à une âme de poète l’esprit méthodique et précis d’un juriste de marque. Il éprouvait pour ses envolées romantiques et ses amples périodes, si chères à nos aînés, une évidente tendresse, mais il estimait aussi que l’avocat doit savoir sacrifier au succès de sa cause les satisfactions purement oratoires et se dépouiller des couplets inutiles qui retardent la marche du discours vers le but qu’il se propose d’atteindre. Sa parole élégante projetait sur les faits cette lumière nette qui supplée au développement, retient l’attention, impose la conclusion. »

Henri obtient sa licence en droit. Il s’inscrit au stage le 4 novembre 1915.

Entretemps, la guerre a été déclarée et la mobilisation est intervenue. Henri s’est présenté spontanément et a été incorporé dès le 10 août 1914 à la 5ème section des commis et ouvriers d’administration militaire (COA) stationné à Orléans.

Le 21 mars 1915, Henri est hospitalisé à l’hôpital mixte Porte Madeleine, à Orléans. Il a une filariose, maladie tropicale contractée en générale par la piqure d’un moustique. Il bénéficie ensuite d’un congé de convalescence qu’il va passer chez les siens, en Guadeloupe.

Il est ensuite affecté au 22ème COA à Paris. Ce qui explique sa prestation de serment en novembre de la même année.

Le bureau de recrutement constate sa maladie et lui octroie une libération conditionnelle soumise à un nouveau recensement avec la classe 17.

Il en profite pour préparer un doctorat.

En 1917, il est incorporé à sa demande dans un régiment d’active, au 10ème régiment des artilleurs à pied selon sa fiche sur Mémoire des Hommes. Un formulaire dans le dossier de l’ordre indique 39ème régiment d’artillerie à pied d’Afrique. Pourquoi l’Afrique ?...

Son camarade Denys Odet résume son parcours militaire : « Fantassin, puis artilleur, on le trouve tantôt sur l’Yser, tantôt dans les Vosges, tantôt aux Dardanelles. Puis on l’envoie à Fontainebleau suivre les cours des élèves officiers d’artillerie. »

De retour sur le Front, en Lorraine, il contracte une pneumonie qui le terrasse. Il est évacué vers l’hôpital militaire de Nîmes, où il décède le 9 novembre 1918, deux jours avant la signature de l’armistice.

Il est Mort pour la France. La Croix de guerre lui sera décernée.

Quelques années plus tard, son père viendra en métropole et sera reçu par le Bâtonnier Aubépin. Celui-ci lui remettra le diplôme de licence en droit qu'Henri avait déposé à l'Ordre dans son dossier d'inscription.

Citations et décorations :

  • Croix de guerre
  • Portrait d'Henri Marie Ambert Stanislas Priam 
  • Lettre de Me Odet Denys
  • Notice lue par M. Odet Denys, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)  
 
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