MARY Pierre (1887-1917)

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Mary photo Mary lettre batonnier 20 nov 1914Mary citation

 

Pierre Mary est né sur les rives sud de la Méditerranée. Il a vu le jour dans la Ville Blanche, Alger, la ville qui berce la nostalgie de tous ceux qui l’ont connue. C’était le 4 octobre 1887. Le site Geneanet indique que son père est officier artilleur. Son confrère Louis Paul-François, qui écrivit sa notice biographique dans le Livre d’or des anciens secrétaires de la Conférence, évoque l’exploitation agricole de son père, dans laquelle il « coule une enfance libre et turbulente, sous le soleil, parmi les vignes et les blés ».
Le 2 septembre 1917, une lettre au bâtonnier de son cousin, René Fèvre, avocat au barreau de Paris comme Pierre, indiquera après la mort de celui-ci que le père de Pierre Mary demeure au Domaine de la Khadouma à Isserbourg, département d’Alger. Sa mère s’appelle Henriette Liebich.
Il fait sa scolarité au Lycée d’Alger, puis s’inscrit à la Faculté de Droit. Ses résultats sont si brillants que ses parents et ses professeurs l’incitent à rejoindre Paris pour déployer un tel talent. Avant de poursuivre sa carrière, il s’engage volontairement le 30 mai 1906 à la mairie d’Alger au titre du 1er régiment de Zouaves. Il est libéré de ses obligations et affecté à la réserve le 30 avril 1907, un certificat de bonne conduite en poche. Il est admis au serment d’avocat le 18 juillet 1911. Son confrère Paul-François, toujours lui, raconte qu’il s’attaque aussitôt à l’agrégation et collabore au Sirey et au JurisClasseur. Il écrit une monographie sur l’influence de la conversion religieuse sur la condition des personnes en Algérie.
En 1912, il se présente au concours de la Conférence. Le 30 mai 1912, il écrit au bâtonnier pour l’informer qu’il n’entend pas « user des droits que confère admissibilité à la « Conférence des Avocats ». Il ajoute : « Il me suffit pour l’instant que la grande bienveillance de mes juges m’ont accordé cet honneur que je n’osais pas espérer. » Il est élu Secrétaire de la conférence l’année suivante, promotion 1913-1914. Commis d’office, il reçoit la convocation tardivement. Le 9 octobre (1913), il écrit au bâtonnier : « J’ai reçu cet après-midi l’avis d’une commission d’office aux termes duquel j’aurais du être aujourd’hui 9 octobre, dans le cabinet de M. le juge d’instruction Boucher. Adressé à mon domicile à Paris, il m’est parvenu en Algérie où je suis retenu auprès de ma famille (…) Je me fais un devoir impérieux de vous prier de m’en excuser et je le fais avec d’autant plus d’insistance, monsieur le Bâtonnier, que si j’avais été pleinement respectueux de nos règlements et que si je m’étais trouvé à Paris dès le début du mois, j’aurais évité ce très facheux contretemps. » Dans une prose qui révèle une grande sureté en soi, Pierre Mary explique qu’il a du prolonger son séjour pour assister son père auprès du Tribunal d’Alger dans un procès « où risque de sombrer une grande partie de nos biens. »
En janvier 1914, du fait de son changement de résidence, son affectation dans la réserve est dans le 4ème régiment de Zouaves. C’est ce corps qu’il rejoint lors de la mobilisation générale du 2 août 1914. Il raconte lui-même son parcours dans une lettre au bâtonnier du 20 novembre 1914 : « Dois-je m’excuser de vous écrire sur ce chiffon de papier ? Autant voudrait vous dire que je suis soldat et que je n’ai pas tout ce que je désire. Si j’osais, je vous dirais même que je n’ai presque rien de ce que je désire. (…) J’ai vécu des heures poignantes durant la retraite de Charleroi, mais j’ai participé à la bataille de la Marne et à celle de l’Aisne et c’est ma consolation. J’ai reculé devant ces Bandits, mais ils ont fui devant moi… quand ils auront fui un peu plus loin, nous serons quittes. » Pierre est alors soigné à l’arrière, à Rennes. Il a déjà été blessé par un éclat d’obus dans le bras gauche le 26 septembre 1914 au Bois Foulon, près de Vassogne, au sud du Chemin des Dames. Le 7 novembre, c’est une balle qu’il a reçu dans le mollet gauche à Zonnebecke en Belgique.
On sent qu’il a mûri, qu’il est moins tourné vers lui. Il se désole de la mort d’André Blachère, un confrère, un camarade de promotion, mais surtout un ami qu’il « pleure du meilleur, du plus profond de lui-même ». Il conclut : « Mon Dieu ! Comme tout à coup, j’entrevois des places vides, dans notre grand et beau Palais !.... ». Ce n’est que le début de la guerre.
L’année 1915, le 4ème Zouaves reste au nord, en Belgique, entre Ypres et l’Yser. Il est engagé dans la bataille du canal de l’Yperlée. Le 14 février 1915, Pierre est promu sergent.
En 1916, le régiment est amené près de Verdun, il défendra Douaumont. Pierre est nommé sous-lieutenant le 17 avril 1916. Du 4 juillet au 12 décembre, il est affecté temporairement au 1er régiment de marche des Zouaves.
En 1917, le 4ème Zouaves rejoint l’Aisne. Il va être engagé dans l’offensive française pour dégager Reims et rompre le front allemand. Parmi les objectifs de la IVe Armée, reprendre le Mont Cornillet. Les Zouaves doivent escalader les pentes et se porter aux entrées des tunnels que les Allemands ont creusés. L’attaque est fixée au 20 mai. Le 20 mai 1917, Pierre Mary qui ravitaille en munitions les premières lignes est tué dans l’explosion de son convoi heurté par un obus allemand. L’explosion souffle tout sur son passage et le corps de Pierre ne sera pas retrouvé. Il est enterré dans la Champagne Pouilleuse, terre martyrisée, linceul de centaines de milliers de soldats, français ou allemands, morts dans ce grand massacre.

Citations et décorations :

  • Cité à l’Ordre du 10e Corps d’Armée :

« Officier de haute valeur, calme, réfléchi, d’une bravoure brillante. Etait estimé de ses chefs, de ses camarades, de ses hommes ; remplissait son devoir avec un dévouement tout à fait digne d’éloges. Tué le 20 mai 1917 au cours de l’attaque du Mont Cornillet, en assurant sous un tir violent, le ravitaillement en munitions des unités de première ligne. »

  • Chevalier de la Légion d’honneur.
  • Lettre de Pierre Mary au bâtonnier du 30 mai 1912.(citée)
  • Lettre de Pierre Mary au bâtonnier du 9 octobre 1913. (citée)
  • Lettre de Pierre Mary au bâtonnier du 20 novembre 1914.
  • Lettre de René Fèvre au bâtonnier du 2 septembre 1917. (citée)
  • Notice de M. Paul François, Hommage aux Morts de la Guerre. Association amicale des Secrétaires et anciens Secrétaires de la Conférence des Avocats (1929).
 
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