« 1 mètre 68, cheveux et sourcils blonds, yeux bleus, visage ovale, menton rond » telle est la description de René Flament mentionnée dans son registre matricule.
En dehors de ces quelques renseignements physiques, nous savons que René Flament naît le 1er janvier 1880 à Saint Quentin dans l’Aisne de Aimable Constant Flament, négociant, et de Marie Berthe Horlabille sans profession. Aucun renseignement n’a été trouvé sur sa jeunesse.
Nous savons seulement qu’ayant obtenu son doctorat en droit, sciences politiques et économiques et sciences juridiques, il est inscrit au tableau le 7 décembre 1906 puis travaille chez Maître Chapron, avoué rue Gay Lussac. Il sollicite alors une suspension de stage en 1909 puis également en 1910 en expliquant que « désireux de compléter par un peu de pratique (ses) connaissances juridiques, (il avait) l’intention de travailler pendant un an dans une étude d’avoué ».
En 1900, il est appelé à faire ses classes mais malgré son aptitude, il en sera momentanément dispensé jusqu’à l’obtention de sa licence en 1901 où il est recensé comme soldat de 2ème classe dès le 14 novembre 1901. Envoyé dans la disponibilité le 20 septembre 1902 avec certificat de bonne conduite caporale, il sera nommé sergent le 30 mars 1903. Dès le 1er novembre 1904, il passe dans la réserve de l’armée d’active et ne cessera alors de monter en grade : sous-lieutenant de réserve au 87ème Régiment d’infanterie le 24 juillet 1907, lieutenant le 23 décembre 1911, capitaine de réserve à titre temporaire par décision ministérielle en date du 20 mars 1916.
Compte tenu de son investissement au sein de la réserve, c’est tout naturellement que René Flament est rappelé au service dès le début de la Guerre. Il est officiellement mobilisé le 13 août 1914. Il se battra avec énergie malgré une blessure au pied dès le 24 août 1914 lors de la retraite de Belgique. Il perd la vie le 14 avril 1916 à Mort-Homme (Meuse) au sein de la 23ème compagnie du 287ème régiment d’infanterie.
Au lendemain de sa mort, il sera promu capitaine de réserve à titre posthume et définitif. Les éloges se succèderont alors : tout d’abord son Capitaine adjudant major : « Flament que j’aimais et que j’estimais beaucoup a été malheureusement tué d’une balle en pleine tête … »; puis son patron, Maitre Chapron égal,ement dans les tranchées avec Flament depuis la Bataille de l’Aisne : « il était le garçon le plus érudit, le plus distingué, que je connaisse et avec cela le plus aimable et le plus dévoué ». Ce dernier rajoutera « J’ai un profond chagrin de la mort de Flament qui était pour moi un ami dévoué. Cela fait le deuxième collaborateur que je perds au feu !
Georges Clément, René Flament ! Et combien d’autres tomberont encore ! Au revoir, mon cher bâtonnier, le canon tonne en ce moment sans arrêt, espérons que se sera bientôt la victoire complète ! ».
René Flament a été enterré sur place par l’aumônier au cimetière de Chattancourt (Meuse), devenu nécropole nationale à la fin de la guerre. René Flament est depuis, une sépulture parmi tant d’autres.
En 1920, son père, désireux que le Barreau de Paris n’oublie pas son fils avait écrit au Bâtonnier les mots suivants : « Monsieur le Bâtonnier, nous apprenons que sous les auspices de l’Ordre des avocats, des services religieux seront célébrés ce mois-ci à la mémoire des avocats à la Cour, victime de la guerre. Notre fils Me René Flament, avocat, capitaine d’infanterie de réserve, étant tombé à Mort-Homme le 14 avril 1916, nous sommes désireux de nous joindre à ceux qui rendront hommage à nos chers morts. Nous vous serons donc très reconnaissants, Monsieur Le Bâtonnier, de donner des instructions pour que la carte nous permettant d’assister au service qui sera célébré en l’église Notre Dame, nous soit adressé et aussi pour que notre nom soit inscrit sur la liste des familles des avocats à la Cour décédés au front afin de n’avoir plus à vous vous importuner dans des circonstances analogues à celle de ce jour » En octobre 1928, il remercie très ému le Bâtonnier pour l’envoi du Livre d’Or, «précieux pour les pieux souvenirs qu’il renferme…».
Citations et décorations :
- Ordre du Régiment, le 2 novembre 1914
« Commandant d’un détachement de renfort envoyé à Vailly le 30 octobre, a fait preuve du plus grand sang-froid et de la plus grande énergie en occupant les hauteurs sous un feu des plus violents. Ne s’est retiré que sur l’ordre du commandement du secteur et a réussi à faire repasser le pont de Vailly à son détachement, malgré une fusillade et une canonnade des plus violentes ».
- Ordre de L’Armée, le 6 mai 1916
« Une contre-attaque s’étant produite, a superbement porté sa compagnie en avant de nos lignes à la rencontre de l’ennemi qu’il a bousculé et rejeté dans ses tranchées. A été tué après avoir obtenu plein succès ».
- Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume