Avocats morts pour la France

Henry Blume naquit le 21 novembre 1887 à Verdun et c’est à une dizaine de kilomètres de son lieu de naissance qu’il mourut le 22 février 1916 à l’âge de 28 ans et 3 mois.

Henry Blume était issu d’une famille juive alsacienne qui, lors de la défaite de la France de 1870 entrainant l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, choisit d’émigrer vers la France et opter pour la nationalité française.

C’est ainsi qu’Ernest Blume, notaire, vint s’établir à Verdun avec Lucie Picard, son épouse. De cette union naquirent Georges en 1882 puis Henry en1887. Les deux frères fréquentèrent le collège de Verdun, leurs noms figurent gravés sur la plaque commémorative située dans le hall de l’établissement. En 1905, alors jeune étudiant en médecine, Henry Blume, devançant son recensement, s’engagea volontairement pour trois ans à la Mairie de Verdun, au grand dam de ses parents ; il n’avait pas encore 20 ans.

A partir de 1907, année de décès son père, envoyé en disponibilité, son certificat de bonne conduite accordé, il poursuivit ses études de médecine et de droit à Paris tout en effectuant des périodes d’exercices dans la 6e section d’infirmiers militaires. Licencié en droit, admis au Barreau de Nancy le 12 juillet 1911, puis au Barreau de Paris le 5 mars 1912 ; licencié ès sciences, nommé externe des Hôpitaux de Paris, le 1er août 1914, Henry Blume fut rappelé à l’activité.

Le 2 août 1914, il rejoignit son corps au service combattant de la 6e section d’infirmiers militaires. Nommé médecin auxiliaire le 28 décembre 1915, il passa au 3e R du Génie, Compagnie 1/13, le 31 décembre 1915. Grièvement atteint à la jambe gauche par un éclat d’obus, entre les villages de Couvemont et Beaumont au premier jour de la bataille de Verdun, le 21 février 1915, Henry Blume fut transporté à l’ambulance 3/51 au Fort de Souville. Il y décéda le lendemain à la suite l’amputation de sa jambe.

Comme nombre de ces juifs alsaciens devenus français, Henry Blume est mort pour la France, le 22 février 1916 à quelques kilomètres de son lieu de naissance, il avait 28 ans et était célibataire.

Au moment du décès de son frère, Georges Blume se bat encore pour la France. Après la victoire de 1918, il devint greffier en chef du tribunal, membre du Conseil Municipal, représentant de la ville de Verdun à l’étranger. En 1944, il décède à Buchenwald.

Léon Brau nait le 4 aout 1875 à Marcorignan dans l’Aude, six ans après son frère Eugène, qui deviendra également avocat au barreau de Paris.

De son enfance, aucun renseignement n’a pu malheureusement être recueilli. C’est vers 1891 qu’il aurait quitté l’Aude. Etait-ce avec ses parents ? Nous savons seulement qu’au début de la guerre, ceux-ci seront domiciliés à Aimé en Savoie.

En 1895, Léon Brau effectue ses classes.

Le 22 juillet 1898, Léon Brau obtient sa licence de droit ce qui lui permettra de prêter serment le 14 décembre de la même année.

Le 27 octobre 1902, il épouse Marie Bourcier à la mairie du 4ème arrondissement de Paris avec pour témoins deux autres avocats à la Cour d’Appel de Paris : Alexandre Guignard et Paul Baranton. Les époux alors résident quai du marché. Ils auront une fille.

Engagé en politique, il se présentera aux élections à la Chambre des députés en 1910 dans le 10e arrondissement de Paris, comme candidat de l'Alliance démocratique. Mais, sans succès.

A la mobilisation, Léon Brau s’engage sous le grade de Lieutenant à l’Etat-Major de la 168ème Brigade d’infanterie. Il sera tué le 25 aout 1914 à Haspres (Nord) dans une embuscade.

C’est sa nièce qui informera le Bâtonnier de son décès : « Monsieur le Bâtonnier ma tante Madame Léon Brau me charge de la triste mission de vous annoncer la mort de mon oncle Maître Léon Brau tombé dans une embuscade le 25 aout à Haspres (Nord) ».

Léon Brau est inhumé à la nécropole nationale d’Assevent.

En février 1915, sa veuve, totalement désemparée, sollicitera du Bâtonnier une consultation afin de recueillir des conseils quant à la liquidation de la succession de son mari.