Avocats morts pour la France

Jacques Expert-Bezançon naquit le 15 juin 1881 à Paris, dans le 13ème arrondissement, dont son père, Charles Expert-Besançon sera le maire de 1900 à 1909. Il est le 5ème d’une fratrie de 9 enfants élevés dans une aisance certaine. En effet, sa mère, Clarisse Bezançon, est l’héritière d’une famille d’industriels ayant réussie dans la fabrication de produits chimiques. Son père, Jacques Expert, né en janvier 1845, est l’héritier d’une famille d’industriels, fabricants de plumeaux. Mais c’est lui qui développera l’usine de blanc de céruse sise à Paris, dans le 13ème arrondissement, rue du Château des Rentiers.

Mise en cause à plusieurs reprises sur les méfaits de ce produit, Jacques Expert, président du Comité Central des Chambres Syndicales du Commerce et de l’Industrie, président de la Chambre Syndicale des Produits Chimiques, qui avait combattu au siège de Paris en 1870, décida de s’investir dans la vie politique. C’est ainsi qu’au début du 20ème siècle, il fut, de 1900 à 1909, maire du 13ème arrondissement, mais aussi sénateur de la Seine, sous l’étiquette des Républicains.

Son fils Jacques, après une scolarité au Lycée Henri IV, fut licencié en droit le 12 juillet 1901. Il attendra le 18 novembre 1903 pour prêter serment et s’inscrire au Stage. Il n’exerça pas véritablement le métier d’avocat, préférant poursuivre son cursus universitaire, c’est ainsi qu’en 1906, il devint docteur en droit présentant une thèse sur La femme mariée commerçante, puis, après avoir présenté l’agrégation en avril 1907, il soutint, en 1911, une seconde thèse sur Les organisations de défense patronale.

En fait, cet homme, que son père décrit comme étant aussi laborieux que rigoureux, s’investit dans l’enseignement de l’économie sociale aux Affaires Etrangères. Mais, celui que l’on décrit comme démocrate et altruiste, faisait également œuvre de bienfaisance en occupant une grande partie de son temps à la gestion d’œuvres sociales.

En août 1914, cinq des fils de Charles Expert-Bezançon seront mobilisés, l’un avec le grade de Lieutenant-Colonel, l’autre de Capitaine d’artillerie, le 4ème comme Lieutenant du Train Automobile et enfin Jacques Expert-Bezançon comme Adjudant au 302ème Régiment d’Infanterie.

Dès le début de la guerre, Jacques est impliqué dans les combats et blessé le 7 août 1914. D’octobre à décembre 1914, le 302ème Régiment d’Infanterie est affecté à la première offensive des Eparges. Mis au repos en janvier, le régiment de Jacques Expert-Bezançon retourne sur le secteur des Eparges le 15 février 1915. L’objectif est de prendre le contrôle de la crête de cet éperon d’un kilomètre qui, le long de la Meuse, domine le village des Eparges.

En ce mois de mars 1915, le temps est épouvantable, le 18 mars, une longue préparation d’artillerie précède l’attaque qui doit avoir lieu le jour même. Jacques Expert-Bezançon prend part combat à la tête de peloton de la 21ème Compagnie dans le Bois de Sapins. Le lendemain, au canon et à la baïonnette, les allemands contrattaque, le 302ème Régiment est débordé, c’est ce 19 mars 1915, au cours de ces combats que Jacques Expert-Bezançon, à 34 ans, perdra la vie.

Au cours de ces combats de février et mars 1915 aux Eparges, auxquels participèrent notamment Maurice Genevoix, Louis Pergaud et Ernst Junger, les armées françaises eurent à regretter 12.000 tués, blessés et disparus.

On ne retrouva pas la dépouille de Jacques Expert-Bezançon, c’est un jugement du 11 mai 1920 qui le déclara tué à l’ennemi. Jacques Expert-Bezançon reçut à titre posthume la médaille militaire et, comme trois de ses frères qui lui survécurent, la Croix de Guerre.