Avocats morts pour la France
Max Vaucorbeil nait le 20 octobre 1880 dans la maison familiale au 59 rue de Ponthieu dans le 8ème arrondissement de Paris.
Son père, Auguste-Emmanuel Vaucorbeil, âgé de 59 ans à sa naissance, est un homme lettré, tour à tour compositeur, commissaire du gouvernement auprès des théâtres subventionnés, inspecteur général des arts puis directeur de l’Opéra jusqu’à son décès le 3 novembre 1884. Max n’a alors que quatre ans lorsque son père meurt, mais il gardera de lui sa noblesse de caractère.
Sa mère, Hannah Sternberg, est cantatrice. Après le décès de son mari, elle enseigne le chant, sa grande passion, avant de succomber prématurément quelques temps plus tard, laissant Max et sa sœur, orphelins.
Après de brillantes études au lycée Condorcet, Max étudie le droit. Licencié le 30 juillet 1903, il poursuit ses études juridiques jusqu’à l’obtention d’un doctorat ayant pour sujet de thèse « Le régime international du Bassin conventionnel du Congo ».
Il est admis au stage le 29 octobre 1907 et est inscrit au tableau le 5 novembre de la même année. Par ailleurs, ses qualités oratoires lui permettent de devenir secrétaire de la Conférence de la promotion 1910-1911, sous le Bâtonnat de Maître Busson-Billaut.
Réformé avant la guerre durant sa période d’instruction militaire, il s’engage malgré tout volontairement le 2 août 1914 en intégrant le 251ème Régiment d’Infanterie comme simple soldat. Il est nommé caporal, puis sergent lors de son départ pour le front.
Il est alors blessé une première fois par balle à la cuisse lors d’une bataille à Soupir (Aisne) mais refuse de se laisser évacuer. Il reçoit alors une balle dans la poitrine et est laissé sur place. Personne n’eut jamais plus de nouvelles de lui. Son corps n’a jamais été retrouvé. Seules ses citations témoignent témoignent pour lui de son courage et de son abnégation.
Géraldine Berger-Stenger
Citations et décorations :
- Cité à l'Ordre du Régiment :
« Le lieutenant colonel Guérin commandant le 251ème Régiment d’Infanterie cite à l’Ordre du Régiment à la suite du combat du 2 novembre 1914 « les sergents Vaucorbeil (…),… sont restés dans la tranchée malgré l’envahissement des allemands et ont été grièvement blessés ».
- Médaille militaire et Croix de guerre à titre posthume
« Ayant refusé d’être évacué, a disparu grièvement blessé » .
- Portrait de Max Vaucorbeil
- Copie de la citation de l'Ordre du jour du 251e RI du 5 novembre 1914
- Lettre de sa soeur au Bâtonnier du 27 janvier 1919
- Notice par M. César Campinchi, Hommage aux Morts de la Guerre. Association amicale des Secrétaires et anciens Secrétaires de la Conférence des Avocats (1929)
- Mémoire des hommes :
« 1,78 m, visage ovale, cheveux et sourcils châtains, yeux gris, front bombé, bouche moyenne et menton rond », la description Marcel Vié sur sa fiche de registre matricule correspond bien au portrait qui nous reste de lui.
Marcel, Auguste Vié est né le 29 janvier 1880, rue Pomeraye à Nantes (Loire-Atlantique). Il est le fils de Toussaint Vié, horloger, et de Joséphine Frédéric Laval. Il a un frère aîné prénommé Frédéric, né le 8 juin 1876 également à Nantes.
Marcel Vié, entreprend des études de droit à la faculté de Rennes. En 1900, il doit effectuer son service militaire. Il est recruté à Nantes sous le matricule 2214. Toutefois, cette obligation militaire sera reportée d’une année puisqu’il est toujours étudiant à cette date.
C’est d’ailleurs en 1900 qu’il sera licencié en droit et admis au serment d’avocat.
Le 14 novembre 1901, Marcel Vié est dirigé sur le 65ème régiment de ligne et nommé sergent le 21 mars 1902. Le 21 septembre 1902, Marcel Vié passe dans la disponibilité. C’est à cette occasion qu’il devient caporal et obtient son certificat de bonne conduite.
En 1905, Marcel Vié démissionne du barreau après avoir passé un concours pour entrer à la Banque de France.
Cette carrière ne semble pas avoir répondu à ses attentes puisqu'il revient vers la profession d'avocat. En 1906, il est réadmis au barreau de Paris.
Le 16 juin 1911, Marcel épouse Henriette, Thérèse Comte, fille de Mr Comte, professeur au lycée Condorcet, à la mairie du 9ème arrondissement de Paris.
Au moment de la mobilisation, Marcel Vié est rappelé dès le 3 août 1914 pour rejoindre le 65ème Régiment d’Infanterie. Le 12 octobre 1914, il est nommé adjudant.
Le 25 septembre 1915 à Mesnil-lès–Hurlus, il est présumé grièvement blessé sur le champ de bataille, personne n’aura plus jamais de ses nouvelles.
Le 2 juin 1916, son épouse n’imagine toujours pas que Marcel ne reviendra pas. Elle écrit au Batonnier : « Monsieur, je m’excuse de vous importuner, mais je viens de recevoir une lettre d’un client de mon mari auquel il m’est impossible de répondre sans m’adresser à vous et avoir encore recours à votre grande complaisance. Je suis toujours sans nouvelles de mon pauvre mari et ne puis avoir d’autres conseils que les vôtres. En 1914, mon mari s’était occupé d’une affaire que vous avez bien voulu accepter de plaider. Or, le client de mon mari, Monsieur Emile Duboc, me demande ce qu’il adviendra, si l’affaire vient avant que l’on puisse savoir quelque chose de certain sur le sort de mon mari. En un mot, il s’inquiète. À mon avis, il a tort de s’inquiéter, mais avant de lui écrire, je me permets de vous demander conseil, ne pouvant naturellement rien prendre sous ma responsabilité. Recevez, Monsieur, avec tous mes remerciements l’expression de tous mes meilleurs sentiments. Thérèse Vié ».
Une visite domiciliaire effectuée par l’Ordre des avocats indique que Maître Vié a été porté disparu au cours de la guerre (1916 - 1917), que le concierge ne connaît aucun membre de la famille.
Fantôme parmi les fantômes, le nom de Marcel Vié figure bien sur le Monument aux Morts du Palais de Justice de Paris, mais son patronyme est absent de la plaque commémorative de l’Ordre des avocats de Paris; il n'est pas davantage inscrit dans le Livre d’or du barreau de Paris…. Pourquoi ?
Marcel Vié, avocat, disparu dans les combats, peut pourtant être considéré comme le 231ème avocat du Barreau de Paris mort au Champ d’honneur pendant la Grande Guerre.
Citations et décorations :
- Pas de citation ni décoration identifiées à ce jour
-
Portrait de Marcel Auguste Vié
-
Lettre de Madame Vié au Bâtonnier (2 juin 1916)
-
Note concernant la visite domiciliaire
- Mémoire des hommes : Marcel Vié
- Archives départementales de Loire Atlantique : Registre matricule, Marcel Vié