Avocats morts pour la France

Roger Simon nait le 5 septembre 1888 dans le premier arrondissement de Paris au sein d'une famille d’avocats, demeurant au 14 quai de la Megisserie, à proximité immédiate du Palais de Justice. Son père, René Simon, est avocat à la Cour d’Appel de Paris et son grand-père maternel, n’est autre que le Bâtonnier Henri Barboux, spécialiste des affaires financières, membre de l'Académie française, collaborateur de la Revue politique et parlementaire et président de l'Union libérale républicaine.

En mémoire de cet illustre grand-père, Roger Simon est autorisé à porté le nom de Simon-Barboux par jugement en date du 24 janvier 1914 homologuant un décret présidentiel.

Licencié en droit le 30 juin 1908, docteur en droit, il est inscrit au stage le 28 juillet 1908 et devient clerc chez Maître Cortot. Il suspend alors son stage pendant deux ans.

Dès le début de la mobilisation, Roger Simon-Barboux se porte volontaire et intègre le 239ème régiment infanterie avec le grade de sous-lieutenant. Ce régiment a la particularité d’être composé d’une majorité de réservistes normands ou parisiens et d’avoir été constitué en 1914 au moment de l’offensive contre les allemands.

Dès le 9 aout 1914, les troupes quittaient Rouen et étaient débarquées le même jour à Amagne-Lucquy, dans les Ardennes. Le 19 août 1914, c’est dans l’enthousiasme général que le régiment franchi la frontière belge, Roger Simon-Barboux en était.

L’historique du régiment nous conte les dernières heures de RogerSimon-Barboux : « Le 22 août, la bataille fait rage. Le régiment en réserve dans le bois de Jamioulx depuis l’aurore, attend impatiemment le moment d’entrer en action. A midi vingt, l’ordre est donné de se diriger sur Nalinnes, qui doit être mis en état de défense. Le travail est en cours, quand vers dix-huit heures, tous les éléments disponibles du Régiment sont groupés, dirigés sur Bouffioulx, et en liaison avec le 39ème, s’élancent, sous le commandement du chef de bataillon Husband, à l’attaque des tranchées allemandes. Cruel baptême du feu, mais non sans gloire, car si les mitraillettes ennemies font de sanglantes trouées dans la colonne d’assaut, l’attaque progresse, atteint la ferme de Bouffioulx, le village de Chamborgneau, où jusqu’à la nuit, le commandant Husband et la Section Buffat vont se maintenir, malgré les efforts répétés d’un ennemi très supérieur en nombre ».

MDH - JMO 239e RI (27/10/2016)

C’est dans ces circonstances que Roger Simon-Barboux est tué d’une balle dans le front.

Marié à Solange de Ridder, fille d’un notaire parisien, Roger Simon-Barboux sera tué avant même que son épouse ait donné naissance à son fils. Ce dernier, prénommé à son tour Roger, naitra début septembre.

Son père écrit au Bâtonnier : « Mon Cher Bâtonnier et Ami, Je vous fais un devoir de vous informer de l’affreux malheur qui nous frappe et qui ajoute un nom à nos stagiaires tués à l’ennemi. Mon fils ainé, qui après avoir terminé ses études de procédures devait commencer à plaider en octobre, a été tué près de Charleroi ! La note officielle parle : « Le sous-lieutenant Simon-Barboux du 239eme Régiment d’infanterie, a été tué d’une balle au front le 22 aout 1914 pendant l’attaque que faisait le régiment près le village de Chamborgneau (Belgique). Elle ajoute : je vous prie d’exprimer en mon nom à la famille de Mr Simon les sincères regrets du régiment ou il jouissait de la plus grande estime de ses chefs et de ses camarades ». Et c’est fini ! Le pauvre enfant était en effet un homme du devoir et ses amis l’en plaisantait parfois. Je suis obligé de cacher ce malheur à sa pauvre femme dont ce coup pourrait, dans l’état, compromettre sa santé. J’ai du en effet, l’amener chez une sœur, le 2 septembre, sur le point d’accoucher et le 6 septembre, elle mettait au monde un fils qui se porte, comme la mère, parfaitement bien. J’appréhende le moment de la révélation ! Quelle vie brisée, si vite et après quelques mois de si grand bonheur. Sa mère, Madame de Ridder est heureusement avec moi. J’espère que nous aurons des bonnes nouvelles des vôtres et vous prie de croire, Mon Cher Bâtonnier, à mes sentiments d’affection. René Simon ».

Ce n’est que le 11 juin 1921, qu’eurent lieu les obsèques de Roger Simon-Barboux en l’église de Saint Germain l’Auxerois, paroisse de la famille où trois ans plus tôt, le 27 octobre 1918 avaient eut lieu les obsèques de sa veuve qui laissait un orphelin de quatre ans.