MASSET Jean (1898-1918)

avocats

Masset vignette2
 
Masset diplome
 
Raid des Gothas le 8 Agence de btv1b9030815b
 
Drôle de guerre, si l’on peut dire, que celle de Jean Masset. Fait prisonnier dès le 14 septembre 1914, il a passé presque toute la guerre en captivité pour rentrer se faire tuer à Paris en 1918.
Surprenant le parcours de ce jeune homme, né dans une famille d’artistes, qui va devancer l’appel pour faire son service militaire et se consacrer ensuite à l’étude du droit. Jean nait le      10 janvier 1897 à Paris dans le 9ème arrondissement. Ses parents sont des artistes célèbres. Sa mère, Marie Largillière, a été remarquée très tôt et a participé très jeune aux tournées Agar, Bruxelles, Ambigu, Chatelet et Masset. A partir de 1881, elle occupe tous les rôles de jeune première au Théâtre de la Gaité. Quelques années plus tard, elle quitte la vie publique pour se consacrer à sa vie familiale. Son père, après avoir été pensionnaire de la Comédie Française, puis acteur au Théâtre de l’Odéon, a entrepris, avec sa femme, des tournées dans toute la France. Il est ensuite devenu administrateur de l’Opéra Comique, puis directeur des Bouffes en 1892, puis encore co-directeur du Théâtre du Gymnase en 1894. Il termine sa carrière comme professeur de chant, de déclamation et de piano. Il est le fils de Nicolas Jean-Jacques Masset, un ténor et violoniste belge, qui a commencé sa carrière au Théâtre des Variétés et au Théâtre Italien. Jean-Jacques a précédé son fils Charles à l’Opéra Comique. En 1845, il a poursuivi sa carrière à la Scala de Milan, puis à Parme et à l’Opéra de Crémone où son fils, le père de Jean, est né en 1847. Il est engagé à l’Opéra de Paris en 1850 et fait parfois des extras au Théâtre Royal de Madrid. C’est dire sa reconnaissance internationale. Il termine sa carrière en qualité de professeur au Conservatoire National de Paris.
C’est dans cet univers que nait d’abord Jacques, puis trois ans plus tard, Jean. Jean fait sa scolarité au lycée Rollin. Toutefois, avant d’entamer ses études supérieures à la faculté, il précède la conscription et s’engage volontairement le 6 octobre 1905. Il est affecté au 74ème régiment d’infanterie. Il retrouve la vie civile le 18 septembre 1906, un certificat de bonne conduite, le grade de caporal et un certificat d’aptitude au grade de sous-officier dans la réserve en poche. Il entreprend ses études de droit et sera admis au stage le 12 octobre 1911. Son dossier mentionne une licence en droit obtenue en juillet 1910 et fait état du titre de docteur en droit.
Comme l’écrit son ami Pierre Prud’hon, dans la notice biographique publiée dans le Livre d’Or des anciens secrétaires de la conférence, Jean a pris le coté belge de son grand-père pour son apparence physique : « Il avait du reste la large corpulence, le teint coloré, et les cheveux blonds d’un personnage de Rubens ; son caractère flamand se retrouvait ensuite dans son gout de la vie simple et familiale, et aussi dans son faible pour la bonne chère et la vieille pipe. Mais ce bon vivant était aussi un causeur spirituel, un artiste sensible, un lettré délicat, un cœur d’or. » Jean Masset devient collaborateur de Maître Benjamin Landowski.
La fibre artistique familiale le pousse toutefois vers l’écriture. Il fraye avec les journalistes de la presse judiciaire et en devient l’ami. Il collabore au Petit Journal, puis devient chroniqueur judiciaire de l’agence Havas. Il est attiré par l’écriture et écrit des poèmes. Comme pour tant d’autres, la mobilisation et la guerre vont interrompre l’éclosion de ce talent.
La convocation arrive et Jean rejoint, dès le 4 août 1914, le 24ème RI en qualité de sergent. Le régiment se dirige au nord, vers Charleroi, et participe à la retraite et à la bataille de Guise. Début septembre, le régiment est engagé dans la Bataille de la Marne. Le 14 septembre, grièvement blessé, Jean est fait prisonnier par les Allemands et envoyé au camp de Limbourg. Il y reste pendant plus de 2 ans. Grand blessé, il obtient d’être envoyé en Suisse, la Suisse s’occupant activement du sort des blessés et des « sanitaires » (personnel de santé). En juillet 1917, totalement inapte à reprendre du service, il est enfin rapatrié chez ses parents, 5, rue Geoffroy Marie, dans le 9ème arrondissement où son père donnait des leçons de chant, diction et piano. Ce dernier est décédé en novembre 1915.
Le 8 mars 1918, une soixantaine d’avions allemands est repéré volant vers Paris. L’aviation française et l’artillerie empêchent le raid, mais trois avions allemands, des Gothas, passent néanmoins et vont larguer leurs bombes sur Paris et la banlieue. « 5, rue Geoffroy Marie, une bombe de 100 kg, après avoir traversé les étages supérieurs, éclata au 2e étage. Le mur de refend ayant cédé, la maison s’écroula et un incendie se déclara dans lequel plusieurs locataires trouvèrent la mort. ». Le corps de Jean Masset n’est pas retrouvé.
Le jugement rendu le 7 février 1919 qui le déclare mort décrit comment Jean et sa mère, qui habitaient au 3ème étage, sont descendus chez leur voisin du 2ème tandis que la bonne, qui a attesté, se réfugiait à la cave. Jean Masset, qui était en convalescence, est considéré Mort pour la France.

Citations et décorations :

  • Cité à l’ordre du régiment :

« Brave autant qu’énergique, a été grièvement blessé en se portant à la tête de sa demi-section, sous un feu violent de mousqueterie et de mitrailleuse, à l’assaut d’une position ennemie, enlevée puis perdue le 14 septembre 1914. Fait prisonnier au cours de la contre-attaque. »

  • Notice lue par Pierre Prud'honHommage aux Morts de la Guerre. Association amicale des Secrétaires et anciens Secrétaires de la Conférence des Avocats (1929).
  • Diplome de droit.
TOUT
1914
1915
1916
1917
1918
1919
1927
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
R
S
T
V
W
Z