Avocats morts pour la France
C’est dans le milieu du Paris artistique que Maurice Ernst vint au monde le 28 avril 1989. Sa grand-mère paternelle, Siona Levy, était comédienne. Son père, Alfred Ernst, polytechnicien, fut un critique musical reconnu, notamment par ses traductions des livrets de Wagner. Son grand-père maternel, Jules Cottet, juge au Tribunal de 1ère instance de Bonneville, eut deux fils, l’un, peintre renommé, Charles Cottet, l’autre, médecin célèbre, Jules Cottet, épris de littérature et ami de Marcel Proust. C’est dans ce milieu extrêmement cultivé que Maurice Ernst, orphelin de père à 9 ans, fut élevé par sa mère.
Il obtint sa licence en droit le 30 juillet 1909 et prêta serment quelques mois plus tard le 2 novembre de la même année.
Jeune homme au regard clair, gai, passionné de littérature, il était habité d’une foi profonde. Bien que n’ayant pas réussi le concours de la Conférence de 1914, on dit de lui qu’il était un orateur d’exception et, qu’aidé par son immense culture, il maitrisait à la perfection l’art de l’improvisation.
S’il projetait d’écrire un petit recueil sur le Palais, il aspirait, en fait, à aller vivre dans sa Savoie, la vie d’un avocat de province.
A la fin du mois de juillet 1914, il formait le projet de partir en vacances avec ses confrères Pierre Leroy et Robert Toulet, sac au dos, sur le plateau de Féterne.
Il en fut autrement, mobilisé dès le début de la guerre, il rejoignit le 103ème Régiment d’Infanterie comme Sous-Lieutenant.
Il avait plu toute la nuit du 21 au 22 août 1914, et au petit matin c’est dans le brouillard que commença la bataille de Vireton dans les Ardennes belges. Toute la journée, dans le quartier d’Ethe en flammes, les hommes du 103ème luttèrent contre les troupes allemandes commandées par le Kronprinz. Le 22 août 1914, à l’âge de 25 ans, Maurice Ernst qui détestait la guerre, fut tué d’une balle dans la tête. Durant cette journée du 22 août 1914, trois semaines après le début des hostilités, 5.000 hommes perdirent la vie dans les combats de Vireton et 27 000 sur tout le front. Ce fut, pour l’armée française, la journée la plus sanglante de la première guerre mondiale.
Marie-Alice Jourde.
Citation et décorations :
- Cité à l'Ordre de la Brigade :
"A, dès le début de la campagne, donné l'exemple des plus belles qualités militaires. Tué d'une balle au front en se portant en avant à la tête de sa section, le 22 août 1914, à Ethe".
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Chevalier de Légion d'honneur à titre posthume (6 décembre 1921).
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Croix de guerre.
- Portrait de Maurice Ernst
- Notice lue par M. Pierre Leroy, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930).
- Mémoire des Hommes : Maurice Ernst
- Gallica : Notice nécrologique Maurice Ernst, Bulletin de l'Ecole Saint François de Sales de Dijon, 1er avril 1916
- Pourlasavoie.com : Lettres du Capitaine Belmont, Préface d'Henry Bordeaux, p. III
- Sambre-Marne-Yser.be : La bataille de Vireton
Paul Esnaud nait le 10 janvier 1889 au domicile familial situé rue Nationale à Pontivy dans le Morbihan.
Il est issu d’une famille de juristes : son père est Procureur de la République à Pontivy et son grand–père est conseiller à la Cour d’appel de Rennes. Paul Esnaud est également cousin de Robert Debled, avocat au barreau de Paris et neveu de Charles Esnaud, avocat à Rennes.
Le 27 mai 1895, son père décède prématurément à l’âge de trente-sept ans à Rennes. Le 22 février 1900, sa mère, Jeanne-Marie, Mélanie Salmon se remarie avec le professeur Stéphane Martin Strowsky de Lenka, ancien élève de d’école normale supérieure,docteur en droit, professeur agrégé de philosophie au lycée de Pontivy. Ce dernier deviendra plus tard bâtonnier du barreau de Pontivy. Le couple aura plusieurs enfants : Jeanne, Marie, Adélaïde le 14 janvier 1901, Jean, Fortunat, Alfred, Stéphane le 4 février 1902, Michel et Yvonne.
Quelques années plus tard, Paul Esnaud travaille chez Maître Rabot, avoué à Pontivy, pendant trois ans, lequel se souviendra « d’un gentil garçon, d’une conduite irréprochable... laborieux, complaisant et sympathique ». C’est à Rennes que le jeune Paul Esnaud étudiera le droit, où il obtient sa licence le 7 novembre 1911 et prête serment d’avocat le 14 novembre 1911.
Ce n’est que le 23 novembre 1911, que ce jeune homme blond aux yeux gris est incorporé au 103e régiment d’infanterie, après avoir obtenu un sursis pour cause d’études en 1909. Le 1er décembre 1911, il arrive au corps en tant que soldat de 2ème classe. Le 25 mai 1912, il devient soldat de 1ère classe puis caporal le 26 septembre 1912. Le 23 novembre 1913, Paul Esnaud passe dans la réserve de l'armée active et reçoit un certificat de bonne conduite.
C’est à cette époque, qu’il rejoint Paris où il demeure provisoirement 54 rue Jacob dans le 6ème arrondissement chez le frère de son beau-père, Monsieur Fortunat Strowski, vice-président de la Société des gens de Lettres et professeur à la Sorbonne, avant de s’installer rue de Seine dans le même arrondissement.
Paul Esnaud est admis au stage le 10 décembre 1913 mais hélas, il ne fréquentera le Palais de justice de Paris que quelques mois. En effet, en vertu du décret de mobilisation générale du 1er août 1914, il est rappelé à l'activité et arrive au corps dès le 3 août 1914.
Le 7 septembre 1914, Paul Esnaud est très grièvement blessé à Lendarré lors de la bataille de la Marne. Possédant un sentiment du devoir élevé, il retourne au front à sa demande expresse.
Le 1er avril 1916, il est nommé sergent puis aspirant le 21 avril 1916. Le 8 mai 1916, Paul Esnaud passe à la 10e compagnie du 62ème régiment d’infanterie où il sera porte-drapeau. Il est nommé sous-lieutenant le 20 juin 1916 et est cité à l’Ordre de la Division le 26 novembre 1916. Le 14 avril 1917, il est à nouveau cité à l’Ordre de la Division récompensé pour l’énergie déployée pour prendre à l’ennemi le Fort de Malmaison. Ses qualités de meneur d’hommes sont alors pleinement reconnues.
Touché par un éclat d’obus pendant la préparation d’une attaque, Paul Esnaud meurt le 28 septembre 1917 au Chemin des Dames dans le secteur de Jouy dans l’Aisne. Le 16 octobre 1917, il est cité une troisième fois à l’Ordre de la Division pour avoir assuré du 16 au 27 septembre la réception et la distribution du matériel durant le bombardement du village de Jouy. Le 22 juin 1920, il est fait Chevalier de la légion d’honneur à titre posthume pour sa bravoure et son dévouement.
Le 23 mai 1922, une cérémonie religieuse à sa mémoire fut célébrée en la paroisse Notre Dame de Joie à Pontivy.
Géraldine Berger-Stenger.
Citations et décorations :
- Cité à l’Ordre de la 22e Division, n°102, du 26 novembre 1916 :
« Comme officier adjoint au commandant du Bataillon, a montré durant la période tourmentée, du 1er au 18 novembre 1916, de rares qualités d’activité, d’énergie et un sentiment élevé du devoir. A été un précieux auxiliaire pour son commandant de Bataillon. » - Cité à l’Ordre de la Division, N° 124, du 14 avril 1917 :
« A participé avec sa section à la progression de sa compagnie et l’a conduite à l’assaut d’une position importante et très forte (c’est le fort de Malmaison) ; s’est dépensé ensuite nuit et jour pour l’organisation et la défense des points conquis ; a obtenu de ses subordonnés le maximum de rendement.» - Cité à l’Ordre de la Division, N° 159, du 16 octobre 1917 :
« Excellent officier, d’une bravoure et d’un dévouement à toute épreuve. A, du 16 au 27 septembre 1917, assuré la réception et la distribution du matériel dans des conditions pénibles, par suite du bombardement fréquent du village de Jouy.» - Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (Journal officiel du 22 juin 1920) :
« Excellent officier d’une bravoure et d’un dévouement à toute épreuve. A, du 16 au 27 septembre 1917, assuré la réception et la distribution du matériel dans des conditions terribles, par suite de bombardements fréquents du village. Tué à son poste, le 28 septembre 1917. A été cité. »
- Portrait de Paul Alfred François Esnaud
- Lettre de son oncle au Bâtonnier (2 janvier 1919)
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Mémoire des Hommes : Paul Alfred François Esnaud
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Gallica :
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Archives départementales du Morbilhan :


