C’est à Cognac en Charente que naquit, le 2 avril 1884, Philippe Gautier.
Enfant, il suivit sa scolarité au sein du collège Stanislas. Après son baccalauréat, il ne fit pas le choix, contrairement à d’autres, de se diriger vers ce que l’on appelait à l’époque l’Ecole de Droit. En fait, Philippe Gautier avait l’ambition de devenir marin et, pour se faire, embarqua sur le Borda. Il ne poursuivit pas cette ambition puisque, en avril 1904, on le retrouve en Allemagne où il deviendra précepteur des fils du roi de Saxe, fonction qu’il assumera pendant quatre ans, jusqu’en mai 1908.
C’est probablement à son retour d’Allemagne qu’il s’inscrit à la Faculté de Droit où il aura de multiples activités.
Tout d’abord, proche de l’Action Française, il sera l’un des responsables, auprès des étudiants, de ce mouvement. Dans le même temps, il fera le récit de ses quatre années passées en Allemagne sous le titre « Quatre ans à la Cour de Saxe ». Ce livre, écrit sous le pseudonyme de Guy Balignac, fut couronné en 1913 par l’Académie Française.
C’est aussi en 1913, le 6 novembre, qu’il obtint sa licence en droit. Il prêta serment peu de jours plus tard, le 18 novembre 1913. Quelques mois plus tard, la guerre éclatait, compte-tenu de son âge il n’était pas mobilisable immédiatement, il fit pourtant le choix, le 8 août 1914, de s’engager volontaire.
Versé tout d’abord dans le 20ème Dragon, il rejoignit par la suite le 278ème Régiment d’Infanterie comme simple soldat. Soldat à la bravoure certaine, il devint, en mars 1915, Caporal, puis trois mois plus tard, en septembre, Sergent et, enfin, en mai 1916, sous-Lieutenant.
Son courage et son comportement à la tête de sa compagnie sont si remarquables qu’il aura à plusieurs reprises l’honneur de figurer dans l’historique du 278ème Régiment d’Infanterie. C’est grâce à ce texte que l’on connait les conditions dans lesquelles il fut blessé en juillet 1916.
Remis, il retourne au combat dans la Somme où son régiment est engagé dans la reconquête d’Ablaincourt. Le 11 novembre 1916, au matin, sa compagnie est face à plusieurs nids de mitraillettes allemandes. A la tête de ses hommes, il va se lancer à l’assaut et réussir, à la baïonnette et à la grenade, à prendre l’une des mitrailleuses. S’élançant vers la deuxième, il est alors fauché par le flanc gauche en pleine ascension.
Si Maurice Barres et Paul Marty feront, après sa mort, son éloge dans des textes aujourd’hui oubliés, son nom reste néanmoins gravé sur trois monuments aux morts.
En effet, le parcours de la vie de cet homme de 32 ans est résumé dans la pierre. Charentais, son nom figure sur le monument aux morts de Cognac, écrivain, il fait partie de ceux qui eurent l’honneur d’être inscrit sur la plaque commémorative des écrivains au Panthéon, avocat, il reste à jamais parmi ses confrères dans la bibliothèque Haute du Palais.
Citations et décorations :
- Cité à l’Ordre du XXXe Corps d’Armée, en juillet 1916 :
« Chargé de conduire une forte patrouille jusqu’aux tranchées ennemies, a fort bien préparé son opération ayant su inculquer à ses hommes l’allant nécessaire et la volonté d’aller jusqu’au bout ; est entré le premier dans les tranchées adverses, suivi de tous les hommes qu’il avait désignés d’avance pour le suivre ; y a livré un véritable combat à coups de pistolet et de grenades, a su rapporter des renseignements utiles et a ramené tout son monde, quoique blessé tout au début d’une balle dans la poitrine. A ainsi prouvé qu’il possédait les qualités d’un chef et donné le plus bel exemple de vaillance ».
- Cité à l’Ordre 241 de la Xe Armée du 14 décembre 1916 :
« Officier d'une grande bravoure. Chargé d'une mission importante et périlleuse qui consistait à assurer la liaison, au-delà du dernier bond, en tête de l'attaque du 7 novembre 1916, a été mortellement blessé au cours de sa mission, après avoir réduit un îlot de résistance et s'être emparé de 4 mitrailleuses ».
- Cité à l’Ordre de la Xe Armée n°241 avec la section qu’il commandait (14 décembre 1916) :
« Sous le commandement de son chef, le sous-lieutenant Philippe Gautier, étant chargé d’assurer la liaison avec les troupes voisines lors de l’attaque du 7 novembre 1916, à 200 mètre au-delà du dernier bond, s’est emparé de haute lutte en cours de route, d’une section de mitrailleuses ennemies dont elle a tué ou capturé tout le personnel et pris le matériel. Puis ayant perdu son chef tué, s’est ensuite portée bravement au dernier point où elle pouvait assurer la liaison prescrite en fin de combat, sous le commandement d’un sous-officier ».
- Croix de guerre à titre personnel et à titre de chef de section.
- Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (5 février 1921).