Georges Jary est né le 30 juillet 1882 à Paris dans le 9e arrondissement, dans des circonstances particulières. En effet, c’est son père, Gustave Jary, alors âgé de 49 ans, qui le déclare seul à l’état civil, sa mère restant « non dénommée ». Il s’agit en fait de Marie-Louise Besnard que Gustave épousera quelques années plus tard, après qu’elle eut divorcé de son premier mari. Grâce à la loi du 7 novembre 1907, leur couple pourra enfin légitimer pleinement leur fils Georges, en 1908. Entre temps, en juillet 1889, un second garçon, Jacques, sera venu agrandir la famille, qui réside au Vésinet.
Au moment de remplir ses obligations militaires, en 1903, Georges fait des études à Londres. On sait qu’il sera diplômé de Sciences politiques et fera ses études de droit à Paris, où il obtiendra sa licence en 1909.
Il est inscrit au Stage le 21 juin 1911.
C’est cette même année qu’il publie « Les intérêts de la France au Maroc », fruit d’un voyage dans ce pays qu’il sillonna avec bonheur. En 1913, il confirme son intérêt pour le Maroc et ses mutations avec son ouvrage sur « Les derniers Berbères ». Plusieurs articles paraîtront sur ce sujet dans le journal La Renaissance dont son frère Jacques est le secrétaire général, lui-même auteur d’un essai alors remarqué sur « L’art et la psychologie de Maurice Barrès ».
Aucun portrait de Georges Jary. On peut seulement imaginer, grâce à son registre matricule, un homme de taille moyenne, au regard gris clair sous des cheveux châtains. Mais l’on a bien compris qu’il s’agit d’un homme intelligent, cultivé et curieux. Un homme courageux aussi.
Lorsque la guerre éclate, il rejoint son régiment, le 39e RI, le 11 août, comme simple soldat de 2e classe. En décembre 1915, sa montée en grade est fulgurante : il devient successivement en l’espace d’un mois, caporal, sergent puis aspirant. En 1916, il est nommé sous-lieutenant et affecté au 403e RI.
« Officier d’une haute valeur morale », « bravoure admirable », « indomptable énergie », Georges Jary, jusqu’à ses derniers instants, fut exemplaire.
En août 1917, le 403e est au cœur des combats du Chemin des dames. Positionné dans le secteur d’Hurtebise, il a pour mission de tenter une nouvelle attaque au Monument (Monument à la mémoire des « Marie-Louise » de 1814) et au Doigt d’Hurtebise.
Depuis l’offensive d’avril, Français et Allemands s’affrontent pour la possession du secteur Y : Monument et caverne du Dragon, ancienne carrière dont l’ennemi avait fait une forteresse servant d’abri à un millier d’hommes, avec dortoirs, dépôt de vivres et munitions, infirmerie et groupe électrogène. La caverne fut prise en juin et les Français s’y installèrent à leur tour. Pendant 2 mois, les combats seront acharnés et incessants dans ce secteur.
Le 21 août, la section du sous-lieutenant Jary occupe la tranchée du Monument et repousse une attaque allemande. Le 22, les coups de main se poursuivent pour la possession des tranchées et sont encore repoussées. Mais Georges Jary est grièvement blessé et transporté à l’Ambulance 13/17 de Courville oú il décède le lendemain, après avoir reçu la Légion d’honneur des mains du Général de Division.
C’est son ami et confrère parisien
Charles Fillion qui préviendra le Bâtonnier dès le 25 août. Il se trouvait dans le même Bataillon et à quelques mètres de lui lorsqu’il fut mortellement blessé :
« Il a été admirable pendant ses derniers moments en donnant à ses sous-officiers et ses hommes tous les ordres nécessaires pour repousser l’ennemi. Il a fait l’admiration de tous … / … Nous pouvons être fiers de notre confrère ! ».
« En 1ère ligne dans un secteur terrible » selon ses propres mots, Charles Fillion sera tué à Hurtebise quelques jours plus tard, le 31 août.
Georges Jary était célibataire et ses parents étaient décédés au moment de sa mort. Son frère Jacques, survécut au conflit. Réformé en 1911 pour tuberculose, il partit comme engagé volontaire en 1914 et fut versé dans les services auxiliaires ; il fut déclaré définitivement inapte à la zone des armées en 1917 pour « bronchite suspecte ». Il décèdera le 24 août 1952.
Georges Jary est inhumé à Bligny, à la Nécropole nationale « La Croix-Ferlin» (tombe 1852).
Frédérique Lubeigt.
Citations et décorations :
- Cité à l’ordre de la division n°194 en date du 4 mai 1917
« Officier d’une haute valeur morale. S’est dépensé sans compter dans l’organisation d’un secteur particulièrement dangereux. Par son sang-froid et son exemple, a arrêté net une violente attaque allemande et s’est porté ensuite avec ses grenadiers au secours de la compagnie voisine »
- Croix de guerre avec étoile d’argent
- Chevalier de Légion d’honneur
« Officier de grande valeur, d’une bravoure admirable. Chargé de garder un saillant constamment bombardé et attaqué sans trêve, a maintenu intacte sa position, repoussant les attaques, communiquant à sa troupe l’indomptable énergie qui l’animait. Blessé très grièvement, le 23 août 1917, au cours de cette héroïque résistance. A déjà été cité. »