Avocats morts pour la France
Victor Jolibois nait le 14 mai 1886 dans le 8ème arrondissement de Paris, deux ans après son frère Pierre, qui deviendra membre de l’Académie des Sciences, professeur de Chimie à l’école nouvelle supérieure des Mines de Paris, Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de guerre 1914-1918 et qui épousera la petite-fille de l’historien et homme politique Victor Duruy.
Ils sont les fils de Charles Jolibois, membre du Conseil d'Etat, et de Marguerite Walker. Charles Jolibois décèdera en mai 1914, sans connaître le chagrin de la perte d’un fils.
Ils ont pour grand-père Eugène Jolibois, avocat général et député bonapartiste. Le Prince Victor-Napoléon fut le parrain de Victor.
Licencié ès lettres, docteur en droit, Victor Jolibois est admis au stage le 25 octobre 1910.
Il devient le secrétaire de Jean Cruppi, magistrat, avocat général à la Cour de cassation en 1896. Il a « séduit » ce dernier avec sa thèse de doctorat : « La réforme des référés sur placets et le projet Cruppi ».
Il est heureux, ambitieux, il aime sa profession, et l’exerce avec enthousiasme. Comme le souligne Jean Cruppi dans son éloge : « Il veut devenir un grand avocat ».
Cela est dit avec l’admiration quasi paternelle du maître pour son élève.
En 1913, il tente le concours de la Conférence du Stage et est admis 9ème Secrétaire de la promotion 1914-1915 sous le bâtonnat de Maître Henri Robert.
Parallèlement il accomplit ses périodes d’instruction militaire.
A la mobilisation, il est lieutenant de réserve. Il arrive au corps le 3 août au 135e RI. Il est promu capitaine dès novembre 1914. Début 1916, il est au 335e RI dans l’est de la France. C’est à Atton, près de Pont-à-Mousson, que Jean Cruppi le rejoint pour partager quelques heures avec lui :
« Pli de tristesse au coin des lèvres, gravité et pâleur de ceux qui demeurent vivants aux cercles de l’enfer. »
Fin février, le 335e quitte la Lorraine pour Verdun. Victor Jolibois est nommé capitaine adjudant major et loge au Fort de Souville : « Nous sommes très chaudement bombardés. Quand finira cette gigantesque bataille ? Nous sommes accablés de fatigue, rompus par les efforts physiques et par l’usure nerveuse causée par le canon ».
Il passe au 277e RI fin mars 1916 pour prendre le commandement du 6e Bataillon. Le chef de Bataillon vient d’être blessé et évacué.
En août 1916, il est blessé à la jambe au cours d’une ronde de nuit, évacué, mais revient alors qu’il est encore en convalescence. Il ne veut pas rester éloigner de ses hommes.
Il restera de longs mois à Verdun où son courage et son dévouement lui vaudront une belle citation.
Noël 1917, Victor écrit à sa mère, révélant un instant sa tristesse et sa lassitude :
« Je voudrais également que 1918 en ramenant la paix me permette de cesser la vie errante, de reprendre mes occupations du palais, de me marier et, par le travail dans le calme recouvré, de réparer les blessures que la guerre a faites à notre famille »
En avril 1918, il passe au 325e RI après une action de bravoure sous le feu des mitrailleuses ennemies, comme agent de liaison. Il est promu chef de bataillon. Il retrouve son enthousiasme et voit la Victoire toute proche.
Début août, il vient en permission à Paris. Il dit à sa mère : « Je veux être marié quelques jours après l’armistice ; veille à cela en m’attendant. »
Le 28 août 1918, il est tué à la tête de son bataillon, à l’assaut de Chavigny, en franchissant une tranchée et se montrant à découvert.
Son empressement à se marier laisse à penser qu'une jeune veuve blanche l'a pleuré aux cotés de sa mère et son frère Pierre.
Il repose au cimetière du Père Lachaise dans la 82e division, dans le caveau familial.
Michèle Brault.
Citations et décorations :
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Citation à l'ordre de la 118 e brigade, le 21 décembre 1916 :
Jolibois Victor capitaine adjudant Major au 277ème régiment d'infanterie. Sur le front depuis le début, a commandé un bataillon dans les opérations autour de Verdun. Blessé en service commandé, est venu reprendre son commandement incomplètement guéri.
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Citation à l'ordre 225 de l'armée, le 14 mai 1918 :
Jolibois Victor capitaine adjudant Major, sixième bataillon du 277ème régiment d'infanterie. Officier d’une bravoure extrême obtenue par la volonté et le sentiment du devoir. Pendant l'attaque du 5 avril 1918, à traverser à deux reprises un terrain particulièrement battu par les mitrailleuses ennemie, assurant ainsi la liaison entre les premières vagues et les unités de soutien. Au front depuis le début de la campagne. Signé Mangin
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Citation à l’ordre de l’armée, en octobre 1918 :
Officier supérieur de haute valeur. A montré, au cours de l’attaque du 28 août, les plus belles qualités militaires. Est tombé mortellement frappé en portant son bataillon à l’assaut du village de Chavigny
- Portrait de Victor Napoléon Jolibois
- Lettre au Bâtonnier du 6 septembre1916
- Lettre au Bâtonnier du 31 décembre 1916
- Lettre au Bâtonnier du 29 mai 1918
- Allocution du capitaine Cuny, le 2 octobre 1918, à la Ferme de Valpriez
- Eglise St Augustin, plaque commémorative
- Mémoire des Hommes : Victor Napoléon Jolibois
- Archives de Paris – Registres matricules / classe 1906, n° 176, 6e bureau
- MémorialGenweb : Victor Jolibois
- Atton, site de la Mairie : Atton pendant la grande Guerre
- Gallica
Nécrologie : Le Temps, 6 septembre 1918
Citations et décorations :
- Cité à l’ordre de la division n°194 en date du 4 mai 1917
« Officier d’une haute valeur morale. S’est dépensé sans compter dans l’organisation d’un secteur particulièrement dangereux. Par son sang-froid et son exemple, a arrêté net une violente attaque allemande et s’est porté ensuite avec ses grenadiers au secours de la compagnie voisine » - Croix de guerre avec étoile d’argent
- Chevalier de Légion d’honneur
« Officier de grande valeur, d’une bravoure admirable. Chargé de garder un saillant constamment bombardé et attaqué sans trêve, a maintenu intacte sa position, repoussant les attaques, communiquant à sa troupe l’indomptable énergie qui l’animait. Blessé très grièvement, le 23 août 1917, au cours de cette héroïque résistance. A déjà été cité. »
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Lettre de Charles Fillion au Bâtonnier (25 août 1917)
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Nécrologie, La Renaissance Politique Economique Littéraire et Artistique, 15 septembre 1917
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Mémoire des hommes :
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Archives de Paris Etat civil :
Naissances 1882, 9e arrdt, n° de l’acte : 1452
Décès 1917, 6e arrdt, n° de l’acte : 272
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Base Léonore (Légion d’honneur) : Georges André Jary
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Archives départementales des Yvelines Registre matricule : Georges André Jary
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Archives départementales des Yvelines Registre matricule : Jacques Jary
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Frontdechampagne (blog personnel) : Nécropole nationale « La Croix-Ferlin»
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Genealogie-aisne.com : Les combats de la caverne du dragon en 1917
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Dictionnaireduchemindesdames.blogspot.fr : H comme Hurtebise (monument)
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Gallica :
Les annales coloniales 1er février 1912, A travers les livres, Georges Jary, Les intérêts de la France au Maroc