Avocats morts pour la France
Il est le premier de ces 231 avocats qui vont être emportés dans cette tragédie.
Qu’il est beau ce jeune homme, né le 25 juillet 1891 à Brévannes (Seine et Oise) dans une famille bourgeoise et cultivée. Fils unique d’un père très aimant, Georges, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, professeur de rhétorique puis Inspecteur général de l’Instruction publique et d’un grand-père magistrat d’Aix-en-Provence, Abel Gendarme de Bévotte sera amené à déménager régulièrement au gré des mutations de son père : Aix, Nice, Montpellier, Dijon, Versailles, Paris.
Après avoir terminé des études et avoir été diplômé de l’Ecole de Sciences Politiques, il obtient, à la faculté de Paris, le 8 juillet 1911, le diplôme de licence en droit. Il prête serment le 31 octobre 1911 et est inscrit au Tableau le 9 décembre 1911. En 1912, il demandera une « suspension de stage de deux ans pour service militaire » et s’engagera au sein du 102ème Régiment d’Infanterie où il sera ainsi noté « excellent sergent, très courageux ».
Mobilisé le 2 août et envoyé immédiatement au front, il sera au contact avec l’ennemi dès les tous premiers jours de la guerre. C’est ainsi que le 10 août 1914, le Sergent Abel Gendarme de Bévotte, « chef de patrouille et de reconnaissance », est frappé d’une salve de mitraillette à Billy-sous-Mangiennes, petit village de Woëvre septentrionale à une dizaine de kilomètres au nord-est de Verdun.
Dès le lendemain 11 août, Antonio Coen, confrère et camarade d’Abel Gendarme de Bévotte « se fera un devoir » d’écrire au Bâtonnier et « de lui remettre une petite note au sujet de [sa] mort héroïque ». Il explique que dans la nuit du 9 au 10 août 1914, les premier et deuxième bataillons subirent de nombreuses salves d’artillerie.
« La septième compagnie en avant-garde y envoya une patrouille avec l’ordre de pousser jusqu’à la crête. Le Sergent Gendarme de Bévotte s’offrit pour la commander. Avec trois hommes il s’approcha rapidement de la cote 250 qui lui avait été désignée comme objectif. A peine y parvenaient-ils, qu’ils étaient accueillis par un feu violent d’infanterie et par le crépitement d’une mitrailleuse : les allemands occupaient la lisière du Bois de Warpremont à moins de deux cents mètres. Gendarme de Bévotte ne voulait pas reculer aussitôt, mais désireux sans doute de se rendre compte des forces de l’ennemi, il s’accroupit derrière un buisson sur la crête ; le buisson était sans doute un point de repère pour la mitrailleuse et notre courageux ami y fut frappé de plusieurs balles dont une le tua presque instantanément. Son dévouement dévoila au bataillon la présence de l’ennemi qui fut obligé d’abandonner le bois de Warpremont. C’est ainsi que le corps de Gendarme de Bévotte a pu être ramené à Billy et recevoir sa sépulture dans le cimetière du village. » Antonio Coen précisera : « Je vous écris des tranchées où le calme de la nuit n’est troublé que par quelques éclatements d’obus derrière nous : décidément on n’est à l’abri qu’en première ligne ! Je vous souhaite Monsieur le Bâtonnier de passer des vacances sans angoisses. La rentrée je l’espère verra notre situation singulièrement affermie ».
Au moment de son décès, il est fiancé à Juliette André-Michel, qui échappera à son destin de « veuve blanche » en épousant en 1921 René Bouvier, industriel et essayiste.
Son père, qui avait reçu le prix de l’Académie Française, inconsolable, consacrera son talent à lui dédier un livre : Notre fils : vie d’Abel Gendarme de Bévotte mort le 10 août 1914.
En 2013, le conseil municipal de Gonfaron, berceau de sa famille, lui rendra hommage en donnant son nom à une rue de la commune.
Géraldine Berger-Stenger.
Citation et décoration :
- Cité à l'Ordre :
« Excellent sergent, très courageux. S'est distingué le 10 août 1914 comme chef de patrouille et de reconnaissance : a été tué en venant rendre compte de sa mission sous un feu violent d'infanterie ».
- Médaille militaire avec Croix de guerre à titre posthume.
- Portrait d'Abel Gendarme de Bévotte.
- Lettre d’Antonio Coen au Bâtonnier en date du 11 aout 1914.
- Note d'Antonio Coen relatant les circonstances de la mort d'Abel Gendarme de Bévotte.
- Faire-part de décès.
- Mémoire des Hommes :
Abel Gendarme de Bévotte
JMO 102e RI - Base Leonore, Légion d’Honneur : Dossier de son père
- Délibération du Conseil municipal de Gonfaron : attribution de son nom à une rue de la ville
-
Plaques commémoratives et Monuments aux morts (MémorialGenWeb) :
Plaque commémorative 1914-1918 de la faculté de Droit de Paris - Panthéon
Plaque commémorative, Ecole libre des Sciences Politiques - Paris
Plaque commémorative du lycée Hoche – Versailles (78)
Monument aux Morts de Gonfaron (83) - Bibliographie :
Notre fils : Vie d'Abel Gendarme de Bévotte mort pour la France le 10 août 1914, Georges Gendarme de Bévotte - consultable à la BNF
John Singer Sargent and his Muse, Karen Corsano & Daniel Williman, Rowman & Littlefield
Né en février 1881 à Villegly dans le département de l’Aude, Michel Gaubil effectue son service militaire en 1902, où il est affecté au 100e Régiment d’infanterie de Narbonne.
Nommé caporal en 1903, il est mis en disponibilité pour faire ses études de droit. Il s’installe à Paris, avant de prêter serment à l’Ordre des Avocats de Paris le 13 mars 1906.
Mobilisé le 2 août et engagé comme sergent au 22e régiment d’infanterie coloniale de Marseille, il est d’abord cantonné à Morières près d’Avignon. Puis il embarque en train le 21 août avec son régiment, pour Genicourt puis Luzy, où il arrive le 24 août.
16h30 : ouverture du feu, la bataille commence. Michel Gaubil est rapidement blessé à l’ennemi et évacué à l’ambulance n°5 des troupes coloniales.
Il décède, à l’âge de 33 ans, à l’ambulance à Vaux-en-Dieulet dans les Ardennes.
Citation :
- « Le pauvre enfant n’a pas eu le temps d’être décoré car il a été blessé mortellement […] » (extrait réponse à demande d'information).
- Notice lue par Pierre Cathala, Livre d’Or - Groupe des Anciens combattants du Palais, Livre d’Or - Groupe des anciens Combattants du Palais - Tome 1 (1930)
- Mémoire des Hommes : Michel Gaubil
- Monument aux morts de Villegly
- Plaque commémorative dans l’église de Villegly.