Avocats morts pour la France
Rien ne prédestinait Pierre Ginisty, né le 8 mars 1884 à Genève, à être frappé d'une balle en pleine poitrine le 24 décembre 1914 à Ypres.
Il vécut une enfance heureuse et littéraire, Paul Ginisty, son père, écrivain, était un proche de Maupassant. Paul Ginisty, directeur de théâtre de l'Odéon, puis inspecteur des Monuments de France, s'attacha à lui donner une instruction littéraire ouverte sur le monde. Licencié en droit, mais également diplômé de l'école des langues orientales, il a mené une double carrière puisqu'il se partageait entre le Barreau et les Lettres.
Admis au Stage le 12 novembre 1907, il fut élu 11ème secrétaire de la Conférence pour la promotion 1913-1914.
En décembre 1910, il épousa Anne-Marie Brisson, dont le passé familial l'ancrait un peu plus dans le monde littéraire du début du siècle. En effet, son épouse Anne-Marie n'était autre que la petite-fille de Francisque Sarcey, son père Adolphe Brisson, journaliste, écrivain, directeur des Annales, avait épousé Yvonne Sarcey, critique théâtrale, son beau-frère, Pierre Brisson, devait diriger le Figaro. Cette imprégnation dans le milieu littéraire le poussa tout naturellement à écrire lui-même, en qualité de collaborateur aux Annales Politiques et Littéraires. Il commit également les "Croquis du Palais", puis il commença une carrière d'auteur dramatique.
La guerre va interrompre cette double carrière. Officier de réserve, il est mobilisé et envoyé, dans l'attente des mouvements du front, dans le midi de la France, à Pézenas. Il usera de ses relations pour monter le plus rapidement possible au front. Ce n'est qu'au mois de décembre qu'il quittera enfin Béziers pour Dunkerque, puis Ypres.
Il descend dans les tranchées le 22 décembre; le 24 au matin, avant de monter au combat, il adressera une carte de vœux de Noël au Bâtonnier. Blessé à mort le 24 dans l'après-midi, il continuera, couché dans la tranchée, à commander l'assaut :«Je suis perdu, mais qu'importe si nous avons la victoire !» Ce seraient, selon son Colonel, ses dernières paroles.
Cité à l'Ordre de l'Armée, il recevra, à titre posthume, la Légion d'Honneur, son père écrira alors au bâtonnier : « Mais qu'est-ce que cela dans mon chagrin… ».
Son nom figure sur la plaque commémorative du Panthéon dédiée « Aux écrivains morts pour la France ».
Marie-Alice Jourde.
Citations et décorations :
- Cité à l'Ordre de l'Armée :
« Mortellement blessé pendant qu'il reconnaissait une tranchée ennemie, n'a pas voulu se faire panser avant d'avoir transmis son commandement. A donné l'exemple de la plus haute fermeté d'âme disant, avant de mourir, à ses hommes : «Je suis perdu, mais qu'importe si nous avons la victoire !».
- Croix de guerre. Chevalier de la légion d'honneur à titre posthume.
- Portrait de Pierre Charles Léon Ginisty
- Carte adressée au Bâtonnier (24 décembre 1914)
- Notice par M. Paul-François, Hommage aux Morts de la Guerre. Association amicale des Secrétaires et anciens Secrétaires de la Conférence des Avocats (1929)
- Mémoire des Hommes : Pierre Ginisty
- Les Trompettes Marines : Les plumes fauchées - Pierre Ginisty
- Barnabé ou le crime du boulevard Picpus ou l'acquitté peu reconnaissant, Paris : Les Annales Politiques et Littéraires, 1913.
- Croquis de palais [comédie en un acte en prose, Paris, Supplément aux Annales Politiques et Littéraires du 6 avril 1913.
- Memorial Genweb : Pierre Charles Léon Ginisty.
- Mémorial Genweb
- Paris 05 - Plaques commémoratives des écrivains (Panthéon) - par Stéphane PROTOIS
- Paris 05 - Plaque commémorative 1914-1918 de la faculté de Droit - par Gérard DOUCET
- Paris 09 - Monument aux Morts - par Claude RICHARD
- Paris 09 - Monument commémortatif de la SACD - par Claude RICHARD
- Paris 09 - Livre d'Or du ministère des pensions - par Stéphane PROTOIS
- Ypres (Ieper), province de Flandre Occidentale - Nécropole nationale Saint-Charles de Potyze - par Jean-Paul CAMPADIEU
Jean Felix Guerrier naît le 14 avril 1888 à Paris dans la maison familiale au 49 rue Oberkamp dans le 11ème arrondissement d’un père propriétaire. Après des études au lycée Louis le Grand, il « fait son droit » à Paris. Il est licencié le 8 novembre 1909 et admis au serment le 16 novembre de la même année. Il est inscrit au stage le 14 décembre 1910.
Appelé sous les drapeaux, le 28 octobre 1912, Jean Felix Guerrier écrit au Bâtonnier pour solliciter une suspension de stage. Il est affecté à l’époque au 150ème Régiment d’Infanterie basé à Verdun.
En août 14, il est mobilisé au 41ème régiment d’infanterie au grade de sergent-fourrier. Le 16 juin 1915, Jean Félix Guerrier meurt à Ecurie-Roclincourt dans le Pas de Calais.
Géraldine Berger-Stenger
Citations et décorations :
- Citation posthume.Croix de guerre, étoile de bronze.
« Sous-officier courageux et dévoué : glorieusement mort pour la France, le 16 juin 1915, en Artois » (JO du 30 mai 1922).
- Carte de M. Léon Plessis, son beau-père, annonçant son décès (17 juin 1919)
- Diplôme de licence en droit
- Mémoire des hommes : Jean Félix Guerrier
- Mémoire des hommes : JMO 41e RI