Avocats morts pour la France
Roger Beynet-Saint-Marc est né à Paris VIIème arrondissement, le 20 juin 1881.
Issu du collège Stanislas, où il avait été un élève remarquable et après avoir hésité un temps pour une carrière diplomatique, il commença ses études de droit. Licencié en droit, il est inscrit au Tableau le 18 octobre 1905. En 1908, la thèse de Roger Beynet-Saint-Marc « De l'influence de la participation aux bénéfices sur la production, la situation de l'ouvrier et les grèves » est publiée.
Lieutenant de réserve, il est mobilisé dès le 2 août 1014 et rejoint à Laval le 324ème Régiment d’Infanterie 22ème compagnie, son régiment du temps de paix. Dès les premiers engagements, une citation lui est décernée pour ses qualités de chef.
Le 24 août 1914, alors qu’en Alsace, à Morhagne, à Viron, à Charleroi, l’armée française venait de se heurter à un adversaire, ou supérieur en nombre ou retranché sur des positions préparées de longue date, le 324ème Régiment d’Infanterie, engagé auprès de Spincourt est durement éprouvé par le feu violent de l’artillerie et de l’infanterie allemande. Il y a de très nombreux morts et blessés. La famille du lieutenant Beynet cessa de recevoir de ses nouvelles. Roger Beynet-Saint-Beynet blessé grièvement le 24 août 1914 était resté aux mains de l’ennemi qui avait envahi le champ de bataille. Près d’un an plus tard, elle apprenait qu’il était mort bravement au combat, frappé d’une balle au front en entraînant sa section à l’assaut.
Roger Beynet Saint Marc n’a pas de tombe connue, son nom est gravé sur le carrousel de plaques faisant office de monument aux morts situé dans le hall de mairie du VIIème arrondissement de Paris et sur le monument aux morts situé dans la bibliothèque de l’Ordre des avocats.
Dans son récit du 5 décembre 1914, le capitaine Chamorin, compagnon du Lieutenant Roger Beynet Saint Marc et témoin du jour de sa disparition, rend un magnifique hommage à son camarade :
« Le 324ème a prit part à un violent combat, le 24 août, à Spincourt, aux environs de Verdun, le Lieutenant Beynet, dont tout le monde admirait le courage sous le feu terrible qui nous décimait, avait réussi à pousser sa section presque jusqu’aux tranchées de l’ennemi, lorsqu’il est brusquement tombé, atteint sans doute d’une balle. Il devait être cinq ou six heures du soir. A la nuit tombante, lorsque, la bataille étant terminée, on chercha à rassembler le régiment, personne ne put rien me dire de plus sur son compte, car les blessés avaient dû être laissés sur le terrain en attendant l’arrivée des brancardiers. Pendant plusieurs jours, j’ai essayé, en interrogeant ses hommes, puis les médecins du régiment, d’avoir quelques renseignements précis, ce fut en vain. J’ai pu seulement savoir qu’un certain nombre de nos blessés étaient tombés, ce jour-là, aux mains des Allemands, qui, dans la nuit, avaient envahi le champ de bataille. Il m’est donc toujours resté dans l’espoir que ce brave officier était du nombre et que, bien soigné en Allemagne, il guérirait de sa blessure.
Car j’aimais beaucoup le lieutenant Beynet, qui était pour moi un vrai, un bon camarade. S’il est vraiment tombé au champ d’honneur pour ne plus se relever, laissez-moi vous dire que c’est en héros qu’il avançait sous la mitraille, continuant toujours à commander et à diriger ses hommes, sans souci du danger. Dès qu’on nous donna l’ordre de l’attaque, il fit son devoir avec cette généreuse ardeur, cette belle simplicité, avec tout ce noble caractère que nous lui connaissions tous au régiment. Bien que ce fût le baptême du feu, il était vraiment beau sur le champ de bataille, je vous l’assure ! Aussi, je ne sais ce que j’aurais donné pour pouvoir, au moment du rassemblement, le serrer dans mes bras et lui dire, devant la compagnie, toute mon admiration pour son splendide courage ».
Aline Hamel-Martinet.
Citations et décorations :
- Cité une première fois
- Chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre à titre posthume :
« Le 24 août, à l’attaque des hauteurs de Spincourt, est tombé grièvement blessé, au moment où il entrainait sa section à l’assaut, malgré le feu violent de l’artillerie ennemie. Est resté aux mains de l’ennemi. Décédé des suites de ses blessures. A été cité ».
- Portrait de Roger Beynet-Saint-Marc (certificat de capacité à conduire)
- Lettre de Me Carpentier demandant l'inscription à la liste des Morts au champ d'honneur tenue par l'Ordre (3 septembre 1919)
- Avis officieux de décès du 29 juillet 1919
- Notice lue par M. Marcel Ragon, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930) - Collection Ordre des Avocats de Paris
- Mémoire des Hommes :
- Gallica - Historique du 324e Régiment d’Infanterie
- Mémorial Genweb – Plaque commémorative Marie du VIIe , Paris
Francis de Benoit est né le 13 avril 1884 à Rodez, dans une famille de notables, juristes et hommes politiques, ancrée dans l’Aveyron. Son père Norbert de Benoit, décédé en 1906, fut magistrat, et, à l'instar de son propre grand père, député de ce département.
Francis – comme son frère Raymond – fera ses études de droit à Montpellier. Puis obtient son doctorat à la faculté de Paris en février 1911 en soutenant une thèse (dédiée à sa mère et à sa sœur Yvonne) consacrée à « La représentation politique des intérêts professionnels ». Il est ainsi fidèle à la tradition familiale qui lie étroitement le droit et la politique.
Il choisit de devenir avocat à Paris et est inscrit au stage le 18 novembre 1913.
Il caressait peut-être l’ambition de suivre les traces de ses aïeux et d’embrasser plus tard une carrière de parlementaire. Mais sa route s’arrêtera en Lorraine dès le début de la guerre.
En août 1914, il rejoint à Nîmes le 240e Régiment d’infanterie comme soldat de 2ème classe.
Le 24, son régiment reçoit le baptême du feu, en Woëvre (Moselle), entre Conflans et Etain où les allemands occupent une grande partie de la voie ferrée que les français cherchent à reprendre. N’ayant pu progresser, pris sous des feux d’artillerie et d’infanterie, le 240e reste sur ses positions. Le lendemain, l’attaque reprend dans un épais brouillard en direction de Boinville. Les combats sont extrêmement violents et le régiment devra battre en retraite sous la protection des mitrailleuses françaises qui tireront jusqu’à épuisement complet des munitions.
Les pertes sont énormes : plus 900 hommes blessés, tués ou disparus.
Francis de Benoit est l’un de ceux-là.
Cette bataille fut si douloureusement marquante que le monument aux morts érigé à Boinville est dédié bien sûr à la mémoire de ses fils mais aussi aux « soldats du 240e RI tués à la bataille de Boinville les 24 et 25 août 1914 ».
L’Ordre des avocats n’apprendra son décès qu’en 1920, par un courrier du notaire chargé de sa succession.
Frédérique Lubeigt.
- Lettre du notaire annonçant son décès à l’Ordre (1920)
- Mémoire des Hommes :
Monument aux morts Saint Geniez d’Olt
Plaque commémorative - Dans l'église - "Aux enfants de Saint-Geniez morts pour la France"
- « La représentation politique des intérêts professionnels »,Thèse de doctorat soutenue le 25 février 1911 – faculté de droit de l’Université de Paris.
- Etudes Touloises, Dossier : L’archéologie de la grande guerre. Frédéric Adam, « Approche archéoanthropologique des tombes de soldats disparus en Lorraine », dans Archeothema, juillet-août 2014.