C’est dans la maison familiale de Lamothe-Landerron en Gironde que naît, le 10 octobre 1887, Jean, Georges Chaigne.
Petit-fils d’un instituteur, Georges Chaigne est le fils de Gabriel Chaigne, magistrat, substitut à Saint-Jean-de-Maurienne en 1883, puis procureur à Lourdes en 1887, à Mont-de-Marsan en 1893 et à Cahors en 1896, élu député de la Gironde et avocat inscrit au Barreau de Paris en 1902.
Il vit dès son enfance dans un milieu où les questions politiques et sociales sont sans cesse débattues. « Doué », « intelligent », « plein de vie et d’enthousiasme » selon ses proches, il fait de brillantes études secondaires, au lycée Victor-Duruy de Mont-de-Marsan et au lycée Gambetta à Cahors puis des études supérieures à la faculté de droit de Paris, licencié en droit puis docteur en droit après la soutenance en 1908 de sa thèse remarquée sur les élections à Rome sous l’intitulé : Les Robes Blanches.
En 1905, il devient attaché au cabinet de Paul Doumer, à l’époque président de la Chambre. Attiré par le journalisme, il collabore dans de nombreux journaux dont La France de Bordeaux, Le Rappel, l’Indépendant de La Réole. Auteur de poèmes, de pièces de théâtre dont une, Nikylla, en trois actes, écrite en vers avec son frère, Jacques.
Le 7 juillet 1908, il prête serment et devient avocat au Barreau de Paris tout en poursuivant ses engagements politiques et sa carrière de rédacteur.
En juin 1910, son père décède brutalement d’une crise cardiaque à 51 ans, quelques semaines après avoir été battu aux élections législatives. Georges Chaigne reprend le flambeau. Le 10 novembre 1912, il est élu conseiller général de la Gironde (La Réole) et le 26 avril 1914, il se présente aux élections législatives dans le groupe des Républicains de gauche. Il est élu député au premier tour de scrutin, dans le siège qu’occupait son père, défaisant le radical-socialiste Auguste Borderie, l’adversaire familial et député sortant. Au printemps 1914, il siège à l’Assemblée Nationale, dans le bureau des « Benjamins », il n’a que 27 ans.
La guerre interrompt brutalement sa carrière. En août 1914, Georges Chaigne part comme sous-lieutenant d’infanterie au sein du 367e Régiment d’Infanterie (régiment de réserve du 167e Régiment d’Infanterie). Blessé pendant les combats de Lironville des 21, 22, et 23 septembre, il est promu lieutenant sur le champ de bataille. Son frère Jacques, récemment mobilisé, obtient d’être versé à la section de mitrailleuses que commande son frère.
Il est à ses côtés lorsque ce dernier tombe, à l’aube du 5 avril 1915 dans le bois de Mort Mare au nord de Flirey (Meurthe-et-Moselle).
La mort de Georges Chaigne sonne le glas de l’influence familiale dans le milieu politique. Son frère, Jacques sera l’éternel candidat malheureux, battu six fois en Gironde pendant l’entre-deux-guerres.
Georges Chaigne est inhumé dans son village de Lamothe-Landerron.
Georges Clémenceau lui rend hommage dans L’homme enchainé en ces termes : « c’était un «jeune » dans la plus haute noblesse du mot, un véritable enfant du sol français, tout d’élan généreux et de vaillance ». Le 29 avril 1915, Paul Deschanel, président de la Chambre des Députés, prononce l’éloge funèbre de Georges Chaigne devant les parlementaires. Son nom fait partie des écrivains morts pour la France au Panthéon.
Le ministre de la marine marchande pour rendre hommage aux huit députés morts pour la patrie, décide en 1920 que les huit prochains cargos qui seront construits dans les chantiers de l’Etat porteront leurs noms dont celui de Pierre Chaigne. Une place à La Réole (Gironde) porte son nom.
Aline Hamel-Martinet
Citations et décorations :
- Cité à l’Ordre de l’Armée :
« A su inspirer à sa compagnie un entrain et un esprit de sacrifice complet par son exemple et son activité. A été tué le 5 avril, en entraînant une de ses sections à l’attaque ».
- Chevalier de la Légion d’honneur. Croix de guerre avec palme.