Avocats morts pour la France
René Philippe Laurent Laborde est Basque par naissance, il est d’origine bordelaise par sa famille paternelle, épousera une Charentaise et passera la majeure partie de la guerre au Maroc.
Il est né le 21 décembre 1885 à Oloron Sainte-Marie, dans les Basses Pyrénées (Pyrénées Atlantique aujourd’hui). Son père, Romuald Laborde, est juge de paix à Oloron. Il a déjà 41 ans au moment de la naissance de Laurent. Sa mère, Jeanne Marie de Laurette Sandrin, a 21 ans et est sans profession.
Il est incorporé le 12 novembre 1904, à partir de la mairie de Pau, dans le 18ème régiment d’infanterie, qui est caserné à Pau et Saint-Jean-Pied-de-Port. Le 23 septembre 1905, il est nommé caporal et « renvoyé dans la disponibilité » avec le grade de caporal et un certificat de bonne conduite. Tout en poursuivant ses études à Bordeaux, il effectue des formations militaires. Il est nommé sergent le 23 mars 1906 et nommé officier d’administration de seconde classe de réserve de cadre auxiliaire du service de santé.
En août 1906, il obtient sa licence en droit et a été interrogé plus spécialement sur les voies d’exécution. Les 28 et 29 juin 1909, Laurent soutient sa thèse de doctorat devant la faculté de Bordeaux. Le premier jour, il aborde La dot dans les fors et coutumes du Béarn ; lors de la deuxième séance, il expose sur Les écoles de droit dans l’empire d’Orient, sujet qui fait l’objet d’une publication en 1912. Il est inscrit au tableau du barreau de Paris le 15 novembre 1913. Il exercera 185, avenue du Maine, dans le 14ème arrondissement.
Le 2 août 1914, il est mobilisé et nommé gestionnaire du train sanitaire improvisé 4. En effet, il a fallu prévoir l’évacuation des blessés. Les évacuations se font par retour des trains de ravitaillement du Front, dont les transports sont quotidiens. En constituant les trains de ravitaillement, on fait monter un médecin, un officier d’administration des hôpitaux et un certain nombre d’infirmiers et de brancardiers, prélevés sur la réserve de personnel sanitaire. Il existe des trains sanitaires permanents, spécialement aménagés pour le transport des blessés les plus gravement atteints et des trains sanitaires improvisés, qui se composent de wagons de marchandises couverts et que l’on aménage temporairement, selon les besoins, pour recevoir les blessés ne nécessitant pas un traitement spécial. Laurent Laborde est donc l’officier d’administration d’un train sanitaire improvisé.
Le 5 juillet 1915, il est mis à la disposition du médecin-chef de la subdivision de Fez, au Maroc. Le Capitaine Hue, sous les ordres duquel il travailla à Fez, brosse le parcours de Laurent Laborde pendant la guerre :
« Zélé, dévoué, d’une intelligence remarquable, Laborde me donna entièrement satisfaction dans l’exécution particulièrement difficile du service à l’hôpital à Fez. Son activité inlassable s’accommodait mal cependant de la vie sédentaire et il partit bientôt comme gestionnaire d’une ambulance de colonnes mobiles, relevant les morts, soignant et évacuant les blessés à la suite de colonnes parcourant les régions insalubres de Fez et de Taza, vivant la vie des camps, affrontant le climat meurtrier, toujours à la merci des balles ennemies. Sa santé s’altéra, le paludisme et la dysenterie furent son apanage. Laborde n’en continua pas moins son rude labeur, ne marchandant ni son temps ni sa peine, se soignant à forte dose de quinine qui altérèrent sa santé. Vaincu par la maladie, Laborde quitta son ambulance et fut adjoint en 1918 au médecin-chef du service infantile de la subdivision de Fez. La tâche était ingrate, travail de bureau particulièrement écrasant tout étant à créer au milieu des nombreuses difficultés administratives. Toujours sur la brèche, Laborde entre en traitement à l’hôpital de Fez et ne veut en aucun cas se faire évacuer. Je le retrouve frêle, émacié, sans force. Laborde sort de l’hôpital et reprend sa pénible tâche. Il se dépense encore pour défendre les soldats traduits devant les conseils de guerre, causes désintéressées qui le font aimer. »
Le 15 septembre 1917, lors d’une permission, il a épousé Zara Archambaud à Chérac, en Charentes-Maritimes. Sa femme vit avec lui à Fez. L’heure de la démobilisation arrive enfin et Laurent Laborde prend le chemin du retour avec sa famille. Un fils lui est né en janvier 1919.
Sur la route vers la côte, il doit s’arrêter à Casablanca. Son état est trop altéré et il doit être hospitalisé. On découvre une péritonite généralisée et une perforation gastrique. Sa santé ruinée ne lui permet pas de survivre. Il meurt le 9 mars 1919. Comme l’écrit son capitaine, si sa mort ne parait pas aussi glorieuse que celles de camarades tombés sous les balles ennemies, elle est aussi noble par le sacrifice qu’il a fait de sa vie.
Cindy Geraci.
Citations et décorations :
- Pas de citation et décoration répertoriées
- Portrait de Laurent Pierre Philippe Laborde
- Lettre de Me Alfred Léger au bâtonnier (28 octobre 1914)
- Lettre au Bâtonnier annocant son décès (21 août 1919)
- Lettre de Monsieur Archambaud au bâtonnier (31 août 1919)
- Lettre de son épouse au Bâtonnier (9 octobre 1919)
- Lettre du capitaine Hue au bâtonnier (8 octobre 1929)
- Lettre de som épouse Madame Laborde au bâtonnier (6 mars 1931)
- Mémoire des hommes : Laurent Pierre Philippe Laborde
- Archives départementales des Pyrénnées Atlantiques, Registre maticule, 1R773, classe 1903, n°1673.
Le 2 août 1914, trois bons amis, Léal Numa, Pierre Sureaux, avocat à la Cour, soldat d’infanterie et Maurice Coriem se retrouvent place Saint Michel pour se dire au revoir. « Nous échangeons l’adieu d’un fier baiser d’hommes. Nous partons demain. Tous les trois » (Maurice Coriem, Le Petit Journal, 2 août 1939). Seul Maurice Coriem survivra.
Né le 15 septembre 1895 à Nantes (ex-Loire inférieure), de père commissaire de police des chemins de fer (puis directeur de la Sûreté publique à Alger) et de mère sans profession, Numa Léal fait de brillantes études au Lycée de Tunis avant de les poursuivre dans un lycée parisien et de les terminer à la faculté de droit de Paris par la soutenance d’une thèse sur L'Organisation de la police en Tunisie... étude de droit administratif comparé et de législation coloniale.
Il prête serment d'avocat le 13 décembre 1910. Il plaidera de nombreux dossiers en compagnie de Georges Desbons, un confrère qui aura à cœur d’obtenir après sa mort la légion d’honneur. A cette époque, il est secrétaire général de l’alliance franco-indigène, rédacteur en chef du journal turcophile Rachidi. Il écrira de nombreux articles sur la politique indigène de la France en Algérie, ne faisant toutefois pas l’unanimité.
A la mobilisation, Numa Léal est mobilisé comme lieutenant au 4e régiment de marche de zouaves. Le régiment stationne près du Château de Hooge en Belgique, aux côtés de compagnies anglaises.
La journée du 8 novembre 1914 a été longue et difficile ; l’ennemi a été refoulé à la lisière de la forêt mais les tranchées n’ont pu être reprises. Malgré les renforts, le 4e régiment subit de lourdes pertes, même si le précise le J.M.O, elles s’avèrent moins importantes que celles de l’ennemi. Le lieutenant Léal est porté disparu, au front à Veldhoek. Un jugement du 14 août 1919 le déclarera Mort pour la France.
D’après les témoignages de ses camarades et de ses chefs, son action fut « digne d’admiration et d’être citée en exemple dans un régiment où cependant l’héroïsme était brutal ».
L’un de ses frères est également mort sous les drapeaux pendant l’une de ses permissions à Paris ; un autre, maréchal des logis de dragons et rédacteur au gouvernement chérifien a survécu. Son troisième frère, administrateur de colonies au Gabon demandera pour lui en 1927 la Légion d’honneur à titre posthume.
Géraldine Berger-Stenger.
Citations et décorations :
- Croix de guerre avec étoile de vermeil
« Excellent officier. Tué glorieusement le 8 novembre 1914 à Veldoëck, en entraînant ses hommes à l’attaque des positions ennemies ». - Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume – Décret du 11 juin 1928.
- Avis de décès
- Lettre de Me Desbons au bâtonnier en date du 22 novembre 1927.
- Lettre de Me Desbons au bâtonnier en date du 21 décembre 1927.
- Lettre de Me Desbons au bâtonnier en date du 10 février 1928.
- Le livre d’or du Barreau de Paris indique par erreur que Numa Léal est décédé en 1918.
- Mémoire des hommes :
- Leal Numa (2 fiches)
- 26 N 839/2, J.M.O, 4e régiment de marche des zouaves, 26 octobre 1914-9 mai 1915 (page 20 et suivantes) (page 20 et suivantes)
- Archives municipales de Nantes, acte de naissance, 3e canton, 1885, cote 1E 1516
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Archives diplomatiques. Registre matricule de Tunis, 1907. Registre numérisé et uniquement consultable en salle de lecture à Nantes. Ce registre n’a pas pu être consulté.
- Gallica :
- Journal officiel de la République française. Lois et décrets 20 juin 1928.
- Par les colons : l'Algérie aux algériens et par les algériens, G. Espé de Metz, 1914
- L'Echo d'Alger : journal républicain du matin, 4 octobre 1912
- Le Petit journal, 2 août 1939, article de Maurice Coriem sur le 2 août 1914
- Le Temps, 27 octobre 1913
- Memorial Genweb :
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Morières-lès-Avignon - Monument commémoratif - par Elisabeth VAILLEN
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Paris 13 - Livre d'Or du ministère des pensions - par Olivier SCHLIENGER
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