Avocats morts pour la France
André Adolphe Louis Leemans nait le 12 mars 1885 au domicile familial du 23 rue Lavoisier dans le 8ème arrondissement de Paris. Son père, propriétaire, fonde de grands espoirs sur ce fils sérieux, désireux de satisfaire les ambitions paternelles.
André Leemans aura une jeunesse studieuse, ponctuée de succès scolaires au sein du Lycée Janson de Sailly à Paris à l’image de son prix au concours général. Mais le jeune André aura aussi à cœur d’aider les plus démunis. C’est ainsi qu’en 1902, avec quelques camarades et le chanoine Antoine-Louis Cornette, il contribuera à créer la « Réunion d’Eylau », groupe destiné à la formation religieuse de jeunes lycéens, dont la plupart proviennent du lycée Janson-de-Sailly.
Admis au stage le 23 octobre 1906, il sera inscrit au tableau l’année suivante. Il demeure à l’époque 51 rue Bugeaud dans le 16eme arrondissement de Paris à proximité de la paroisse Saint honoré d’Eylau. Après avoir soutenu sa thèse intitulée De la responsabilité civile des avocats, il devient, de 1909 à 1911, clerc chez Maître Gosselin, avoué.
Lorsque la guerre éclate, il rejoint le 142e régiment d’infanterie au grade de Lieutenant. Le 1er septembre 1914, à Montfaucon dans les Ardennes, il est blessé d’un éclat d’obus au bras. Mais cette blessure n’entame ni son courage ni sa détermination patriotique : il repart au front !
Un an plus tard, le 25 septembre 1915, il meurt à Auberive en Champagne, à la suite d’une reprise par les allemands d’une tranchée avancée qu’il avait conquise la veille à la tête de sa compagnie.
Le 4 novembre 1915, le quotidien Le Journal indiquait : « Un service sera célébré en l'église Saint-Honoré d'Eylau, jeudi 4 novembre, à 11 heures précises, pour le repos de l'âme du lieutenant André Leemans, docteur en droit, avocat à la cour d'appel de Paris, tombé au champ d'honneur, le 25 septembre, à l'âge de trente ans. »
Le 20 novembre 1915, son confrère le Lieutenant Gaston Gros du 44ème Régiment d’Infanterie basé à Vercel dans le Doubs écrit au bâtonnier : « La nouvelle de la mort du pauvre Leemans dans l’assaut du 21 septembre est semble t-il certaine. Elle m’a en tout cas été ainsi confirmée. Je ne sais pas si sa famille a été prévenue. Je vous serais, en conséquence, reconnaissant de bien vouloir lui transmettre deux photographies que j’ai fait de mon malheureux camarade à la fin de mars, dans la région du Mesnil sur Hurles en sortant de la tranchée pour aller au repos ».
Géraldine Berger-Stenger
Citations et décorations :
- Ordre de la 124ème Division :
« Le 25 septembre 1915, a été tué en entrainant courageusement sa section à l’attaque des tranchées allemandes »
- Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
-
Courrier de Gaston Gros (20 novembre 1915)
- Notice lue par M. Marcel Ragon, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)
-
Mémoire des hommes : André Leemans
- Archives de Paris, D4R1 1306, fiche matricule n°1947, classe 1905, Paris, 2e bureau.
- Gallica : Messe à la mémoire d'André Leemans, a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt67601114j/f2.item.r=%22andré%20Leemans%22.zoom""""Le Journal, 2 novembre 1915
C’est dans une famille d’origine normande que ce fils, neveu et petit-neveu d’avocat, naquit Pierre Le Cointe, à Sèvres, le 17 juillet 1882.
Elève brillant du lycée Condorcet, il fut présenté au Concours Général. Après avoir obtenu son baccalauréat, il fit le choix de suivre un double cursus universitaire et c’est ainsi qu’en juillet 1903, il fut licencié ès-lettres et licencié en droit.
Dès le 25 novembre 1903, il prêtait serment et, dans la foulée, présentait le Concours de la Conférence.
Grand, massif, les yeux clairs, enfoncés dans un visage osseux, souligné d’une barbe noire fournie, tout lui réussissait. Il fut le premier Secrétaire de la Conférence des années 1904-1905. Il reçut le Prix Laval, créé en vertu du testament de Mme Veuve Albert Laval en souvenir de son mari. Son prédécesseur était Pierre Goujon, premier Secrétaire de la promotion 1902-1903, futur député de l'Ain, mort le 25 août 1914.
Collaborateur dans un cabinet de renom, il poursuivit dans le même temps ses études et obtint le titre de Docteur en droit après avoir présenté une thèse sur les associations en participation.
Pendant onze ans, jusqu’à la déclaration de guerre, Pierre Le Cointe mena une vie aussi riche que paisible. Homme de grande culture, il était passionné par les évolutions du monde artistique, parcourant les salons, les expositions et collectionnant les toiles des jeunes peintres de son temps. L’été venu, proche de sa mère et de son frère Marcel, il regagnait le manoir familial de la Cour-Brûlée à Trouville. Il y conviait les confrères dont il était proche, Louis Helbronner, Secrétaire de la Conférence dans la même promotion que la sienne, qui devait disparaître quelques semaines avant lui. Pierre Gerlier qui, après avoir quitté, en 1921 le Barreau de Paris, deviendra, en 1937, Archevêque de Lyon, dont le comportement, en des temps encore plus sombre, lui vaudra de se voir décerner, à titre posthume, la médaille de Juste parmi les Nations.
Mobilisé dès août 1914, Pierre Le Cointe fut versé, avec le grade de Sergent, au 119ème Régiment d’Infanterie. Affecté dans un premier temps comme instructeur, il demanda à monter au front avec les recrues qu’il avait formées pendant les premières semaines de la guerre.
Au lendemain de la bataille de la Marne, à la fin du mois de septembre 1914, commence la bataille des tranchées. C’est ainsi que le 119ème Régiment d’Infanterie rentre en contact avec l’ennemi autour du Canal de la Marne. D’intenses combats opposent les deux armées dès le 25 septembre 1914. Le 28 octobre, le temps est pluvieux et l’artillerie allemande canonne violemment le bois du Luxembourg, au sud-est de Cauroy-les-Hermonville. A la fin de la journée, après une défense au corps-à-corps, à la baïonnette et au couteau, le 119ème Régiment abandonne les premières tranchées. Les combats vont durer toute la nuit, les hommes ayant reçu l’ordre de repousser, dans les bois, à la baïonnette, les troupes ennemies jusqu’au Canal de la Marne. Eprouvés, au petit matin, les soldats n’arriveront même plus à se lever.
C’est au cours de ces affrontements que Pierre Le Cointe fut tué, le 29 octobre 1914, à Cauroy-les-Hermonville. Sa dépouille n’ayant pas été retrouvée parmi les 465 hommes qui perdirent la vie ce jour-là. Sa mère, avec acharnement, recherchera en vain le corps de son fils. C’est par jugement du 30 juillet 1920 que le décès de Pierre Le Cointe fut reconnu. Sa mère n’y survivra pas.
Marie-Alice Jourde.
Citation et décoration :
- Pas de citation ou décoration identifiée à ce jour
- Portrait de Pierre, Jean-Baptiste, Charles Le Cointe
- Notice par M. le Chanoine Gerlier, Hommage aux Morts de la Guerre. Association amicale des Secrétaires et anciens Secrétaires de la Conférence des Avocats (1929)
- Notice lue par M. Charles Bonnet, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)
- Mémoire des hommes : Pierre Le Cointe - NB : la date de naissance et la classe sont erronées (1892 et cl. 1912 au lieu de 1882 et cl. 1902)
- Mémoire des hommes : JMO 119e RI
- Wikipédia : Pierre Gerlier