Avocats morts pour la France

Bien que né à Dijon le 27 mars 1880, Edgar Hirtz est alsacien. Il est issu d'une famille juive implantée de longue date à Colmar, dont un certain nombre de membres firent, après 1870, le choix de rester français. Tel fut le cas du père d'Edgar Hirtz qui s'installa à Nice comme huissier.

Tout naturellement, c'est à Aix qu’Edgar Hirtz fit ses études de droit, qui le conduisirent à être admis au stage au barreau de Paris, le 5 décembre 1911. Il effectue son service militaire en 1901 mais est réformé en 1904 pour neurasthénie et troubles cardiaques et donc exempté.

De sa vie au Palais, on ne sait rien.

À la déclaration de guerre, soldat dans la territoriale, il est versé au 104ème régiment d'infanterie comme seconde classe. Avec ce régiment, commandé au début de la guerre par le Général de Trentinian, rare officier supérieur dreyfusard, il participa dès août 14 à la bataille d’Ethe en Belgique, puis à la bataille de la Marne et enfin à celle de la Somme.

En 1915, le 104ème est déployé en Champagne puis, en 1916, à Verdun. En 1917, le 104ème qui se bat sur les Hauts de la Meuse retourne à nouveau Verdun. En 1918, c'est le Mont Kemmel dans les Flandres puis la Montagne de Reims là où dans la nuit du 6 mars 1918, Edgar Hirtz se trouvera sur le Mont Cornillet.

À cette époque de la guerre, les Allemands, ayant signé le 3 mars 1918 une paix séparée avec la Russie, ont ramené du front de l'Est un nombre important de troupes et de matériel. Ces renforts ont pour but de préparer l'offensive Michael ou Kaiserschlacht dont les Allemands espèrent qu'elle mettra un terme au conflit. Le récit de cette nuit nous a été rapporté avec précision par le Colonel Beringer dans son discours prononcé sur la tombe d’Edgar Hirtz. Il indique : « ….Dans la journée du 6 mars 1918, l'artillerie et l’invasion ennemie sont d'une activité exceptionnelle. Puis la nuit tout rentre dans un silence impressionnant, qui, pour les habitués signifient « garde-à-vous » c'est le calme précurseur de la tempête …». Effectivement, à 20 heures, l’artillerie allemande entre en action « …un déluge d'obus de tous calibres et d’obus toxiques s’abat sur nos lignes… » poursuit le Colonel Beringer. C’est alors que protégés par ces tirs d'artillerie et de mitrailleuses, les Allemands surgissent pour prendre de force la position occupée par Edgar Hirtz. S'engage au milieu des obus, des mines, des grenades, un combat au corps à corps à la baïonnette. Le Colonel Beringer poursuit : «….Le danger accroît la bravoure et l'énergie des défenseurs. Chacun devient héros en quelques secondes. Surpris par notre résistance acharnée, les Allemands échouent complètement dans leur coup de main, ils se retirent précipitamment, en emportant leurs morts et leurs blessés …».

Ce corps à corps coûtera la vie à Edgar Hirtz qui, gravement blessé, sera transporté à l'ambulance 6/4 de Villiers-Marmery où il décédera huit jours plus tard, le 14 mars 1918.

Il reçut à titre posthume la médaille militaire et la Croix de guerre avec palmes. Son nom est gravé dans la pierre du monument Aux Morts des Armées de Champagne.

Sa mort laissera dans une peine profonde sa veuve, mais aussi sa sœur Jeanne Lévy- Hirtz dont le mari, le Commandant Maurice Lévy, alsacien ayant fait également le choix de rester français, était décédé de ses blessures en juin 1915.