« Parmi les jeunes camarades que nous ont enlevés ces quatre cruelles années, Joseph Drouet était un de ceux dont le talent et les travaux avaient donné plus que des promesses, un de ceux à qui l’avenir semblait ouvrir, pour la pensée comme pour l’action, les plus belles espérances» commence le livre d’or des anciens élèves et professeurs de l’Institut catholique de Paris morts pour la France 1914-1919 édité en 1923.
Joseph, Marie, Edmond Drouet nait le 30 mai 1885 à Saint-Pierre-Église dans la Manche. Il est le seul enfant survivant de la fratrie des six, nés entre 1874 et 1887 de l’union de Louis et Rose née Poulain.
Avant d’être pensionnaire chez les eudistes de Valognes, Joseph Drouet fait ses premières classes chez les frères à Saint-Pierre-Église. Élève brillant, bachelier, il entre en novembre 1903 à l’Institut Catholique de Paris pour y étudier le droit et les lettres. Le 7 octobre 1905, engagé volontaire avec le bénéfice des dispositions de la loi du 15 juillet 1889 (art. 23), Joseph Drouet est avec le grade de caporal, libéré après une année au 25e Régiment d’Infanterie de Cherbourg et reprend ses études.
Licencié en droit, le 27 juin 1907, il est admis au Barreau de Paris le 24 novembre 1908. Le 18 octobre 1909, il épouse à Cherbourg, Madeleine, Azélie, Marie Lecourtois, fille du contre-amiral François Lecourtois. De cette union naitront cinq enfants dont le dernier en 1917. Devenu avocat, il poursuit ses études de droit et de lettres par le soutien en 1912 d’une thèse sur l’abbé de Saint-Pierre. Sa biographie de l’abbé de saint-Pierre publiée la même année, récompensée en 1913 par le prix Bordin décerné par l ‘Académie Française, fait encore autorité aujourd’hui. Sa passion de l’histoire transmise de son père, lui-même historien et écrivain de l’histoire de la Manche, archiviste au collège de Valognes, le conduit à contribuer à plusieurs revues dont celle de la revue de la société d’histoire de l’Église de France dont il est l’un des fondateurs et nommé secrétaire-archiviste en février 1914.
Lorsque la guerre survient, Joseph Drouet devenu sergent rejoint son régiment à Cherbourg pour partir sur le front en Belgique. Évacué fin septembre 1914, après les combats de la bataille de la Marne, il regagne le front en décembre 1915.
A la naissance de son quatrième enfant, il est versé à l’auxiliaire et affecté au 77e Régiment Territorial d’Infanterie le 11 mai 1916 qui est alors autour de Verdun. Malade, atteint d’une paratyphoïde, Joseph Drouet est évacué le 21 juillet 1916.
Après guérison, il rentre au dépôt et passe au 139e Régiment Territorial d’Infanterie devenu adjudant. Hélas, alors que l’armistice était signé depuis quelques jours, Joseph Drouet pas encore démobilisé contracte la grippe et décède le 2 décembre 1918 à l’hôpital militaire de Rennes.
Aline Hamel-Martinet.
Citations et décorations :