MONTEUX Marcel (1889-1917)

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Monteux - Lettre de son père au Bâtonnier 
Marcel est né le 30 octobre 1889 dans le 10ème arrondissement de Paris. Sa famille habite 29 rue d’Enghien. Son père, Benjamin Abraham Monteux a 26 ans et il est avocat à la Cour d’appel de Paris. Sa mère, Louise Weil, a seulement 20 ans. Marcel aura un jeune frère, Georges Raphaël, qui naitra en avril 1891, 18 mois après sa naissance.
Les Monteux sont originaires de l’ancien Comtat Venaissin, dissous en 1791. Ce sont les descendants des « juifs du Pape », seule communauté avec celle des juifs Alsaciens à être considérée comme française sous l’Ancien Régime.
Marcel est licencié en droit le 20 juin 1910. Il n’a pas 21 ans. Il faut dire qu’il a de qui tenir. Son père, Benjamin, est docteur en droit. Avocat pénaliste à ses débuts, ses plaidoiries sont rapportées dans la presse. Il est également un auteur prolifique : « L’instruction criminelle » en 1898, « La réparation des dommages causés par les faits de guerre » en 1919 (livre réédité en 2013 !), « Les impôts en France » en 1920, « La restauration financière » en 1928 et un «Memento fiscal » en 1930, ouvrages écrits en collaboration. En 1896, Benjamin Monteux publie dans la Revue de la Ligue des Droits de l’Homme. Il apparait comme Dreyfusard. En 1902, il est rapporteur de la Commission chargée d’arrêter les bases du tarif des huissiers.
C’est auprès de ce père, brillant avocat reconnu par ses pairs et distingué jurisconsulte, que Marcel fait ses premières armes. Il a commencé un doctorat.
Le 22 octobre 1912, service militaire accompli, Marcel sollicite son admission au stage et exprime le souhait d’avoir Me Fernand Labori, bâtonnier de l’Ordre, comme rapporteur. Il se destine au barreau des avocats de la Cour de cassation. La théorie juridique le séduit. Quelques mois avant la déclaration de guerre, il se porte candidat au secrétariat de la Conférence du stage des avocats à la Cour de cassation.
Mobilisé, il est affecté au 18ème Régiment de Dragons. Son régiment est immédiatement envoyé au Front, près de Colmar. Peu de temps après, il est transféré au 13ème Dragons, qui fait partie du corps de cavalerie Sordet. Le 13ème appartient à la 3ème Division. Le corps Sordet va pénétrer en Belgique puis bifurque vers le Luxembourg. Les premières escarmouches ont lieu à Havelange et Sorée. La cavalerie va ensuite participer à la campagne de Lorraine.
Le maréchal des Logis Marcel Monteux est souffrant. Une sténose du cardia le handicape gravement. La maladie existait-elle avant la guerre ? Elle est toutefois déclarée contractée «au service » et elle n’a pas empêché son transfert dans une autre unité. Marcel est cependant très malade. Il est renvoyé à Montauban, ville où le 13ème Dragons a son casernement. Il refuse d’y rester et se bat pour être renvoyé au Front. Il obtient gain de cause, au regard des nécessités de la guerre, et il est affecté en qualité d’adjoint monté au colonel commandant le 421ème RI qui a été formé en août 1915 et sera dissous en août 1916.
Sa maladie s’aggrave. Il souffre horriblement. Il est envoyé à l’hôpital du Front. On ne peut rien pour lui. Il a vraisemblablement un cancer du cardia. Fin 1916, les médecins prennent la décision de le renvoyer chez lui pour qu’il y meure entouré des siens.
Son courage, sa volonté d’accomplir son devoir de patriote lui valent d’être cité à l’Ordre du régiment en décembre 1916. Ses parents le recueillent à leur domicile, 91 rue de Miromesnil. Marcel s’éteint dans de terribles souffrances le 18 janvier 1917.
Dès le lendemain, son père écrit au bâtonnier : « Mon cher bâtonnier et ami, mon fils ainé, Marcel, vient de mourir. Il appartenait à notre ordre. Il est décédé, au milieu de nous, ensuite d’une cruelle maladie qu’il avait contractée au front. Tu sais la résistance qu’il avait opposée à son évacuation, son courage, son héroïsme, toi qui a bien voulu t’intéresser à la proposition de citation admirable dont il a fait l’objet. Il est mort, comme meurent tous nos confrères, tous les membres du barreau, tous les Français, en brave. Il aurait préféré mourir sur le champ de bataille même, face à face à l’ennemi, en criant « Vive la France ». Cette pensée a assombri ses derniers moments. A la maison, nous avons tous du courage, bien qu’ayant encore un fils au front, nous voulons la victoire complète, quel qu’en soit le prix. »
Il fut inhumé au cimetière Montparnasse le 21 janvier 1917.
Pourtant, Marcel n’est pas considéré comme Mort pour la France.
Georges, son jeune frère, engagé au 116ème RI, prendra le relais paternel. Georges Monteux sera avocat au Barreau de Paris et notamment le défenseur devant la Cour martiale en 1915,  de deux "fusillés pour l'exemple" Camille Chemin et Edouard Pillet, réhabilités en 1934. Il est également l’auteur d’un ouvrage « L’étranger en France. Ses droits. Ses devoirs. » avec Charles Bidoud, publié en 1927. Il est décédé en 1977.

Citations et décorations :

  • Cité à l’Ordre du Régiment le 9 décembre 1916 :
    « A donné le plus bel exemple d’abnégation et de volonté, dans l’accomplissement de son devoir, en continuant, quoique terrassé par la maladie, à assurer son service d’adjoint au chef de bataillon avec un dévouement complet. »
  • Portrait de Marcel Monteux

  • Lettre de Benjamin Monteux au Bâtonnier (19 janvier 1917)

 
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