Georges Clément est né le 11 août 1880 à Maisons-Laffite. Son père, Raoul Clément, fut secrétaire à la Cour de cassation, puis juge au Tribunal de la Seine. Il avait un frère ainé, Marcel, né en 1877, mobilisé à Châlons-sur-Marne au 48e RTI et qui semble avoir survécu au conflit.
Georges Clément était un familier de l’Allemagne. Il y avait effectué de nombreux séjours afin de perfectionner son allemand : Fribourg, Toennistein, Dresde et Berlin. Il revient définitivement en France en 1901 et décide de faire son service militaire. Il s’engage au 29e régiment de Dragons et accomplit ses trois années de service. En septembre 1904, il est rendu à la vie civile. Sans formation ni inclination particulières, il effectue un stage chez un agent de change pendant quelques mois.
Il avait apprécié sa vie et son engagement dans l’Armée, il y aurait volontiers fait carrière. Mais, il va réaliser ce qui importait le plus à ses yeux, son mariage avec Mlle Suzanne Delpy qu’il aime profondément. Il se lance alors dans des études de droit, travaille chez un avoué, obtient sa licence et prête serment en 1908. Le voici avocat. Brillant orateur, passionné par sa profession, respecté par ses confrères et les magistrats, sa vie est un modèle de réussite et de bonheur.
Il a même l’immense plaisir de retrouver régulièrement son uniforme pour accomplir des périodes militaires, et en 1912, il est élevé au grade de Lieutenant.Il est également membre de l’Union des sociétés d’Equitation militaire de France. Cavalier émérite, il est cependant victime d’un grave accident de cheval qui l’immobilisa pendant un mois dans de grandes souffrances. Il n’en conserva pas de séquelles et put reprendre des activités sportives : chasse, escrime, randonnées, tir au pistolet (il est membre de la Société L'Assaut au pistolet), l'équitation bien sûr, et la dernière activité à la mode : l’automobilisme.
Fin juillet 1914, il part avec sa femme à Rives, en Isère, dans la maison familiale où il a l’habitude de venir passer ses vacances. Celles-ci sont à l'évidence assombries par les bruits de guerre qui résonnent dans toute l’Europe. Le 1er août, il reçoit l’ordre de rejoindre le 30e régiment de Dragons au château de Villers-Semeuse dans les Ardennes.
Les premières lettres adressées à sa femme reflètent un bel optimisme : « Moi, je vois tout en rose ; nous allons faire une belle campagne ; nous leur collerons une brossée de première classe et ensuite nous rentrerons dans une France plus grande, plus belle et plus forte que jamais. Quel bonheur nous aurons alors d’être tous réunis et de raconter ce que nous aurons vu et fait. Ce sera formidable ! ».
Il rejoint le front mi-septembre. Il rassure sa femme : « Dis-toi bien que je pars avec une confiance absolue dans notre armée, et en moi ensuite. Je n’ai pas l’idée que je puisse attraper même une égratignure ».
Fin septembre, la ligne de front s’étire vers le Nord et le 2 octobre, Georges Clément prend le train pour rejoindre la région de Lens. Les combats font rage nuit et jour. Il en sera de même en Belgique où le régiment est déplacé le 16 octobre. Georges Clément y gagnera sa première citation à l’Ordre de son régiment.
Le 25 octobre, alors qu’il espérait bien quelques jours de repos à l’arrière, son régiment reçoit l’ordre d’aller relever le 28e Dragons aux tranchées de Noorschoote. C’est là, derrière le canal de l’Yser, qu’il fut blessé par un éclat d’obus, au foie et au bas du dos, la moelle épinière probablement atteinte, car il se plaignait de ne plus sentir ses jambes. Au gré d’une accalmie, il fut transporté hors des tranchées, pour être soigné. Il expira dans la nuit lors de son transport vers l’hôpital d’Ypres.
Sa famille n'apprit sa mort que onze jours plus tard et indirectement. Plusieurs témoignages viendront éclairer les circonstances de sa fin tragique, celui du Dr Rouget, médecin militaire et ami, qui avait pu passer quelques heures avec lui, l’Abbé Stiltz, qui l’avait accompagné dans le train, et d’autres qui voudront soutenir ses proches et évoquer son courage, sa droiture et sa bonté. Son père les réunira dans un livret dédié à la mémoire de son cher fils.
Georges Clément avait été proposé pour Chevalier de la Légion d’Honneur. La remise de cette décoration devait lui être faite la nuit où il trouva la mort. Malheureusement, le messager arriva trop tard. Son père, tout comme le Commandant du 30e Dragons, C. de Tournadre, multiplièrent les démarches pour obtenir confirmation de cette décoration. Sans succès, car il fut fait dans son cas, comme dans tant d’autres, une stricte application du principe selon lequel « on ne remet qu’aux vivants la croix de la Légion d’Honneur. » Il faudra attendre un décret du 1er octobre 1918 - puis la loi du 16 août 1920 - qui décida de l'étendre « aux morts glorieux de la guerre » qui s'achevait, tant civils que militaires.
C’est ainsi que Georges Clément put enfin recevoir en 1919 cette Légion d’honneur qui lui avait pourtant été attribuée en octobre 1914.
Citations et décorations :
- Cité à l'Ordre du Régiment, le 20 octobre 1914 :
« Le Lieutenant Clément, et X... qui sont restés pour relever le maréchal des logis chef du 2e Escadron et l'ont chargé sur une charette, sous une grêle de balles ».
- Cité à l'Ordre du Régiment, le 27 octobre 1914 :
«Le Lieutenant Clément qui, mortellement blessé dans la tranchée en avant de Noorschoote, ne songeait au'à empêcher les chefs et les camarades qui l'emportaient loin de la ligne de feu, de s'exposer pour lui venir en aide.
Le Lieutenant Clément, décédé quelques heures après, avait été proposé pour chevalier de la Légion d'honneur.
Le Régiment perd en lui un excellent officier qui, par la douceur de son commerce, la fermeté de son caractère et son admirable bravoure, restera comme un exemple dans la mémoire de tous».
- Cité à l'Ordre de la 4e Division de Cavalerie, Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume (20 octobre 1919)