SALVA Pierre (1875-1915)

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Salva Carte annonçant son décès au Bâtonnier  Salva lettre batonnier octobre
 
Pierre Salva nait le 21 octobre 1875 à Cette (Sète - Hérault). Il est le fils d’Auguste Salva, ingénieur de 2ème classe des ponts et chaussées, Chevalier de la Légion d’honneur, et de Marie Drouot. Diplômé des Hautes Etudes Commerciales et licencié en droit, il est inscrit au Tableau le 24 décembre 1902.
Le 8 novembre 1909, Pierre Salva épouse Ernestine Amélie Antoinette Vidil (1886-1959) à la Mairie du 17ème arrondissement de Paris. Ils auront trois filles: Nicole qui naitra en 1910, Juliette en 1912 et Christiane en 1914.
A la mobilisation, Pierre Salva intègre le 353ème Régiment d’infanterie au grade de lieutenant. D’après les notes trouvées dans son dossier, Pierre Salva aurait « rejoint le commandement d’une compagnie territoriale de la zone des Etapes. Il sollicite l’honneur de commander en première ligne et fut appelé à commander une compagnie d'un régiment de l’est».
Le 4 juillet 1915, il est blessé une première fois à l’attaque du Bois Le Prêtre. Il est cité à l’Ordre du Jour puis décoré .
Le 5 octobre 1915, remis de sa blessure, Pierre Salva écrira à son bâtonnier: « Mon cher Bâtonnier, d’abord permet moi de te présenter mes excuses pour mon silence. Ceci fait, en quelques mots voici ce qui m’est arrivé depuis le 10 mai époque où j’ai dans le Bois le Prêtre pris le commandement de la 10ème compagnie du 350ème régiment d’infanterie. Je suis resté dans la tranchée jusqu’au 25 juin époque où mon bataillon (le 5ème) a été envoyé au repos à Blenod les Ponts à Moussons à six kilomètres à peine des lignes. Il y avait dix jours que nous étions dans ces cantonnements quand le 4 juillet, ordre nous a été donné de monter au bois en renfort. Les Allemands avaient attaqué en grande force après un terrible bombardement. Parti en tête du bataillon, j’ai pu conduire ma compagnie sous le feu de l’artillerie sans éprouver de perte malgré l’intensité du feu. Arrivé au point du rassemblement indiqué pour le bataillon j’ai reçu l’ordre de porter ma compagnie aussi près que possible des Allemands et au besoin à un point appelé le gros Chêne. Cette tranchée était sans qu’on le sache encore aux mains des Allemands. J’ai pu conduire encore ma compagnie traverser le tir de barrage et la lancer à la baïonnette sur la tranchée du gros chêne qu’elle a enlevé, réorganiser et s’y installer assez solidement. Moi à cinquante mètres des boches, j’avais reçu un éclat d’obus en haut de la cuisse gauche. Delà cinq semaines d’hôpital, un mois de convalescence passé au milieu des miens avec ma femme et mes filles qui ont été le délice de ce bon repos. Retour au dépôt le 11 septembre. A Béziers j’ai reçu ma citation, ai été nommé Capitaine et la Croix de guerre m’a été remise le 23. Ma citation est ainsi motivée à l’ordre de la division. « Salva, Pierre, capitaine a été blessé en entraînant sa compagnie à l’attaque d’une position ennemie, Sous une vive fusillade et un bombardement intense ». Actuellement j’ai rejoint le front cette fois-ci au 153ème dont le secteur postal est le numéro 125. Excuse-moi encore de mon retard, de mon silence et crois bien en même temps qu’à mon respectueux attachement à l’assurance de mon complet dévouement ».
Comme le rappelle la note de son dossier retraçant cette période, « A peine guéri, il rentra au dépôt de son régiment où il fut promu capitaine et désigné pour diriger l’instruction des jeunes soldats. Mais les événements de Champagne venant faire de nombreuses pertes parmi les cadres de son régiment, Pierre Salva demanda à repartir au front, là où il se distingua au quotidien par sa bravoure, voire sa témérité, en allant chercher des blessés et des morts tombés entre les lignes, avec quelques volontaires. Ainsi le matin du 23 novembre 1915, il se trouve subitement dans le brouillard à petite distance d'une patrouille allemande qui lui cria de se rendre. Il répondit en commençant le feu avec son revolver. Il reçu aussitôt une balle dans le bras. Mais la patrouille ennemie avait disparu, il put avec ses hommes repasser par-dessus des fils de fer barbelés et tous allaient rentrer dans la Tranchée quand une mitrailleuse allemande commence un tir de fauchage dans la direction où avaient été entendu les coups. C’est alors qu’il fut atteint à l’épaule de la blessure qui devait être mortelle. Salva avait cette ardeur entrainante et cette gaîté qui captive le soldat. Il était très aimé de ses hommes. On dut leur cacher la gravité de la blessure de leur capitaine. Transporté dans un hôpital un peu en arrière, il y succomba bientôt et ses dernières paroles furent celles d'un soldat : « Je donne ma vie pour le salut de la France ».
Nous étions le 2 décembre 1915, à Vitry le François, dans la Marne, à l’Ambulance 4-22.
Son chef d’escadron A. Sorbier avertira le bâtonnier en ces termes : « A le regret de faire connaître à Monsieur le Bâtonnier que le Capitaine Salva, déjà précédemment cité à l‘ordre et décoré de la Croix de guerre est mort au champ d’honneur. Le Commandant repart à son poste et prie Monsieur le Bâtonnier de faire le nécessaire. Maitre Salva blessé déjà une fois ayant repassé par Paris mais n’avait peut être pas rendu tous ses dossiers ».
La vie au Palais continuait et les combats se poursuivront encore trois longues années…
Frédérique Lubeigt

Citations et décorations :

  • Cité à l’Ordre de la Division, le 25 juillet 1915 :

    « A été blessé en entraînant sa compagnie à la tête d’une position ennemie, sous une fusillade et un bombardement violent ».

  • Chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre avec palme, le 28 décembre 1915, à titre posthume.

    « Officier d’un zèle, d’un dévouement et d’un courage a toute épreuve. A trouvé la mort en partant seul en avant des tranchées pour exécuter une reconnaissance. Déjà cité à l’Ordre de la Division le 25 juillet 1915. Blessés le 23 novembre 1915. Mort le 2 décembre des suites de ses blessures ».

  • Portrait de Pierre Salva
  • Lettre au Bâtonnier du chef d'escadron A. Sorbier.
  • Lettre au Bâtonnier du 5 octobre 1915.
 
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