FILLION Charles (1883-1917)

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Fillon presse 
Fillion Robert Maurion de Larroche
 
Charles Fillion est né le 3 novembre 1883 à Baugé dans le Maine et Loire. Son père Louis Fillion, est greffier au tribunal civil de Baugé. Sa mère Berthe Chauvin est « sans profession».
Son frère Jean naîtra le 6 août 1887. Comme son aîné, il deviendra avocat au barreau de Paris et comme lui, la Grande guerre l’emportera, blessé sur le front d’Orient et mort de ses blessures en juillet 1918.
Charles entreprend des études de droit. Il est licencié en 1906 et inscrit au Tableau le 18 juin 1907. Tout d’abord clerc d‘avoué, il devint ensuite le collaborateur de Me Henri Coulon.
Avocat certes, mais pas seulement : professeur de droit à l'Association polytechnique, Charles Fillion était également un peintre au talent apprécié qui appartenait à la Société des artistes angevins.
Parallèlement, son engagement politique l’amena à briguer un mandat électoral de conseiller municipal de Paris pour le quartier des Batignolles. Il est élu en 1912. Apprécié et estimé de tous, il met ses compétences, son énergie et son enthousiasme au service de son quartier et de la Ville de Paris. Il fut de ceux qui apportèrent leur soutien au droit, pour les femmes, à voter et à être élues aux élections municipales. Un bel avenir politique s’offrait à lui, l’un des plus jeunes conseillers municipaux de la capitale.
La guerre en décida autrement.
Classé dans les services auxiliaires en 1905 en raison de palpitations, il est rappelé à l’occasion de la mobilisation générale le 3 août 1914. Mais il demande immédiatement à passer dans le service armé. Attaché d’intendance, il obtient une affectation sur le front. En 1916, apprenant la grave blessure de son frère au front, il réclame de passer dans l’infanterie et en juin, prend le commandement d’une section.
Sous-lieutenant dans la 1ère Compagnie du 403e RI, son courage et son énergie dans les combats du Chemin des Dames lui vaudront Citation à l’Ordre de l’Armée, Croix de guerre et Légion d’honneur à titre posthume.
En août 1917, le 403e est au cœur des combats du Chemin des dames. Positionné dans le secteur d’Hurtebise, depuis l’offensive d’avril, Français et Allemands s’affrontent pour la possession du secteur Y : Monument et caverne du Dragon, ancienne carrière dont l’ennemi avait fait une forteresse servant d’abri à un millier d’hommes, avec dortoirs, dépôt de vivres et munitions, infirmerie et groupe électrogène. La caverne fut prise en juin et les Français s’y installèrent à leur tour. Pendant 2 mois, les combats seront acharnés et incessants dans ce secteur.
Le 22 août, il voit son ami et confrère Georges Jary , du même Bataillon, se faire tuer en repoussant les attaques ennemies. Il écrira au Bâtonnier pour lui rapporter ses derniers instants. Il confiera également « Nous sommes en 1ère ligne dans un secteur terrible où nous devons sous peu attaquer. J’ai plein espoir d’un bon résultat. ». Le 25 août, il adresse une carte à l’un des amis avec ces quelques mots : « Je suis en plein dans la mêlée ».
Le 31 août, à 19h, sur ce même plateau d’Hurtebise, une énième attaque est lancée pour la prise du Monument. A la tête de sa section, Charles Fillion avance dans une tranchée lorsqu’il est atteint mortellement d’une balle de mitrailleuse.
Le soldat Robert Maurion de Larroche arriva rapidement avec deux brancardiers pour l’évacuer vers l’arrière. Il témoigne : « Le Lieutenant Fillion avait pour mission d’enlever avec sa section la première et la deuxième ligne allemande et de s’y installer. L’attaque fut merveilleuse et les sections enlevaient les objectifs indiqués en un clin d’œil. Mais au moment où le lieutenant Fillion arrivait au but de sa mission, il reçut une balle de mitrailleuse dans le ventre […] Avant et pendant le transport, il a prononcé ces quelques paroles :    «Emmenez-moi vite… je souffre… c’est fini !... Reposez-vous un moment… mourir … ». […] C’est à l’ambulance, où il venait d’arriver, qu’il est mort. »
Tout d’abord enterré au cimetière d’Ouches, proche de Craonne, il fut ensuite inhumé dans la nécropole nationale « Craonnelle » (tombe individuelle 1214).
L’annonce de sa mort, suivant de quelques mois celle de Pierre Quentin Bauchard (8 octobre 1916), toucha profondément le Conseil municipal de Paris. Le 6 juin 1919, afin de leur rendre hommage, furent inaugurés dans la salle des séances du Conseil municipal un buste et des motifs décoratifs consacrés à la mémoire des deux conseillers morts au champ d’honneur. Il fut également décidé à cette occasion, que leurs noms seraient attribués à une voie publique de Paris. La place Charles Fillion entoure depuis cette date le square des Batignolles, dans ce quartier qui lui était si cher.
Louis Fillion, qui pleurait également son second fils, Jean, mortellement blessé en Albanie en 1918, ainsi que son épouse décédée quelques mois plus tard, ne fut pas en état d’assister à la cérémonie.
Frédérique Lubeigt.

Citations et décorations :

  • Cité à l’Ordre 194 de la 51e Division, le 4 mai 1917 :

    « Officier brave et énergique. A fait preuve, au cours de l’attaque et des contres-attaques du 28 avril, de sang-froid, d’énergie et d’initiative intelligente. Appuyant vigoureusement l’unité engagée à sa droite, a contribué à repousser plusieurs contre-attaques en infligeant à l’ennemi des pertes sérieuses. »

  • Chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre avec palme (Journal officiel, 30 octobre 1919) :

    « S’est imposé à l’admiration de tous par son courage et son sang-froid à l’attaque du 31 août. A enlevé sa section à l’assaut de la ligne ennemie dans un élan superbe. A atteint l’objectif qui lui était fixé, où il est tombé grièvement blessé. Mort pour la France. A été cité. »

 
  • Portrait de Charles Joseph Fillion

  • « Charles Fillion, conseiller municipal des Batignolles », L’Echo du XVIIe, 17 septembre 1917 

  • « En soignant Charles Fillion, Robert Maurion de Larroche reçut sa première blessure », L’Echo du XVIIe, 17 septembre 1917 

 
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