Pierre, Alexandre Carcanagues voit le jour le 22 septembre 1887 au 18 de la rue Oberkampf à Paris (XIe arrondissement). Il est le deuxième d’une fratrie de quatre garçons, Georges né en 1886, Paul en 1892 et Michel en 1899. Son père, Ingénieur en chef des Mines, Chevalier de la Légion d’Honneur, est ingénieur en chef adjoint du matériel et de la traction de Chemins de fer Paris Lyon Méditerranée.
Les premières années de scolarité de Pierre Carcanagues se déroulent à Arcueil chez les dominicains du collège Albert Legrand et se poursuivent aux lycées Voltaire puis Henri IV pendant que ses frères cadets, Michel et Paul sont scolarisés au lycée Charlemagne. Pierre Carcanagues obtient son baccalauréat au lycée de Nantes où il y reçoit l’enseignement d’un de ses oncles, professeur de philosophie.
A tout juste 18 ans, il s’engage volontairement. Lorsqu’il est libéré, il est sergent.
Licencié en droit de la faculté de Paris le 29 octobre 1909, il entre comme clerc chez Maître Doyé, avoué à la Cour. S’il se destinait à la profession d’avoué, il prête finalement serment d’avocat le 8 octobre 1912 après avoir soutenu brillamment sa thèse de doctorat sur le mouvement syndicaliste réformiste.
Engagé politiquement, il se présente aux élections législatives au printemps 1914, candidat parti radical-socialiste; il brigue la 3ème circonscription du 11ème arrondissement de Paris. Mais en vain.
Le 2 août 1914, la veille de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, Pierre Carcanagues épouse, Mademoiselle Madeleine Steiner. Le couple habite quai Conti à quelques pas du Palais de justice. Tout juste marié, il doit quitter son épouse et Paris pour Melun.
Il rejoint le front après quelques semaines dans le 231e Régiment d’Infanterie. Son frère, Paul est également mobilisé, capitaine du 46e Régiment d’Infanterie, blessé et fait prisonnier dès le 22 août 1914.
Pierre Carcanagues participe à la bataille de la Marne de septembre 1914 puis se déplace dans le secteur nord de Soissons qui est sous le feu permanent de l’artillerie allemande autour de la rivère de l’Aisne. Les troupes françaises tentent de se maintenir sur les plateaux aux abords du Chemin des Dames. Le 8 janvier 1915 commence une opération ayant pour but d’enlever à l’ennemi la ligne de hauteur de la rive droite de l’Aisne qui entoure et domine la ville de Soissons. A la nuit tombée, le 5e bataillon du 231e Régiment d’Infanterie prend la garde des tranchées conquises aux abords de Crouy. Des bombardements très violents, de plus en plus vifs marquent l’hostilité allemande.
C’est dans la nuit du 8 au 9 janvier 1915, en entraînant sa section hors de sa tranchée en reconnaissance et pour prendre position de tireur couché que l’adjudant Pierre Carcanagues est frappé d’une balle en pleine tête. Il a 28 ans. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Le sergent Ribes, Etat-major de la 55e Division écrit au Bâtonnier, le 11 février 1915 : « C'était un être charmant, un esprit rare et curieux dont le commerce était rempli d’un agrément tout particulier. A ses inappréciables dons intellectuels, ce brave ami joignait la plus fine sensibilité et ses plus hautes qualités du cœur. »
Claude Cochin, Lieutenant à l’Etat-Major de la 55e Division, commissaire-rapporteur au Conseil de guerre, député du Nord, évoque lui aussi pour le Bâtonnier les qualités de Pierre Carcanagues : « le talent, la parole claire et pure, souvent ardente, toujours généreuse de celui qui est tombé pour notre Patrie… ».
Aline Hamel-Martinet
Citations et décorations :
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Médaille militaire et Croix de guerre à titre posthume (Journal Officiel du 24 novembre 1920) :
« A toujours servi en brave et excellent sous-officier, donnant en toutes circonstances la valeur de son dévouement. Tombé glorieusement pour la France en janvier 1915 devant Crouy. Croix de guerre étoile d’argent. »