Avocats morts pour la France

André Cohen-Solal nait le 19 juin 1890 au 2 rue Blandan à Alger du nom de ce sergent qui participa aux opérations militaires de la conquête de l'Algérie.

Son père, Isaac Cohen-Solal et sa mère Bellaria Levi Fassina ont eut ensemble trois enfants : Henry né en 1885 qui immigra à Bruxelles, Rebecca Elisa née en 1888 et André. De l’enfance d’André, peu de renseignement nous est parvenu si ce n’est que son père, Isaac, décède le 2 novembre 1899 à l’âge de 48 ans à Alger. André a alors 9 ans.

Il grandit et fait une partie de sa scolarité à Alger. Il étudie ensuite à Paris et obtient sa licence de droit, option voies d’exécutions et droit commercial, le 30 juin 1910. Il réside alors au 150 avenue Parmentier chez son oncle, dentiste. Le 22 novembre, son doctorat en droit en poche et diplômé de l’Ecole des Sciences Politiques de Paris, André Cohen-Solal est inscrit au Stage.

En août 1911, il part accomplir son service militaire pendant deux ans en Afrique au sein du 96ème Régiment d’Infanterie. Très rapidement, le 8 octobre 1911, il demande sa suspension de stage pour effectuer ses classes : « Monsieur le bâtonnier, incorporé aujourd’hui au 96e régiment d’infanterie, à Béziers, pour y accomplir deux années de service militaire, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir m’accorder pendant ces deux années une suspension de stage […]». Pendant son séjour, André contracte les fièvres. Le 22 mars 1914, il écrit au bâtonnier afin de prolonger sa suspension de stage de six mois pour se rétablir.

A la mobilisation, André n’a pas réintégré le barreau. Il s’engage au grade de Lieutenant au 7ème régiment de marche de zouaves et intègre la 11ème compagnie. Il ne revêtira plus jamais sa robe : le 6 janvier 1915, André est tué à l’ennemi à Rodincourt près d’Arras.

Sa mort n’a pas été immédiatement annoncée à sa famille, laquelle cherchera à obtenir des renseignements. Ainsi, dans l’édition du 18 avril 1915 du journal Le Matin on pouvait lire cette annonce : « Serai reconnaiss. Qui pourrait donner nouvelles sous-lieutenant André Cohen-Solal, 7ème zouaves, 11è compagnie, disparu 6 janvier, présumé blessé prisonnier. Ecrire : Mme Veuve Solal, 6 rue de la Liberté, Alger ».

L’Ordre des avocats diligentera une enquête au domicile de Me Cohen Solal qui confirmera qu’André a probablement été tué : « la concierge ne sait rien mais néanmoins elle a appris que Me Cohen Solal avait dû être tué dans le commencement de la guerre. Elle dit que Monsieur Fanthès, chez qui il était secrétaire. Pourrai peut être donner des renseignement. Vu Me Fanthes, il me dit que Me Cohen Solal a disparu en septembre 1914 ». Personne n’aura jamais plus de nouvelle d’André Cohen-Solal.

En 1923, son frère Henri Cohen-Solal écrit au bâtonnier : « Bruxelles le 3 juillet 1923. Monsieur le bâtonnier, par suite d’une négligence, j’ai omis de vous signaler que mon frère André Cohen Solal Avocat à la Cour d’appel de Paris, sous-lieutenant au 7ème de marche de Zouaves, Chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la croix de guerre avec deux citations a été tué à l’ennemi le 6 janvier 1915 au combat de Rocquencourt. Je crois utile de vous donner ce renseignement et vous prie d’agréer, Monsieur le bâtonnier, l’assurance de mes sentiments très distingués. Henri Cohen Solal. »