VERCKEN Jean (1888-1918)

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VERCKEN  photo
 Vercken portrait 1917
Vercken dernierephoto1918
VERCKEN Léon tombe
 Vercken lettre armistice 9 octobre 1918
 
Jean Vercken est né à Paris, le 17 avril 1888. Son père, Fernand Vercken, est architecte. Il a 31 ans. Sa mère, Alice de Hérédia, a 28 ans et elle est sans profession. La famille habite 51, avenue Marceau. Il a une sœur, Adèle, née en 1884, et un frère aîné, Henry, né en 1885. Un frère puiné, Georges, naitra en 1891.
L’oncle paternel de sa mère est le fameux poète José-Maria de Heredia. Le côté maternel ouvre donc vers les Antilles, vers Haïti et Cuba, au son de l’accent espagnol. Alice de Heredia est née à Santiago du Chili. Côté paternel, la famille est d’origine belge. Le grand-père de Jean, Léon Vercken, est né à Liège en 1828. Le site Généanet mentionne qu’il était Secrétaire de la Chambre de commerce d’Anvers, consul de Perse, musicien et compositeur. Il avait la qualité d’écuyer, que ses descendants se transmettront.
Jean grandit dans le 16ème arrondissement de Paris. Sa famille est profondément catholique.
Il est incorporé le 2 octobre 1909 au 28e régiment d’infanterie comme jeune soldat appelé. Il est promu caporal le 17 septembre 1910 puis sergent le 1er octobre. Nommé sous-lieutenant de réserve le 1er avril 1911, affecté au 54e régiment d’infanterie, il est rendu à la vie civile. Son matricule militaire montre que Jean est un rude gaillard d’1,82m, ce qui est bien au-dessus de la moyenne de l’époque.
L’année 1911 est riche pour Jean Vercken. Le 7 février, il a été inscrit au stage. Il fera ses premiers pas dans la profession d’avocat en qualité de secrétaire de Maître Crémieux. Le 18 mars, il épouse Marie-Madeleine Chevalier avec l’autorisation du colonel commandant le 28e régiment d’infanterie. L’acte mentionne qu’il est élève officier de réserve au 28e RI. De cette union naîtront quatre enfants. Son oncle paternel, René Vercken, est témoin de son mariage. Il est avocat à la cour d’appel de Paris. Il avait déjà assisté son frère lors de la déclaration de naissance de Jean. Nul doute que cette figure tutélaire a pesé sur le choix de carrière du jeune Jean.
Jean est « rappelé à l’activité » lors de la mobilisation du 1er août 1914. Il est affecté au 254ème régiment d’infanterie qui se dirige vers la Belgique et participera à la retraite de la Marne. Dès le 20 septembre 1914, alors qu’il se bat près de La Neuville, deux éclats de balles perforent ses poumons. Évacué, sa convalescence sera rude car une pleurésie se déclare. Son courage lui vaut une citation à l’ordre du régiment.
Il est promu lieutenant le 1er avril 1915. Le 28 juin 1916 il est affecté au 104ème régiment d’infanterie. Le 12 septembre 1916, il est de nouveau blessé devant Verdun : une balle lui déchire le cuir chevelu. Il continue à mener sa section alors qu’il a perdu la moitié de ses hommes et repousse une contre-attaque ennemie. Il ne se fera panser qu’après la fin de l’offensive. Sa bravoure lui vaut une seconde citation.
Jean tient un journal dans des « carnets de route » que sa famille fera publier en 1920. Le 20 août 1917, près de Vacherauville, Jean confie à son carnet son désespoir :
«… ce n’est plus la guerre, c’est un empoisonnement, un assassinat. Que nous sommes loin du bel élan du début de la campagne ! Quelles belles journées nous avons vécu voici juste deux ans ; à ce moment-là, au moins, on avait l’impression que par sa valeur et son courage personnels on pouvait arriver à quelque chose, c’était bien une guerre d’homme à homme ou l’avantage devait rester au mieux trempé, et il nous est resté en effet sur la Marne.… Mais aujourd’hui le courage n’est plus de mise : c’est le stoïcisme qui l'a remplacé. Il s’agit simplement d’attendre que son heure vienne : c’est la matière déchaînée contre l’homme et le vrai courage ne consiste plus qu’à savoir se résigner et garder confiance même dans les moments les plus durs, même dans les situations les plus pénibles et les plus angoissantes. Comment se peut-il que sous un tel déluge de fer et de feu il reste un seul homme vivant et comment se peut-il que dans le cœur de ces hommes il reste encore cette foi dans le succès qui donnera la victoire ! »
Il est promu capitaine à titre temporaire le 27 juillet 1917, puis est affecté à l’état-major de la IIème armée le 20 novembre 1917 jusqu’en juillet 1918. Comme il l’écrit dans ses Carnets, c’est avec joie qu’il retrouve ses hommes et le terrain, il est heureux « d’avoir quitté les paperasses de l’Etat-Major juste à temps pour pouvoir venir reprendre mon poste de combat ! ».
Ses carnets montrent une foi profonde. Jean s’en remet souvent à Dieu.
En décembre 1917, Il a été promu capitaine à titre définitif. Le 17 août 1918, il est affecté au 408ème régiment d’infanterie qui combat dans les Ardennes. Le 5 octobre 1918, Jean Vercken est aux environs de Marvaux, petite commune des Ardennes. Le soir, il couche encore dans son carnet ses émotions :
«… quelle tristesse que de laisser ainsi à chaque étape tous ses bons et braves camarades ! Que de sang arrose la route qui nous mènera à la Victoire définitive et combien d’entre nous devront encore la jalonner ? Je revois par la pensée notre table de Beaux Saint-Rémy autour de laquelle se réunissaient tous les officiers du bataillon il y a tout juste une semaine : plus de la moitié manque aujourd’hui à l’appel ! »
Le 14 octobre 1918, le régiment stationne à l’est de Sainte-Marie près de Vouziers. Après le déjeuner, le capitaine Vercken rejoint sa compagnie qui bivouaque à quelques centaines de mètres du commandement. La matinée a été marquée par des bombardements d’obus incessants. Ceux-ci se sont arrêtés et Jean discute tranquillement avec son adjudant lorsqu’un obus isolé éclate tout près de lui. Il est mortellement atteint et meurt dans les minutes qui suivent sans reprendre connaissance.
Ses hommes fabriquent un cercueil de fortune et les derniers honneurs lui sont rendus dans le petit cimetière de Sainte-Marie avant que le régiment quitte, sur ordre de l’état-major, l’emplacement qu’il occupait. Le corps de Jean Vercken y demeurera jusqu’en 1934, date à laquelle sa dépouille sera transférée au cimetière militaire d’Orfeuil.
Son épouse, Marie, ne lui survivra que peu. Elle décèdera en 1926, laissant quatre orphelins, dont une petite fille née en 1918 qui n’a jamais connu son père.

Citations et décorations :

  • Cité à l'Ordre du 254e régiment d'Infanterie :
    « A pris part avec le Régiment à tous les combats du début de la campagne. A particulièrement fait preuve d'énergie et de mépris du danger, le 29 août 1914, au combat d'Urvilliers, en assurant la liaison avec le régiment voisin ; le 20 septembre 1914, en se tenant avec la section la plus exposée de la Compagnie qu'il commandait au pont de la Neuville où il a été très grièvement blessé. »
  • Cité à l'Ordre du C. A. (Groupement Mangin)
    « Officier brave et énergique. Le 12 septembre 1916, blessé légèrement, à la tête par une balle, n'est allé se faire panser qu après le combat et a rejoint son poste dès le lendemain. »
  • Chevalier de la Légion d'honneur et cité à l'Ordre de la IVe Armée (Journal Officiel, 13 juin 1919) :
    « Pendant les combats des 2 et 3 octobre 1918, lors de l'offensive de Champagne, a fait preuve, comme commandant d'une compagnie de mitrailleuses, des plus belles qualités militaires. Plaçant lui-même ses sections sur un terrain balayé par les balles, a contribué, pour une large part, à la progression du Bataillon, puis à la conservation du terrain conquis, malgré les violentes contre-attaques allemandes.
    « A été mortellement frappé au moment où il s'occupait de porter sa Compagnie en dehors d'un village violemment bombardé. »
  • Cité avec sa section. — La 3e section de la 2e C. M. du 104e régiment d'Infanterie a été citée en ces termes devant Verdun :
    « Lors de l'attaque du 12 septembre 1916, bien qu'ayant perdu la moitié de son effectif, a repoussé, tant avec ses pièces qu'avec ses mousquetons et même à coups de grenades, une contre-attaque ennemie qui tentait d'aborder nos lignes. »
  • Cité à l'Ordre 283 du 9e C. A., le 7 novembre 1918, avec le 408e régiment d'Infanterie :
    « Régiment plein d'allant, au moral toujours élevé. Sous le commandement du colonel Morand a conquis de haute lutte, une position importante âprement défendue, capturant 200 hommes, 60 mitrailleuses, 3 canons, du matériel de guerre et, malgré les fatigues d'une longue période de combats, a vigoureusement appuyé la poursuite, sur 20 kilomètres, d'un ennemi battu et en retraite. »

vercken plaque commémorative

  • Portrait de Jean Léon Fernand René Vercken
  • Livre d’or du barreau de Paris
  • Extrait du livre Jean Vercken de Vreuschmen, Imprimerie Jean Meyer, 1920 - Coll. Ordre des avocats de Paris
  • Lettre de René Vercken au bâtonnier du 26 octobre 1918
  • Lettre de René Vercken au bâtonnier du 31 mai 1919
  • Lettre de René Vercken au bâtonnier du 15 juin 1919
 
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