CAUVIÈRE Henri (1887-1916)

avocats

Cauviere photo
Cauvière Carte au Bâtonnier 
 Cauvière Lettre au Bâtonnier - février 1916
Cauvière Lettre au Bâtonnier - mai1916 
Cauvière Lettre de sa mère au Bâtonnier 
Cauvière nécropole
Bien qu’il ait vécu toute sa courte vie à Paris, c’est l’amour de son père pour sa chère Provence qui fait naitre Henri Cauvière à Biot, dans les Alpes-Maritimes, le 27 août 1887. Le père d’Henri, Jules Cauvière, est déjà professeur à l’Institut Catholique de Paris. Sa mère, Jeanne Maglione, est sans profession. La famille est domiciliée 16, rue de Fleurus, dans le 6ème arrondissement. Il a une sœur aînée, Joséphine née en 1883.
L’ombre du père est immense. Jules Cauvière a été avocat en 1867 à Marseille, où il est né, puis il a poursuivi ses études et obtenu un doctorat en droit. L’agrégation le tente et il la prépare, mais il devient magistrat au poste de Procureur de la République à Forcalquier. Ses écrits attirent l’attention et lui valent une proposition d’enseignement à l’Institut Catholique de Paris en 1977. Il intègre l’institution qu’il ne quittera qu’à sa mort, en janvier 1912. Il laisse une œuvre importante et riche de jurisconsulte catholique engagé et d’amoureux de la littérature et de la Provence, encore accessible aujourd’hui.
Henri montre les mêmes dispositions que son père pour le droit et l’engagement politique. Il fait ses études à l’Institut Catholique – où son père enseigne, et obtient d’abord un doctorat en droit en 1907, puis une licence d’histoire en 1908. En 1906, il devient secrétaire de l’Association des élèves. Son caractère joyeux est remarqué dans le Bulletin de l’Institut qui note, qu’après les élections du bureau de l’association, une « soirée récréative » « franchement gaie et admirablement réussie » fut organisée « grâce au secrétaire qui avait su annoncer la séance en style attrayant ».
Henri est inscrit au tableau du stage le 25 novembre 1908. Il s’investit également dans la Conférence Olivaint. A l’époque, elle réunit des jeunes gens de bonne famille catholiques très conservateurs et imprégnés de nationalisme. Lorsque certaines conférences évoquent l’Allemagne, elles exaltent le désir de revanche, l’ennemi est l’Allemand et la perspective du conflit est envisagée avec sérieux. En cette période d’anglomanie, Henri écrit parfois son nom avec un y, Henry. Il signe ainsi ses articles dans Les Annales de la Jeunesse Catholique. Il est vice-Président de la Conférence Olivaint de 1907 à 1909. Il en devient Président pour l’année scolaire 1909-1910. C’est sans doute lui qui inaugura, en 1909, les « soirées joyeuses », c’est-à-dire les conférences du mercredi suivies d’un punch pour pallier l’absentéisme et le manque d’enthousiasme des participants. Comme il l’écrit dans son discours de clôture de la séance solennelle de 1910 : « A présent, quand on prévoit qu’une conférence ne donnera pas lieu à de longs débats, soit parce que l’auteur est réputé d’idées indiscutables, soit parce que le sujet choisi défie toute controverse, au moment où la pendule sonne dix coups, on annonce «l’heure du punch fumant et des livres fermés ».
A compter du 22 novembre 1911, Henri suspend l’exécution de son stage d’avocat pendant un an pour travailler chez un avoué, Maitre Martin. La notice biographique qui lui est consacrée dans le Livre d’Or des anciens élèves et professeurs de l’Institut Catholique de Paris mentionne qu’il prévoyait de passer le concours de l’agrégation, pour suivre peut-être les traces de son père.
En août 1914, il est affecté au 117ème régiment d’infanterie avec le grade de lieutenant. Le régiment, basé au Mans, quitte aussitôt la ville pour débarquer en Woëvre.
Le 21 août, il est en Belgique et immédiatement confronté au feu. Le comportement des soldats va être héroïque, ils sont de tous les combats, Virton près de Charleroi, puis Montigny, où l’ordre de retraite les a menés et où ils vont résister pied à pied à l’avancée allemande, se faisant littéralement tuer sur place plutôt que lâcher un pouce de terrain. Le 24 septembre 1914, le régiment est engagé dans la bataille de Roye après une marche exténuante. Puis il doit lutter contre des forces ennemies en surnombre à Liancourt, puis encore Andéchy où les mitrailleuses boches ont raison du courage et de l’audace des hommes.
Le 4 octobre, Henri Cauvière est grièvement blessé, il a été touché par six éclats de shrapnell. Son comportement courageux lui vaut une première citation. Il est évacué vers un hôpital où le bâtonnier Henri Robert va lui rendre visite. Henri l’en remerciera tardivement par une carte du 28 mai 1915, mais n’oubliera pas de lui adresser le texte de la citation qu’il a obtenu pour ces faits d’armes le 9 février 1916.
Rétabli, il est déclaré inapte, car deux balles n’ont pu être extraites de son bras, et nommé capitaine instructeur des territoriaux. Cette situation est insupportable pour Henri, patriote convaincu qui veut participer à la revanche de 1870, dont lui et ses camarades de la Conférence Olivaint rêvaient. Il fait des démarches pour être envoyé au front, convainc et rejoint, en mars 2015, le 153ème régiment d’infanterie qui va participer aux combats meurtriers de Neuville-Saint-Vaast. 35 officiers et 2000 hommes du 153ème vont tomber dans cette bataille de quelques jours.
Puis c’est le Labyrinthe. Les Allemands ont creusé un labyrinthe de tranchées, toutes fortement défendues par des fils barbelés, des piquets et des grillages. « C’était un véritable enfer, d’où les cadavres sortaient à chaque pas, comme pour vous appeler à leur tenir compagnie. », écrit-il dans une lettre citée dans la notice biographie du Livre d’Or des anciens élèves et professeurs de l’Institut Catholique de Paris. On a confié une compagnie à Henri et celle-ci subit des pertes importantes par le seul fait des bombardements d’obus. Il est très affecté par la disparition de ses hommes. Après quelques jours de repos, le régiment est envoyé en Champagne. En première ligne. Le 25 septembre 1915, il est de nouveau blessé et évacué vers l’hôpital du Creusot. La résistance qu’il a conduite face à la contre-attaque allemande lui vaut une nouvelle citation. Et il est promu au grade de capitaine.
Le 8 décembre 1915, Henri retourne au front. Il prend le commandement de la 6ème compagnie du 74ème régiment d’infanterie. Celui-ci est dans la Somme au début de l’année 16, mais il est transporté en Lorraine. Le commandement français sent qu’une action d’envergure se prépare. Les troupes, même de réserve, sont appelées au front. Elles vont devoir affronter l’offensive allemande du 21 février 1916, dans laquelle l’ennemi engage presque toutes ses forces pour remporter une victoire significative qui mettra fin à la guerre. La bataille de Verdun commence. Henri Cauvière est devant Douaumont, vieux fort sans valeur mais d’une importance stratégique – il menace Verdun- et surtout symbolique énorme. Et les Allemands veulent Verdun. Alors que l’avancée allemande semble inexorable, au prix d’un courage héroïque et de sacrifices énormes, les soldats français, écrasés par les obus, tiennent, l’armée ennemie se brise sur la ligne qu’ils forment, même si celle-ci a été enfoncée. Du 3 au 6 avril 1916, Henri Cauvière, qui est au cœur de la bataille avec sa compagnie, contribue à la reprise du bois de la Caillette. Une nouvelle citation à l’Ordre de l’Armée le récompense et accompagne sa Légion d’honneur. Derechef, « au mépris de toute modestie », il en informe le bâtonnier Robert dans une lettre de mai 1916.
Le 22 mai, ordre est donné aux troupes françaises de reprendre Douaumont. Les journées précédentes, la lutte d’artillerie entre les deux armées n’a eu de cesse. Le pilonnage, d’un côté comme de l’autre, est sans fin. Chacun doit s’avancer, la poitrine nue, la chair exposée, aux mitrailleuses allemandes en parcourant plusieurs centaines de mètres de terrain découvert. Henri est là. Après sa blessure d’avril, il a bénéficié d’une permission et aurait pu prendre prétexte de l’opération nécessaire pour ôter les deux éclats de shrapnell qui handicapent son bras pour se reposer. Mais il a choisi de ne pas se dérober, de partager le sort de ses frères d’armes qui vont attaquer le fort de Douaumont. En fin de matinée, à l’heure H, il s’élance. Une balle le fauche et il tombe dans une tranchée ennemie.
Son corps repose dans le cimetière de Fleury devant Douaumont, au sein de la Nécropole de Douaumont, sépulture n° 208.

Citations et décorations :

  • Cité à l’Ordre 79 de la 39ème Division :

    « A conduit brillamment sa compagnie à l’attaque du 25 septembre, a réussi, par son attitude énergique, à arrêter un recul de la ligne provoqué par une contre-attaque ennemie, blessé à la tête de la compagnie. »

  • Cité le 21 juin 1916 à l’Ordre de la 8ème Division :

    « Mobilisé avec le 117è, a pris part avec ce régiment aux combats de Virton, de Lamorteau, de Montigny, de Caisne, de Liaucourt et d’Audéchy où il a montré de belles qualités militaires, a été blessé grièvement à Audéchy, le 4 octobre 1914. »

  • Chevalier de la Légion d’honneur et cité à l’Ordre de l’Armée le 28 avril 1916 :

    « Officier de valeur qui a su faire de sa compagnie une excellente unité. Pendant les attaques du 3 au 6 avril 1916, a fait preuve des plus grandes qualités militaires en enlevant plusieurs éléments des tranchées ennemies. A réussi à établir une barricade de quelques mètres d’un fortin allemand garni de mitrailleuses et s’y est maintenu pendant trois jours et trois nuits. Déjà cité deux fois à l’Ordre. »

  • Cité à l’Ordre de l’Armée :

    « Officier d’une bravoure et d’un entrain remarquable, a été tué le 22 mai 1916, à la tête de sa compagnie qu’il conduisait à l’assaut des tranchées allemandes puissamment organisées. »

  • Portrait d’Henri Marie Roger Cauvière

  • Carte d’Henri Cauvière au Bâtonnier (28 mai 1915)

  • Lettre d’Henri Cauvière au Bâtonnier (9 février 1916)

  • Lettre d’Henri Cauvière au Bâtonnier (mai 1916)

  • Lettre de Madame Cauvière mère au Bâtonnier (7 mars 1917)

 
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