Avocats morts pour la France
Citation et décorations :
- Médaille militaire et croix de guerre à titre posthume
- Photographie de Paul Boudier
- Lettre du 16 avril 1915 de son oncle, Léon Collet, avocat à la Cour, au Bâtonnier de Paris.
- Mémoire des Hommes :
- Combats du Bois d’Ailly (Page perso)
- Marbotte et la tranchée de la soif (Page perso)
- Archives départementales de la Côte d’Or : R 2463 - Registre matricule ; matricule n°889- 1909, Fiche matricule – page 870.
- Plaques commémoratives :
Limoges (87) - Plaques Commémoratives Lycée Gay-Lussac (Mémorial Genweb)
Corgolain (21) – Monument aux morts (Geneanet)
La sévérité du lourd costume militaire n’arrive pas à effacer la jeunesse des traits de Jean Bénac que souligne la douceur de son regard.
Il est né le 1er juillet 1891 à Paris et grandira auprès de parents aimants et chéris.
Elève au Lycée Condorcet, il est licencié en droit à 20 ans, en juillet 1911.
Il prend alors la décision de devancer l’appel et part immédiatement faire son service militaire de deux ans. Engagé comme simple soldat, il sera libéré de ses obligations militaires en septembre 1913 au grade de sergent.
Dès le 2 décembre 1913, il prête serment et est inscrit au stage, devenant le collaborateur de Maître Maurice Bernard. Il n’y restera que peu de temps puisque mobilisé parmi les premiers, il est envoyé sur le front dès le 7 août 1914.
Comme beaucoup d’autres, c’est un enfant qui part, rêvant de gloire et d’un retour rapide et triomphal à l’automne.
Le 21 Août, près de Longwy en flammes, il est blessé à la jambe. Il refuse de partir en convalescence à l’arrière et contre l’avis du médecin major, remonte en ligne par ses propres moyens et se retrouve agent de liaison du train de combat. Il participe en octobre à l’offensive qui arrête l’invasion allemande et laissera son régiment exsangue, avec la perte de plus de la moitié de son effectif et presque tous ses officiers.
C’est en Argonne que, le 26 octobre 1914, il va être désigné pour être commis d’office à la défense de cinq hommes, dont un prisonnier allemand, traduits devant le Conseil de Guerre pour voie de fait sur un supérieur, pillage et/ou de désertion.
Dans une lettre adressée à son « papa chéri », dès le lendemain, il racontera, dans une langue parfaite, à la fois son angoisse d’avoir à assumer une telle mission à laquelle rien ne le préparait, sa satisfaction d’avoir pu contribuer à épargner quatre vies et son horreur d’avoir eu à accompagner jusqu’au poteau d’exécution ce frère d’armes qui, contrairement à lui, n’avait pas eu la force de résister à la terreur des combats.
A l’issue de ce procès, il restera attaché comme avocat au Conseil de guerre de sa division tout en demeurant agent de liaison au 46e RI, jusqu’à fin novembre où il est affecté au service de l’administration de l’Alsace.
Il y travaille sans relâche et agit de tout son cœur en faveur des orphelins alsaciens. C’est dans l’exercice de cette mission que le 14 décembre 1914, il est blessé grièvement par un éclat d’obus, alors que quatre de ses camarades, dont le fils de Louis Barthou, sont tués. Il s'éteindra dans la nuit du 15 décembre à Thann, en Alsace où il fut enterré. On trouve dans le cimetière de Thann un monument qui leur est dédié.
Sa dépouille sera rapatriée en 1928 dans la chapelle que son père fera ériger pour lui dans la propriété de Beg Meil en Bretagne dont le souvenir émaillait ses lettres du front comme un havre de paix et de sécurité pour ceux qu’il aimait, et lui permettait d’affronter sa grande solitude.
Le soin qu’a pris son père à transmettre à l’Ordre la photo de ce fils, à établir la biographie de ce dernier et à remettre au Bâtonnier la copie des courriers qu’il lui avait adressés sont un témoignage de la souffrance extrême de ses parents face à la mort violente, à 25 ans, du fils chéri.
Frédérique Lubeigt.
Citation et décorations :
- Cité à l’Ordre de l’Armée le 11 janvier 1915 avec ses 4 camarades :
« Appelés à collaborer à la première administration française de l’Alsace, se sont donnés avec toute leur intelligence et tout leur cœur, à l’accomplissement d’une œuvre dont ils avaient senti la noblesse et l’honneur ; ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions ».
- Médaille militaire et croix de guerre
- Portrait de Jean Bénac
- Note biographique rédigée par son père, André Bénac
- En souvenir de Adolphe, Edmé, Jean Bénac.
«Echange de lettres, publiées par ses parents en 1915». Collection Ordre des Avocats de Paris.
Extraits :
Lettre à son père du 27 octobre 1914 relatant le procès militaire où il a été commis d’office
Lettre à sa mère du 10 octobre 1914
Note du 31 juillet 1914 laissée dans ses papiers avant son départ
- A la mémoire des soldats tombés au champ d'honneur inhumés à Thann 1914 1918 - Photos du Monument aux Morts de Thann (Haut-Rhin)
- Notice lue par M. Etienne Carpentier, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)
- Citation à l’Ordre de l’Armée
- Mémoire des Hommes : Jean Bénac
- Kérengrimen, chapelle de mémoire. Ouest France, septembre 2013
- "Le patrimoine méconnu de Fouesnant". Fouesnant-les Glénan Magazine – Cahier spécial (2012)