La famille Spach est une famille protestante alsacienne. Le nom de Spach est attaché à l’essor industriel de l’Alsace du XIXe siècle et plus particulièrement à celui du textile.
En 1835, Charles Spach crée la Maison Spach & Fils à Rothau, une retorderie de coton spécialisée dans la fabrication du fil à coudre et à broder à laquelle s’ajoutera celles de rubans et de lacets. Après la guerre de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand, certains membres de la famille Spach refusant la nationalité germanique quittent leur terre d’origine sans véritablement couper le cordon. C’est ainsi que Gustav Eduard Spach qui est installé à Paris en tant que négociant, épouse à Strasbourg, en 1878, Clémence Faigel de nationalité américaine de parents alsaciens. Ce mariage célébré le 29 novembre 1878 sur le territoire allemand est transcrit et traduit le 29 janvier 1879 devant l’officier de l’État civil du 1er arrondissement de Paris.
De cette union naît à Paris, le 27 octobre 1879, Gustave Spach puis suivront en 1882, un frère, Louis Spach et en 1885, une sœur Germaine Spach. Le nom de Gustave Spach gravé sur la plaque du Lycée Charlemagne laisse supposer qu’il y a fait une partie de sa scolarité dans ce lycée. Si Gustave Spach, veut devenir comme certains de ses aïeux, pasteur et étudie à la faculté de théologie protestante de Paris créée en 1877 par Jules Ferry par transfert de la faculté de théologie protestante de Strasbourg à Paris, c’est la robe d’avocat qu’il va choisir.
Après son service militaire au 131e Régiment d’Infanterie et sa promotion au grade de caporal, il obtient sa licence en droit le 21 juillet 1902 et prête serment le 29 octobre 1902. Son rapporteur est à sa demande expresse le Bâtonnier Ernest-Auguste-Louis Bourdillon qui prendra ses fonctions le 1er janvier 1903.
En parallèle de sa carrière d’avocat, il poursuit la préparation de sa thèse de doctorat publiée en 1906 L’enfance coupable en droit anglais qui marque son engagement d’avocat pénaliste dans la défense des plus fragiles et dans les questions sociales. Dans la logique de cet engagement, Gustave Spach est membre de la Société Générale des Prisons et de législation criminelle, association fondée en 1877 qui a pour objet de contribuer à l’amélioration du système pénitentiaire. En qualité de bibliothécaire et archiviste, il s’y investit sans relâche. En 1910, il est délégué par la Société Générale des Prisons au huitième congrès international des prisons qui se tient à Washington. Le rapport de cet important congrès rédigé par Gustave Spach fait l’objet de publication et de larges commentaires dans la presse de l’époque.
Durant plusieurs années, Gustave Spach rédige et contribue à de nombreux travaux autour du droit pénitentiaire et du droit pénal mais aussi sur d’autres sujets ayant trait à la santé des personnes. En 1907, il est récompensé par l’Académie des sciences morales et politiques un mémoire sur des propositions à apporter à la législation française sur les aliénés, mémoire qu’il rédige avec le docteur Marcel Viollet, médecin des asiles. Ses qualités de rédacteur et son goût pour la connaissance du droit, l’amènent en parallèle, à contribuer à la rédaction de la législation des sociétés par actions dans la
revue politique et parlementaire en 1909 aux côtés de Claude Léouzon Le Duc, ancien député boulangiste, dont il est le secrétaire en même temps que
Marcel Trinquesse et Pierre Meyer en 1914 au moment où la guerre éclate.
Lors de la mobilisation générale décrétée le 1er août 1914, le 2 août, Gustave Spach est rappelé à l’activité et rejoint la Station magasin des denrées de santé en tant qu’officier d’administration au service de santé du 5e corps d’armée, grade et fonction pour lesquelles en tant de paix, il avait fait son instruction et plusieurs périodes d’exercice à l’Hôpital Militaire Saint Martin à Paris. C’est au cours de ces périodes qu’il avait rencontré certains membres du corps médical et s’était alors plus particulièrement intéressé sur un plan législatif de la protection des aliénés.
Durant les quatre années de guerre, Gustave Spach va collaborer au service de santé militaire qui doit assumer de très nombreuses missions d’ordre chirurgicale, la prise en compte des armes chimiques, des maladies infectieuses et parasitaires, des pathologies psychiques pour organiser les soins outre la fourniture de matériel et médicaments, les vaccinations, l’hygiène allant de la propreté corporelle jusqu’à la désinfection des champs de bataille. C’est en tournée d’inspection qu’il a contracté, la tuberculose dont il avait été observé une recrudescence dès le début de la guerre.
Après son séjour à Nice où il a été évacué, il est de retour à Paris au début du mois de juin pour finir sa convalescence. « Il était revenu, on le croyait guéri, je l’avais vu ce jour-là » écrit Claude Léouzon Le Duc au Bâtonnier le 9 juin 1918. Pourtant le 5 juin 1918, Gustave Spach s’éteint dans la propriété familiale, à la ferme de Vaudemanche à Géraubot dans l’Aube où il est venu se reposer, son père est à son chevet.
« Il avait le goût de la connaissance du droit. On ne le consultait jamais inutilement. Très réservé, il se produisait peu. Il fallait aller à lui pour le connaître. C’était un homme excellent, au cœur généreux, d’un commerce sûr, l’un des plus délicats qu’il m’était donné de connaître dans la vie. » mots de Claude Léouzon Le Duc adressés au Bâtonnier.
Nous pouvons imaginer que ce sont ces mêmes mots que Claude Léouzon Le Duc aura adressé aux parents de Gustave pour adoucir leur irrémédiable perte qui s’ajoute à celle de leur gendre, Ralph Grether, tué à l’ennemi le 9 juillet 1916 laissant un petit Didier né en 1915 et à celles de ses deux neveux Jean Spach, en février 1915 et Germain Spach, en août 1916 alors que leur fils Louis, le frère cadet de Gustave est toujours prisonnier en Allemagne.
Gustave Spach repose dans l’enclos funéraire familial au cimetière de Rothau.
Denis Chemla.
Citations et décorations :