Avocats morts pour la France
Gaston Landriau nait le 17 mars 1887 à Calais où son père, lieutenant, ancien officier de carrière, est devenu négociant. Il est le « petit dernier » de la famille venant après 2 frères et 2 sœurs. Il fera sa scolarité au Lycée Faidherbe de Lille, puis ses études de droit à la Faculté de Lille où il est licencié en 1907. Il est inscrit au stage en 1912, à Paris, où il vit avec sa mère, veuve depuis 1906.
Appelé dès le 2 août, il rejoint le 360e RI, en formation au moment de la déclaration de guerre. Il a 27 ans et le grade de caporal.
Le baptême du feu du régiment, au pont Frontière de Manhoué en Lorraine, est presqu’un jeu, un exercice militaire : pas de résistance, pas de pertes. Rien qui laisse augurer la violence des jours qui vont suivre. Pourtant le 25 août, le 360e en position d’attaque aux abords d’Hoéville (Meurthe et Moselle), se retrouve au cœur d’une terrible bataille d’infanterie.
« Un feu violent de mitrailleuses ennemies qui se déclencha tout à coup, fauchant impitoyablement tous ceux qui tentaient de s’accrocher au terrain, paralysa tous les efforts» (Historique du 360e RI). Lorsque l’artillerie, défaillante à ce moment crucial, vint se mettre en position, l’infanterie était décimée, ses officiers tués ou blessés. Dans cette bataille, en quelques heures, près de 900 hommes furent tués, des compagnies entières fauchées, des blessés abandonnés.
C’est seulement en 1916 que le frère de Gaston, Henri Landriau, prévient le Bâtonnier de son décès. Jusque-là, Gaston était porté « disparu » au combat d’Hoéville le 25 août 1914 et aucune information officielle n’était parvenue à sa famille.
Les mots d’Henri Landriau sont très durs : « La 17e Cie du 360 à laquelle mon frère appartenait a été sacrifiée. Les blessés n’ont pas été secourus, les morts sont restés 6 mois sans sépulture, les plaques d’identité ramassées, mises en sac, ont été perdues ! ».
Le 15 décembre 1921, le corps de Gaston Landriau put enfin être inhumé dans le cimetière de Bonningues-les-Calais où il repose avec les siens.
Frédéirque Lubeigt
Citations à titre posthume :
- Médaille militaire et Croix de guerre avec étoile bronze (9 mai 1922):
« Caporal brave et dévoué, tombé glorieusement pour la France, le 25 août 1914 à Hoéville (Meurthe et Moselle) ».
- Portrait de Gaston Landriau
- Lettre de son frère au Bâtonnier (29 septembre 1916)
- Faire-part d'inhumation
- Mémoire des Hommes :
- Historique du 360e RI
- Généalogie (Généanet)
- Mémorial Genweb : Monument commémoratif du Lycée Faidherbe, Lille.
Il est issu d'une famille d'industriels lorrains qui, en 1871, fit le choix de l'exil plutôt que de l'annexion.
Il est né non loin de ses terres d'origine, à Charleville dans les Ardennes, le 10 décembre 1886.Son père était magistrat nommé au Tribunal de la Seine, c'est au lycée Lakanal que Robert Levy-Fleur fit ses études.
Brillant, grand, élancé, peut-être un peu distant, il était assurément ouvert au monde. S'il fit le choix de faire des études de droit, dans le même temps, il suivait des cours de psychiatrie à l'hôpital de la Salpêtrière. S'il n'hésita pas à aller poursuivre ses études à Bonn et à embrasser complètement la vie universitaire allemande, et n’hésitera point à s’y battre en duel. Néanmoins, c’est vers le droit pénal anglais qu’il se tournera pour écrire une thèse remarquée sur La Politique Criminelle des Anglais concernant l'Enfance et l'Adolescence.
Trilingue, docteur en droit, diplômé de Sciences Pénales, lauréat des Facultés, il est inscrit au Stage le 21 juillet 1908. Collaborateur au sein du cabinet de Maurice Bernard, il passe le concours de la Conférence où il est admis en 1913.
Pour autant, la vie professionnelle ne le détournera pas de son engagement au côté des enfants pour lesquels il écrira des contes, des poésies et fera des conférences. A la déclaration de guerre, n'oubliant pas qu'il est enfant de Lorraine, il partira au combat avec enthousiasme. Dès le dimanche 9 août 191.4, il sera à Verdun.
Avait-on déjà repris Mulhouse ? se demandait-il. Sa gaîté fut de courte durée, dès le 11 août, son régiment devait subir une véritable hécatombe : 117 morts clans la même journée. Pour autant, il n'a de cesse que de rassurer sa mère. Il lui écrit : « Ne craignez rien, maman, je ne peux pas mourir, la vie est trop belle ! ». Le 23 août au soir, après une dure journée de combats, il prend position aux avant-postes du passage à niveau de Spincourt.
Le lendemain à midi, la position qu'il tient fait l'objet d'une rude attaque, les obus tombent, le remblai de ia voie ferrée, derrière lequel s'abrite la troupe, vole en éclat, le ballast, les rails pulvérisés par la mitraille se plantent dans la chaire des soldats. Touché à la jambe, puis au dos, Robert Levy-Fleur mettra une demi-heure à mourir. Conscient de vivre ses derniers instants, son esprit est tendu vers sa mère. Il s'adressa ainsi à son confrère Louis Carpentier, qui était auprès de lui : « Mon pauvre vieux, je suis foutu... Mes papiers... La compagnie... Ma mère... Ma mère... »
Sa compagnie ayant reculé, ce n'est qu'en août 1919, cinq ans après sa mort, que sa mère put retrouver sa dépouille, là où les allemands l'avaient enterrée, tout prêt de la voie ferrée.
Si vous prenez un jour le train de Conflans-Jarny à Longuyon, vous verrez, à deux kilomètres avant d'arriver à Spincourt, tout prêt de la voie ferrée, le monument que sa mère a fait ériger à la mémoire du lieutenant Robert Levy-Fleur.
Marie-Alice Jourde
Citation et décorations :
- Croix de guerre
- Chevalier de la Légion d'Honneur :
«Officier très méritant, plein d'entrain, mortellement blessé par un éclat d'obus qui lui a brisé les reins, au combat du 24 août 1914».
- Mémoire des Hommes : Robert Lévy-Fleur
- Lettre au Bâtonnier de Louis Carpentier du 28 août 1914
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Notice lue par M. Etienne Carpentier, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)
- Notice par M. Paul-François, Hommage aux Morts de la Guerre. Association amicale des Secrétaires et anciens Secrétaires de la Conférence des Avocats (1929)
- Sa thèse : Faculté de droit de l'Université de Paris. La Politique criminelle des Anglais concernant l'enfance et l'adolescence, thèse pour le doctorat... par Robert Lévy-Fleur, Paris, A. Pedone, 1911.
- En souvenir du lieutenant Fleur-Lévy, Houdelaucourt-sur-Othain, article de presse, 16 septembre 1914 (Verdun-meuse.fr).
- MemorialGenWeb : Stèle A la mémoire du lieutenant Robert LÉVY FLEUR et des soldats du 330e R.I. tombés ici pour la France le 24 août 1914, route de Spincourt
- Archives de Paris, D4R1 1358 fiche matricule n°2370, classe 1906, Paris, 2e bureau.