CLOMBURGER Victor ( 1889-1916)

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Clomburger Ordre de Ste Anne de Russie 
Victor Clomburger est né le 5 mai 1889 à Delle, sur le territoire de Belfort. Delle est alors une petite ville au riche passé historique d’environ 2200 habitants. Le père de Victor, Jules Clomburger, y exerce les fonctions de maréchal des logis dans la gendarmerie. Il a 35 ans. La mère de Victor, Marie-Louise Gabertan, a 36 ans et elle se déclare « ménagère » dans l’acte d’État civil de sa naissance. Est-ce la version modeste du « sans profession », plus bourgeois? Deux gendarmes sont les témoins de la déclaration de naissance.
On ne sait rien de l’enfance de Victor Clomburger. Toujours est-il qu’il fait ses études de droit à Paris. Le journal La Presse du 8 novembre 1907 fait état de la mention honorable qui lui est attribuée pour le Prix de la Ville de Paris en droit civil français. Il obtient son diplôme de licencié en droit en 1909. Le candidat a été interrogé sur les voies d’exécution et le droit commercial.
Le 4 octobre 1910, il est incorporé au 89e régiment d’infanterie dans le cadre de son service militaire, en qualité de seconde classe. Il grimpe régulièrement les échelons : caporal le 13 avril 1911, sergent le 24 septembre et élève officier de réserve le 1er octobre 1911. L’exemple paternel a dû favoriser son goût pour les armes et l’Armée. Il aura l’occasion de démontrer ses qualités martiales pendant la guerre. Sa fiche militaire décrit un grand gaillard pour l’époque : il mesure 1,78 m et pèse 90 kg ! Il est châtain aux yeux bleus.
C’est un sportif : il monte à cheval et est vélocipédiste, selon l’expression consacrée au début du XXe siècle pour désigner ceux qui pratiquent le vélo. À côté de ses qualités physiques, Victor développe des aptitudes intellectuelles : outre sa réussite dans les études de droit, il joue du violon.
Il est admis au stage du barreau de Paris le 2 octobre 1913. Il exerce chez lui, 5, rue des Lyonnais. Il a laissé subsister un temps son nom sur la porte de son domicile dans l’ignorance de la règle interdisant aux membres du barreau de Paris l’usage de toute plaque indicatrice. La règle lui ayant été rappelée, il écrit, le 12 novembre 1913, au Bâtonnier une lettre d’une belle écriture régulière pour l’informer de la suppression de son nom.
Le 5 août 1914, il est mobilisé à Chaumont, à la caserne Damrémont où est constitué le 309ème régiment d’infanterie avec des éléments du 109e. Son régiment va rester dans les Vosges, débutant la guerre par des échauffourées fréquentes avec les troupes allemandes. En septembre, il participe à la bataille de la Marne, puis son régiment rejoint l’Artois.
Le 10 décembre 1914, Victor incorpore le 143e régiment d’infanterie qu’il quitte rapidement car dès le 12 janvier 1915, il est affecté au 135e RI. Celui-ci se bat dans les Flandres, dans le secteur d’Ypres, puis descend dans l’Artois. Il est au cœur des terribles affrontements de Neuville Saint-Vaast et des différentes offensives de l’Artois. En mai 1915, Victor s’éloigne quelques jours du front pour se remettre, car il s’est fait une entorse. Pour le 135e, les combats très durs se poursuivent toute l’année 1915 : Berthonval, Neuville Saint-Vaast, Agny, Loos. Victor est nommé Capitaine.
En octobre 1915, sa bravoure lui vaut une citation à l’ordre de la division. Début 1916, le régiment est dans le secteur d’Aix-Noulette. Le 18 avril, il est embarqué en auto camion pour Verdun. Les feux d’artillerie sont effroyables. Les tirs d’obus ne cessent jamais, la terre est sans cesse éventrée, retournée, martyrisée, et avec elle, les hommes, chair à mitrailles. C’est l’enfer. En première ligne, Victor résiste avec ses hommes à l’attaque féroce des Allemands. L’état-major ennemi a mis tout son poids, toute son artillerie dans la conquête de Verdun, laquelle doit permettre de mettre un terme à la guerre dans des conditions satisfaisantes pour eux. Le 135e maintient ses positions, les consolide dans des conditions terribles et indescriptibles. Les pertes du régiment sont cruelles : plus de 1000 hommes sont tués. Le courage de Victor lui vaut une nouvelle citation à l’ordre du 135e RI. La Croix de Sainte-Anne de troisième classe lui est décernée. Un certain nombre de cette décoration russe a été mise à la disposition du gouvernement français par l’empereur de Russie pour récompenser les soldats qui se sont particulièrement illustrés « par leur belle conduite au feu, au cours de la campagne ».
Début octobre 1916, le régiment est de retour sur les plaines de la Somme. L’offensive française continue. Le 8 octobre, le 135e RI reprend les lignes de Combles, face à Sailly-Saillisel. Une nouvelle attaque est lancée le 10 octobre sous des feux de mitrailleuses très violents. Le temps est gris, froid et sec. Le capitaine Clomburger s’élance, en tête de sa compagnie, à l’assaut des tranchées allemandes. Blessé aux deux cuisses, il continue à commander ses hommes. Toutefois, il doit être transporté sur un brancard vers le poste de secours du régiment.
Au cours du transport, un obus tue l’un des brancardiers et blesse à nouveau Victor Clomburger qui meurt quasi instantanément. Il ne verra pas les gains obtenus par les régiments engagés, la chute du château de Sailly, la conquête d’un système de tranchées au nord-ouest de Sailly -Saillisel, les combats acharnés et particulièrement meurtriers pour prendre pied dans le hameau de Saillisel et de Saint-Pierre Waast. Pas plus qu’il ne verra, en novembre, les Allemands ramener les valeureux soldats français à leurs lignes de la mi-octobre. Un mois d’efforts stériles et coûteux en vies, dont celle du capitaine Victor Clomburger, avocat au barreau de Paris.

Citations et décorations :

  • Cité à l’Ordre N°1288 de la Division le 12 octobre 1915 :
    « Officier plein d’ardeur et de courage. A entraîné sa section jusqu’aux fils de fer ennemis et l’y a maintenue sous des feux violents. »
  • Cité à l’Ordre N°119 du 135e Régiment, le 18 mai 1916 :
    « Excellent commandant de compagnie. N’a cessé pendant une attaque de se prodiguer au milieu de ses hommes pour observer et exercer son commandement, donnant ainsi un bel exemple de sa compréhension du devoir. »
  • Cité à l’Ordre N°417 de la VIè Armée, le 16 novembre 1916 :
    « Officier de très grande valeur, ayant, en toutes circonstances, fait preuve du plus grand courage et de la plus belle énergie, au combat du 10 octobre 1916 notamment, a brillamment conduit sa compagnie à l’attaque, a donné l’exemple et a fait, en cette circonstance, l’admiration de ses chefs et de ses subordonnés. A été mortellement blessé durant le combat. »
  • Croix de Sainte-Anne de Russie, le 10 septembre 1916.
  • Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume le 1er avril 1920.
  • Portrait de Victor Gustave Clomburger
  • Ordre général du 10 septembre 1916 conférant la Croix de Sainte-Anne de Russie

 
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