Avocats morts pour la France
Marcel Roux est né à La Rochelle le 18 août 1888. Il est le fils unique de Gustave Roux, notaire et de Mathilde Eugénie Chichéry dont le père, Joseph Chichéry est également notaire.
Ses parents résident donc à La Rochelle au moment de sa naissance. On les retrouve à Ste Pezenne, à proximité de Niort, au moment où il est appelé sous les drapeaux. Lui est à ce moment là étudiant en droit à Paris. Nous sommes en 1908 et il obtient un sursis pour terminer ses études.
Il obtient sa licence en juillet 1910 et part rejoindre son corps en octobre. Il est incorporé au 7e régiment de Hussards. Il reviendra en octobre 1912. Il entreprend alors un doctorat et est admis au Stage le 10 décembre de la même année.
En 1914, il participe au Concours de la Conférence. A la séance du 4 avril, il plaide pour l’affirmative sur cette question : « A la dissolution d’une communauté, stipulée au contrat de mariage de deux époux, un notaire doit-il faire figurer au compte de cette communauté la propriété même des œuvres littéraires composées par un époux au cours du mariage ? ». C’est la négative qui l’emporte et il ne fera pas partie de cette promotion 1914 à laquelle appartenait son confrère Victor Jolibois, tué à l’ennemi le 28 août 1918.
Mobilisé au début de la guerre, il arrive au corps le 3 août 1914.
En 1915 il rejoint le 9e Escadron du Train (ETEM) (convois automobiles), puis en juin 1916, le 6e ETEM et en janvier 1917 le 20e ETEM, toujours au service automobile.
Il décède à l’ambulance de Villers Cotterêts dans l’Aisne le 29 octobre 1918 d’une « maladie contractée en service commandé ». Très vraisemblablement de la grippe espagnole qui atteint son point culminant en octobre 1918 et décime tout à la fois la population civile et les rangs des armées belligérantes.
Triste ironie du sort, ses parents, dont il est le seul enfant, sont informés de son décès le 11 novembre 1918, jour de liesse générale qui clôt enfin quatre années de guerre avec la signature de l’armistice.
Marcel se réjouissait dans ces dernières lettres à ses parents : il avait survécu à ces douloureuses années et ne pensait qu’à reprendre sa vie « d’avant », être à nouveau avocat, rejoindre le Palais. A 30 ans il avait l’avenir devant lui.
Les combats, les bombardements, les gaz, l’avaient épargné. C’est la maladie qui l’emportera, un parmi les 30 382 soldats français emportés par l’épidémie de grippe espagnole qui ravagea la planète en quelques mois.
Frédérique Lubeigt.
Citations et décorations :
- pas de citation et décoration identifiées
- Portrait de Marcel Marie Gustave Roux
- Lettre de son père au Bâtonnier (19 novembre 1918)
- Bulletin annuel de l’Association amicale des secrétaires et anciens secrétaires de la Conférence des avocats à Paris, 1920
- Mémoire des hommes : Marcel Roux
- Archives des Deux-Sèvres – Registres Matricules – Marcel Roux : Niort 1888 n° 122 (p.178)
- Archives des Charentes Maritimes – Acte de naissance – Marcel Roux : 1888 2E312/755 p.72
- Olivier Lahaie, « L’épidémie de grippe dite « espagnole » et sa perception par l’armée française (1918-1919) », Revue historique des armées [En ligne], 262 | 2011, mis en ligne le 09 février 2011, consulté le 26 octobre 2018.
Pierre de Pimodan est né le 3 octobre 1886 au château de Bizy, près de Vernon dans l’Eure. Magnifique édifice du 18ème siècle, la demeure a appartenu à Louis XIV, au duc de Penthièvre et à la famille Bonaparte. Fontaines, bassins, statues ornent les jardins à l’anglaise peuplés de chênes centenaires. Le château appartient à la famille Albuféra.
Les Rarécourt possèdent, eux, un château à Echenay, dans la Haute-Marne, village dont l’oncle de Pierre, Gabriel de Pimodan, duc de Rarécourt, est maire et conseiller général. La famille vit dans le culte du grand-père de Pierre, le héros de Castelfidardo, Georges de Rarécourt de La Vallée de Pimodan. Né en 1822, il a refusé de prêter serment à Louis-Philippe et s’est mis au service de l’Autriche et des Etats Pontificaux. Il a été tué lors d’un assaut contre les troupes piémontaises sur les hauteurs de Castelfidardo, près d’Ancône, en 1860. Le pape a octroyé le titre de duc à ses descendants, qui l’ont accolé à leur nom Rarécourt.
L’autre héros de la famille est Gabriel, l’oncle de Pierre, qui écrit des poèmes et qui est considéré comme un historien et un poète. Le père de Pierre est le frère cadet de Gabriel, Claude de Rarécourt de La Vallée de Pimodan. Il a épousé Georgina de Mercy-Argenteau en 1885. Pierre est leur premier enfant. Suivront trois garçons et deux filles. Claude de Pimodan est militaire de carrière. Il a été capitaine d’état-major, puis en 1901, lieutenant-colonel. De 1896 à 1898, il a occupé la fonction d’attaché militaire à la Légation de France à Tokyo. Pendant la Grande Guerre, il sera encore « aux armées », comme il l’indique dans une lettre du 29 juillet 1919 au bâtonnier, pour expliquer le retard avec lequel il annonce la mort de son fils.
Très jeune, Pierre de Pimodan s’engage politiquement. Il est royaliste et milite pour l’Action Française. Dès 1905, il appartient à un groupe d’étudiants de l’Action Française, dont il sera Secrétaire général après 1908. Le groupe n’hésite pas à faire le coup de poing dans les manifestations au Quartier Latin. En mai 1908, plusieurs militants de l’Action Française manifestent contre un professeur de la Sorbonne qui avait conduit ses étudiants en voyage à Berlin. La manifestation dégénère en bagarres. Pierre de Pimodan est blessé. L’Action Française le revendique comme son premier blessé. En novembre 1908, il participe à la Sorbonne, avec Les Camelots du Roi nouvellement créés, à l’agression du professeur Thalamas qui avait osé dénoncer l’idolâtrie autour de Jeanne d’Arc. Les militants s’emparent du professeur pendant son cours magistral et le fessent publiquement. Cet engagement n’empêche pas Pierre de Pimodan de poursuivre ses études.
Il est licencié es lettres, puis licencié en droit le 7 novembre 1912. Il est admis à prêter serment d’avocat le 19 novembre 1912 et débute son stage dès le lendemain. Cela ne l’empêche pas de participer aux manifestations des Camelots du Roi. Le 29 avril 2013, Raymond Maignier, un avocat, écrit au bâtonnier : « Mon cher Bâtonnier, je dois te signaler l’arrestation et l’envoi au dépôt d’un de nos confrères stagiaires, de Pimodan. C’est un des Camelots du Roi qui sont intervenus hier pour défendre leur chef Maxime Real Del Sarte. Si tu veux des renseignements, je ne quitte pas le Palais, je serai à la bibliothèque ou à déjeuner au Buffet…». Le 28 mars 1914, Pierre de Pimodan écrit au bâtonnier, sur un papier à lettre de l’hôtel Bristol de Rome, pour solliciter une interruption de deux mois de son stage afin de se rendre quelques semaines en Albanie après avoir du « quitter Paris ». Il évoque un avertissement qu’il aurait reçu de l’Ordre.
Quand survient la mobilisation, en août 1914, Pierre de Pimodan est affecté en qualité de maréchal des logis au 30ème régiment de Dragons. Il est interprète auprès de la Mission militaire française près de l’armée britannique sur le front de Champagne. Dès le début de la guerre, le 25 octobre 1914, la famille est touchée : Henri, né un an après Pierre, capitaine au 237ème régiment d’infanterie, tombe devant Arras, à Saint-Laurent-Blangy. Il a également appartenu au barreau de Paris, mais avait interrompu son stage.
Le 1er février 1916, Pierre est affecté à la mission de Mondésir auprès de l’Armée d’Orient et rentre au dépôt du 30ème Dragons le 10 juillet 1916. Il repart au front, sur sa demande, comme agent de liaison auprès de la 4ème compagnie de mitrailleuses du 53ème régiment d’infanterie coloniale. En octobre, il prend part au combat devant Belloy-en- Santerre. Le 28 octobre, il est définitivement rattaché au 53ème régiment d’infanterie coloniale 6ème bataillon sénégalais. Le régiment passe l’hiver à Langeau, près de Saint-Raphaël et est rappelé au front le 20 mars 1917. C’est à l’occasion d’une permission que Pierre de Pimodan épouse, le 25 juin 1917, Alix de Brossin de Méré. Il a 30 ans et sa jeune épouse, 29 ans.
Fin juillet 1917, sa compagnie stationne dans l’Oise, puis dans l’Aisne à partir du mois d’août. En septembre, elle est transférée dans le secteur de Fismes où elle est amenée à combattre en première ligne du 9 octobre au 16 novembre. Ensuite, elle est envoyée se reposer dans le midi de la France. Pierre de Pimodan, qui avait parfaitement rempli ses fonctions d’agent de liaison, rentre au dépôt du 30ème Dragons et se fait affecter, le 7 février 1918, au 500ème Régiment d’Artillerie d’assaut. La guerre l’a usé et il est malade depuis longtemps. Malgré les avis formels des médecins militaires et civils, il n’a jamais voulu s’arrêter.
Le 31 mai 1918, il rentre de permission et s’apprête à rejoindre son régiment dans la région de Compiègne. Il est à la gare de Noisy-le-Sec quand il est frappé par une insolation. Il est immédiatement évacué vers un hôpital où il succombe le jour même. La mention Mort pour la France lui sera accordée. Un mois plus tard, le 2 juillet 1918, sa femme mettra au monde son fils, qu’elle prénommera Pierre.
Michèle Brault.
Citations et décorations
- Pas de citation connue.
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Lettre de Raymond Maignier au bâtonnier du 29 avril 1913
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Lettre de Pierre de Pimodan au bâtonnier du 28 mars 1914.
- Lettre de Claude de Pimodan au bâtonnier du 29 juillet 1919
- Mémoire des Hommes : Pierre de Rarécourt de la Vallée de Pimodan
- Généanet : Pierre de Pimodan
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Gallica : Note historique et biographique sur la famille de Rarécourt la Vallée Pimodan
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Gallica : Gabriel de Pimodan et l’Action Française : L’Action Française du 14 novembre 1932
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Memorial Genweb : DE RARÉCOURT DE LA VALLÉE DE PIMODAN Pierre Georges Laure Henry Claude
- Memorial Genweb : monuments commémoratifs
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