Avocats morts pour la France
Robert Vignon qui naquit le 29 novembre 1877 à Melun est le descendant d'une longue lignée de magistrats. Son père fut Conseiller à la Cour, son grand-père vice-Président de la Cour d'Appel de Paris. Bien plus tard, à 29 ans, il épousera Céline Bollaërt dont le père était magistrat.
C’est donc tout naturellement qu'il fit des études de droit, licencié il fut admis au stage le 23 octobre 1899 et intégra le cabinet de Maurice Bernard, agrégé de droit, professeur de droit commercial des facultés, mais aussi futur député du Doubs et aviateur en 1914.
Deux ans plus tard, le 23 octobre 1901, Robert Vignon était inscrit au tableau.
Le regard clair, grand (1,86m), fort, affable et souriant, il avait su nouer au Palais des amitiés solides comme celle qui le liait à Hippolyte Reverdi qui fut tué d'une balle dans la tête à Ypres, le 10 novembre 1914.
Lorsqu'il fut mobilisé, à la fin du mois de juillet 1914, il avait déjà acquis au Palais une notoriété certaine en devenant le conseil d'importantes compagnies d'assurances.
Il intégra dès le début du conflit le 79e régiment d'infanterie territoriale au grade de lieutenant, commandant une compagnie de mitrailleuses.
Dès le début de la guerre son régiment est envoyé sur le front belge, il participera notamment à la bataille des Flandres et il y restera jusqu'à ce funeste printemps 1915.
Le 22 avril, il se trouve avec sa compagnie de mitrailleuses à Boesinghe, le temps est clair, le vent léger, il fait presque chaud quand, à la fin de la journée, monte du front ennemi une vapeur jaunâtre qui s'insinue dans les tranchées et les abris. C'est la première attaque de gaz suffocants qui déchirent les poumons. Des soldats par centaines rendus fous par la douleur, aveugles, crachant du sang refluent en masse c'est alors que les Allemands font donner la mitraille.
Dans ce chaos, Robert Vignon organise une contre-attaque, rassemble ses hommes et monte au front vers le pont de Boeshingue. Frappé d'une balle au poumon, il est ramené en arrière au poste de secours, couché sur un brancard dans l'attente de son évacuation, il est touché par les éclats d'un obus qui l'achève. Il a 37 ans.
Le 3 mai, c'est le Bâtonnier de Paris qui rapportait à sa veuve et à son père la lettre de son confrère et ami Félix Kanouï annonçant la nouvelle de son décès. La guerre fut cruelle pour cette famille, son père, très affecté, mourut d’une attaque, un an plus tard, le 16 avril 1926. La veuve, dont le frère Raymond Bollaert fut tué par un éclat d'obus en août 1918, dut assumer seule l'éducation de ses deux enfants Simone et Hubert, âgés respectivement de huit et cinq ans.
Citations et décorations
-
Citation à l'ordre de l'Armée :
« a brillamment pris part à toutes les actions dans lesquelles sa compagnie a été engagée, depuis le début de la guerre. A été tué le 22 avril, à la tête de sa troupe en contre-attaquant vigoureusement »
-
Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.
-
Portrait de Robert Vignon
-
Lettre de Me Kanouï au Bâtonnier (27 avril 1915)
-
Lettre de son père au Bâtonnier (9 mai 1915)
-
Notice lue par M. Henri Lot, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)
-
Mémoire des Hommes : Robert Marie Clément Vignon
-
Archives Ville de Paris, Registres matricules : Robert Vignon (classe 1897, matricule 825)
-
Gallica :
Albert Vallin nait le 31 juillet 1867 à Juvisy sur Orge (Seine et Oise) dans une famille aisée et cultivée. Son père, Emile, est Docteur en médecine, professeur agrégé à l’école impériale du Val de Grace, membre de l’académie de médecine. Son grand-père maternel, Pierre Vidal, est également médecin. Son oncle maternel, Louis Josias, est avoué à la Cour.
Il étudie à l’Ecole alsacienne. Le 17 novembre 1900, à la mairie du 9ème arrondissement de Paris, il épouse Mademoiselle Amélie Labbée, également fille de médecin. Le couple réside au 52 avenue Bosquet, dans le 7ème arrondissement de Paris. De cette union, nait le 9 octobre 1901 une fille, prénommée Christiane. Son dossier ordinal porte la mention « père de jumelles» au moment de son inscription au stage.
Licencié en juin 1905, docteur en droit, Albert Vallin est également officier en tant que lieutenant au 129ème Régiment d’Infanterie domicilié au Havre (Seine inférieure); puis placé le 25 décembre 1913 en réserve spéciale au 102e RI. Il est admis au stage le 6 janvier 1914.
Dès la déclaration de guerre, il demanda « la première place vide à la tête d’une compagnie ». Après avoir été stationné en garnison à Chartres, il part profondément heureux d’aller défendre son pays avec le grade de Capitaine, au sein du 102ème régiment d’infanterie. Il eut peut-être l'occasion d'y croiser son confrère Gendarme de Bévotte, qui devait périr le 10 août ?
Albert Vallin est désigné rapporteur au Conseil de guerre, puis à partir du 2 septembre 1914, alors que de nombreux soldats sont déjà tombés, il prend la tête du 1er bataillon de la 3ème compagnie.
Après de vifs échanges, il meurt le 9 septembre 1914 à Nanteuil-le-Haudoin d’une balle dans la tête. Son colonel écrira de lui : « Il est mort en brave, à la tête de ses hommes, emportant l’estime, la confiance et le regret de tous ».
La Gazette des Tribunaux avait inscrit à l’époque : « C'est au barreau aussi qu’appartenait le capitaine Vallin. Il avait été officier; il nous appartenait plus qu’un autre parce que juriste très averti, il avait déjà donné sa mesure dans les conseils de guerre où il avait été rapporteur. C’est lui qui avait créé, dans la Revue pénitentiaire et de droit pénal la chronique «Armée et Marine». Inscrit au barreau, il y aurait pris une place remarquée si une balle aveugle, à Nanteuil-le-Haudoin n’avait foudroyé ce vaillant soldat qui savait se battre comme il savait travailler. Il a eu la joie suprême d’être enseveli dans notre première victoire ».
Son épouse écrira au Bâtonnier : « Je sais combien sont honorés, au Palais, les membres du Barreau qui ont donné leur vie pour la patrie, c’est une douce pensée pour ceux qui les pleurent, avec une profonde émotion qui s’incline devant ce monument ».
Géraldine Berger-Stenger
Citations et décorations :
- Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.
-
Croix de guerre à titre posthume :
« Officier des plus distingués, d’une très grande valeur. Avait su conquérir en peu de temps l’estime de ses chefs, l’affection de ses hommes. Fit preuve de véritables qualités militaires les 8 et 9 septembre 1914. Fut tué le même jour, en entrainant, plein d’enthousiasme, sa compagnie à l’attaque de l’ennemi ».
- Portrait d'Albert Vallin
- Hommage à Albert Vallin, Le mémorial de la guerre de 1914 – 1915 - 1916, publié par la Société académique d’Histoire internationale p. 567, 568.
- Extrait de l’ordre général n°535 IV armée Etat major 1er bureau, 2 avril 1916.
- Citation à l’ordre de l’Armée communiquée par Madame Albert Vallin le 23 mai 1916.
- Mémoire des hommes :
- Monument aux morts de l'Ecole Alsacienne à Paris
- Archives de Paris - Registre d'état civil.
- Memorial Genweb : Albert Vallin
- Memorial Genweb :
- Nanteuil-le-Haudouin - Plaques commémoratives de la mairie - par Cédric HOOCK
- Nanteuil-le-Haudouin - Plaques commémoratives de l'église - par Cédric HOOCK
- Paris 01 - Monument commémoratif de l'Oratoire du Louvre - par Adrien TOUSCH
- Paris 06 - Monument aux Morts - par Claude RICHARD
- Paris 07 - Carrousel de plaques - par Laetitia FILIPPI