Henry Adam, lieutenant au 317e Régiment d’Infanterie est un de ceux que le Barreau de Paris a oublié dans son livre d’or publié en 1928. Le nom d’Henry Adam ne figure, ni sur le Monument aux Morts du Barreau de Paris, ni sur celui de la famille judiciaire. Et pourtant, la mention «mort pour la France » résulte de sa fiche militaire et figure sur son acte de décès.
Henry Adam voit le jour au matin du 26 avril 1889 au 66, rue de Monceau à Paris au domicile de ses parents. Il est le fils ainé de Georges Joachim Adam, sous-régisseur du Palais de l’Élysée et de Jenny Marie Godefroy. Ses deux sœurs suivent, Lucy en 1891 et Jacqueline en 1893.
Sitôt licencié en droit le 28 novembre 1909, Henry Adam devient avocat. Il est admis au stage le 14 décembre 1909 avec, à sa demande particulière, pour rapporteur le Bâtonnier Busson-Billault qui est une connaissance de son oncle, Louis Adam, agent de change à Paris. Une lettre de Louis Adam recommandant son neveu au Bâtonnier Busson-Billault est archivée dans le dossier de l’Ordre tout comme une note manuscrite indiquant qu’il habite au 66, rue de Monceau, chez ses parents.
En octobre 1910, Henry Adam demande la suspension de son stage et fait son service militaire au 74e Régiment d’Infanterie. En mai 1912, il est promu sous-lieutenant de réserve et affecté au 101e Régiment d’Infanterie. Libéré à l’automne 1912, il rejoint le Barreau. Le 30 janvier 1913, Henry Adam désirant « avant de reprendre définitivement sa carrière d’avocat compléter ses connaissances pratiques par quelques mois de procédure », sollicite une suspension de son stage de neuf mois « pour travailler chez Me Fromager, avoué près le Tribunal Civil de la Seine».
Parallèlement, à son activité d’avocat, il prépare sa thèse de doctorat qui fera l’objet d’une publication chez Giard et Briard en 1916 : L’amortissement de la dette publique. Difficile de retracer précisément le parcours militaire d’Henry Adam, sous-lieutenant réserviste, il est mobilisé dès août 1914 mais vraisemblablement envoyé aux armées un peu plus tard. Le 20 mars 1915, il est promu lieutenant au 101e Régiment d’Infanterie aux termes de sa fiche matricule. Le 16 mai 1915, il cité à l'Ordre de la Brigade pour la confiance sans limite qu’il a su inspirer à ses hommes et l’exemple de courage qu’il leur a donné. Le mois suivant, le 12 juin 1915, il est versé au 317e Régiment d’Infanterie.
Blessé en octobre 1915 dans le secteur situé entre Saint-Hilaire et Saint-Souplet (le Livre d’or de la Faculté de Paris fait état d’une commotion subie en Champagne), Henry Adam devenu lieutenant de réserve est alors placé en congé sans solde afin d’être détaché aux services du Ministère des Affaires Étrangères. Le 9 décembre 1918, toujours détaché aux Affaires Étrangères, pas encore démobilisé malgré la signature de l’armistice intervenue un mois auparavant, Henry Adam s’éteint au 66 rue de Monceau au domicile de ses parents, foudroyé par la grippe qui décime ce dernier semestre de 1918, tant la population civile que les rangs des armées. C’est François Marbeau, lieutenant au 5e Régiment de cuirassiers à pied, son beau-frère, époux sa sœur Jacqueline, qui fait la déclaration de son décès.
La famille Adam est durement touchée par la perte de leur fils unique, qui s’ajoute à celle de leur gendre, Adrien Salanson, père de jumelles nées en 1912, porté disparu dans la Marne depuis le 4 septembre 1914 et à celle de Louis Adam en mars 1915. C’est sans doute l’immense peine qu’éprouva la famille Adam, les difficultés de l’après-guerre qui ont empêché que la nouvelle du décès du lieutenant Henry Adam et son parcours militaire ne parviennent jusqu’au Palais et qui l’ont fait oublier dans la longue liste des avocats du Barreau de Paris morts pour la France ?
Henry Adam est le 232e de cette liste !
Citations et décorations :
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Cité à l’ordre de la Brigade d’Infanterie n°14 du 16 mai 1915
« Officier de très grande valeur qui a su inspirer à ses hommes une confiance sans limite; au mépris de sa vie, a donné le plus splendide exemple, maintenant ses hommes sous une mitraille infernale, et n’a quitté le poste qu’il défendait que lorsque l’ordre lui en été donné, ramenant les débris de sa compagnie.»
- Croix de guerre