Avocats morts pour la France

Gaston Henri Blin naît à Paris (1er arrondissement) le 26 juin 1890 de Lucien Blin originaire de l’Yonne et de Virginie Rose née Thuillier. Il est le quatrième enfant et dernier de la fratrie. De ses jeunes années, elles sont décrites heureuses par ses proches.

Il évolue dans une famille très patriotique et catholique. Comme son père, il fait très tôt, partie de la société de charité de Saint Vincent de Paul venant en aide aux plus défavorisés.

Gaston Blin comme tant d’autres à cette époque s’associe au culte de Jeanne d’Arc qui est si populaire à la fin du XIXe et le début du XXe. Avec ses camarades du Lycée Charlemagne, il propose la reconstitution de l’oriflamme de Jeanne d’Arc et d’en faire don à Notre-Dame de Paris. Ses sentiments patriotiques le portent à adhérer au groupement de l’Action Française dès ses années de lycée. Après son baccalauréat, dans la suite de son père et de celle de son frère Roger, son ainé de six années, il étudie à la faculté de droit de Paris d’où il sort licencié en droit en 1913.

Gaston Blin prête serment le 8 juillet 1913 et devient avocat comme son père pendant que son frère Roger a embrassé la profession d’avoué à la Cour d’Appel de Paris.

Quelques mois plus tard, en octobre 1913, Gaston Blin est incorporé comme cavalier dans le 29e Régiment de Dragons et demande la suspension de deux années de son stage.

Au moment de la mobilisation en août 1914, Gaston Blin est maréchal des logis au 29e Régiment de Dragons et part dès le 5 août pour la Belgique. Il participe à la campagne de Belgique et du Nord de la France.

En novembre 1914, le 29e Régiment de Dragons se réforme pour fournir d’importants éléments à pied pour le combat. Gaston Blin à sa demande fait partie de ces premiers cavaliers à pied et reçoit le grade d’aspirant en décembre 1914.

Au printemps 1915, le 29e Régiment de Dragons concourt au services des tranchées. Gaston Blin, affecté à l’escadron à pied, ne va plus quitter les tranchées jusqu’à ce qu’il tombe mortellement le 29 septembre près de la Ferme de Navarin près de Souains dans l’offensive de la Marne. 

Le Général Wimpfen, le colonel du 29e Régiment de Dragons de l’époque décrit ce 29 septembre 1915 : « Tous les escadrons à pied de la 5e division de cavalerie sous les ordres du lieutenant-colonel de Trémond, ont été jetés dans une percée que l’on croyait décisive, à quelques kilomètres à l’ouest de la ferme Navarin. Tous ces braves gens sont lancés dans la fournaise avec leur ardeur de cavaliers. Pris sous un terrible barrage d’artillerie, ils ont tourbillonné sous les obus, voulant à tout prix remplir leur mission. J’ai perdu là quatre des officiers de mon escadron à pied sur les six comptant à l’effectif. Blin est tombé avec eux… ». C’est une hécatombe ! Le terrain sur lequel se sont lancés les hommes était recouvert de fils de fer barbelé, ceux qui tombent sous les obus ne pouvaient se relever, les corps sont pulvérisés.

L’aspirant Gaston Blin âgé de 25 ans, est tué le 29 septembre 1915. Il avait été pris pour cible par une mitrailleuse ennemie qui le poursuivit jusqu'à ce qu'il soit tombé. Sa dépouille n’a pas été retrouvée.

« Je m’efforce de refouler mes larmes. Que la volonté de Dieu soit faite et puisse cette mort servir à la rédemption et à la victoire de la France ! » écrit son père au bâtonnier. Il poursuit : « Puisse-t-elle être aussi la rançon de la vie de mes deux autres fils » sans savoir que Roger, son second fils, succomberait des suites de son intoxication à l’ypérite (gaz moutarde) sur le champ de bataille en décembre 1922.