Avocats morts pour la France
Bernard Cabannes est né dans le Cantal, à Montsalvy, le 11 juillet 1875.
Son père Paul François Cabannes est « commis à cheval des contributions indirectes » et sa mère, Lucie Bolly, sans profession. Bernard sera leur seul enfant.
Il fait ses études de droit à Paris. Ses parents résident à cette époque à Boissy Saint Léger. Il est licencié en novembre 1899 et dans la foulée, le 20 décembre de la même année, il est inscrit au Stage.
Pas de photo dans son dossier, ni en civil, ni en soldat, ni en robe d’avocat. Seulement quelques indications, toujours lapidaires, dans son registre matricule : cheveux châtains, yeux bleus, menton à fossette, 1,60m.
Le 3 octobre 1912, il se marie à la mairie du XIIe arrondissement, avec Catherine Arbogast, une alsacienne originaire d’Eckwersheim près de Strasbourg. Ils ont respectivement 37 et 27ans.
Bernard Cabannes semble se plaire dans cet arrondissement de Paris : demeurant tout d’abord au 15 rue Parrot, il vit ensuite au 61 rue de Lyon où son épouse le rejoint ; puis s’installera 10 de la rue Michel Chasles.
Lorsque la guerre éclate, il doit partir dès le 3 août rejoindre le 36e Régiment d’Infanterie Territoriale. Il est caporal.
Sa principale inquiétude n’est pas pour lui mais pour sa femme qu’il va laisser avec peu de ressources et s’exprimant encore dans un français hésitant. Il écrit le 2 août à son Bâtonnier pour la mettre sous sa protection. « Ma femme et moi sommes sans fortune et je pars demain. Pour le cas où je ne reviendrais pas, je vais vous supplier, Monsieur le Bâtonnier, vous le chef de notre Ordre qui m’avez toujours montré tant de bienveillance, de ne pas l’abandonner. »
De fait, jamais le Bâtonnier, ni le Conseil, ne l’abandonneront. En avril 1916, Bernard Cabannes, qui n’a pas quitté le front de Verdun depuis le début des hostilités, se résout à solliciter une aide pécuniaire car leurs économies ont fondu et la guerre dure … Son épouse se retrouve ainsi dans un grand dénuement. Le Conseil votera dans la foulée de cette demande une aide de 100 francs mensuels pour Mme Cabannes, comme il le fit pour de nombreuses familles d’avocats partis au combat. Cette avance sera transformée en secours annuel par décision du Conseil en mai 1920.
« Ma reconnaissance est inexprimable, car votre générosité en me donnant la certitude que, grâce au Conseil et à vous, ma femme n’aura pas à craindre la misère redouble mon courage et, dégagé de toute inquiétude à son égard, je me sens la force d’attendre tout le temps qu’il faudra pour donner à notre pays la victoire que nous devons remporter. » (Lettre du 18 mai 1916)
Bernard Cabannes est nommé sergent en septembre 1917, puis est affecté au 19e RI.
En juin 1918, son abnégation et ses actions sur le front lui vaudront une citation à l'Ordre du régiment.
Mais il tombe gravement malade et doit être évacué. Il décèdera des suites de cette maladie le 13 septembre à l’hôpital de Fleury les Aubrais, près d’Orléans. On ne sait pas de quelle maladie il s’agissait, mais certainement d’une affection contagieuse ou épidémique (typhus, choléra, typhoïde, grippe espagnole …). C’est en effet à ce titre que son épouse sera reconnue pensionnée de guerre. (Décret du 3 avril 1920 Journal Officiel 13 juillet 1920 p. 9988)
Frédérique lubeigt.
Citations et décorations
- Cité à l'Ordre du régiment n° 50 du 2 juin 1918 :
« Très bon sous-officier animé du sentiment élevé de ses devoirs. S’est toujours fait remarqué par son dévouement et son courage, notamment du 23 au 30 avril dans les Flandres tant aux travaux que dans les ravitaillements exécutés en première ligne sous le bombardement continu de l’ennemi »
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Lettre de Bernard Cabannes au Bâtonnier (2 août 1914)
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Lettre de Bernard Cabannes au Bâtonnier (30 avril 1916)
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Lettre de Bernard Cabannes au Bâtonnier (18 mai 1916)
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Lettre de Mme Bernard Cabannes au Bâtonnier (25 septembre 1918)
- Mémoire des Hommes : Bernard Jean Paul Etienne Marie Cabannes
- Archives départementales des Yvelines
- Archives départementales du Cantal - Montsalvy :
Acte de naissance : 1861-1882 (5 Mi 241/2) acte n°15
- Archives de Paris:
Acte de mariage 3 octobre 1912, XIIe arrondt - 1212M 221
Acte de décès / transcription acte du 01/12/1918 n° 5090 - 12D310
- Pages consacrées au 19e RI :
http://19emeri.canalblog.com/archives/14__mars_avril_1918___nesle___roye___montdidier/index.html
Fils de Gilbert comte de Chauvigny de Blot, négociant et de Marie Nieps, Henri, Charles, Édouard de Chauvigny de Blot voit le jour le 5 janvier 1887 à Troyes dans l’Aube. Il est le frère de Joseph (né en 1882) et de Marie-Thérèse (née en 1888) et de Geneviève (née en 1889).
Élève à Saint-Dizier (Haute-Marne) puis étudiant à Paris en droit, le 5 octobre 1905, à 18 ans, Henri de Chauvigny de Blot s’engage volontairement à la Mairie de Troyes pour trois ans avec la demande de bénéficier des dispositions de l’article 23 de la loi du 15 juillet 1889 lui permettant après un an de service militaire de reprendre ses études. Son certificat de bonne conduite accordé, il est libéré et reprend ses études de droit l’année suivante. Le 29 juin 1909, licencié en droit, lauréat de la faculté de droit de Paris, il demande son admission au stage. Henri de Chauvigny de Blot prête le serment d’avocat le 6 juillet 1909.
Avocat, il poursuit son cursus universitaire et prépare un doctorat de droit qu’il obtient en 1912 dans le but de devenir avocat à la Cour de cassation. Il collabore à la rédaction du recueil Sirey dont le directeur de l’époque, Olivier de Gourmont retenait de lui « l’esprit fin et pénétrant, curieux d’approfondir les problèmes les plus difficiles ».
En 1913, le 25 juin, Henri de Chauvigny de Blot épouse Jeanne Munier, fille de Léon Munier fabricant de papier à Bessé-sur-Braye dans la Sarthe où la réception du mariage a lieu à côté des Usines Munier. De cette union suivront trois Enfants : Jacques, né le 24 avril 1914, Marie-Cécile, née le 19 juillet 1917 et le dernier, Henri, né posthume, le 22 février 1919.
Dès l’appel de la patrie, Henri de Chauvigny de Blot rejoint son régiment, le 360ème Régiment d’Infanterie, le 4 août 1914. Le 25 août 1914, dans le combat de Houéville, Henri de Chauvigny de Blot est grièvement blessé et évacué. Après quelques mois, tout juste remis, il regagne le front. Il est alors affecté au groupe des brancardiers régimentaires cumulant cette fonction avec celle d’avocat au Conseil de guerre. Il recueille sa première citation pour avoir, le 1er octobre 1915, relevé en plein jour plusieurs blessés restés sur les lignes.
En février 1916, Henri de Chauvigny de Blot est versé au 360e Régiment d’Infanterie. Nommé caporal, le 13 avril 1918 à la 23ème compagnie puis sergent, le 31 mai 1918, à la 22ème compagnie, celle du commandant Mercier, qui s’illustre particulièrement dans des missions périlleuses dont celles des 13 au 26 août 1918, qui vaut au sergent Chauvigny de Blot une nouvelle citation pour avoir rapporté des renseignements précieux.
Le 6 septembre 1918 à Ugny-le-Gay dans l’Aisne, à la tombée de la nuit, au moment où venant de faire avec sa section un bond en avant, le sergent Chauvigny de Blot est mortellement blessé par un tir d’avion ennemi. Évacué vers l’ambulance d’Auneuil, il meurt pour la France, le 7 septembre 1918, il a 31 ans, il laisse une veuve et trois enfants, dont le dernier posthume porte son prénom.
Aline Hamel-Martinet.
Citations et décorations
- 1° Cité à l’Ordre de la Division : « Le 1er octobre 1915 a fait preuve du plus grand sang-froid dans l’accomplissement de son service en allant relever en plein jour, plusieurs blessés restés entre les lignes. »
- 2° Cité à l’Ordre : « Modèle de courage et d’abnégation, toujours volontaire pour les missions périlleuses. Au cours des opérations du 13 au 26 août 1918, a fait preuve de solides qualités militaires, a exécuté notamment une reconnaissance difficile, rapportant des renseignements précieux. »
- 3° Médaille militaire et Croix de guerre avec palme. « Sous-officier d’une haute valeur morale, exemple d’énergie et d’abnégation. A été grièvement blessé à son poste de combat, le 6 septembre 1918. Deux blessures antérieures. »
- Portrait de Henri de Chauvigny de Blot
- Carton de Citation à l’ordre du régiment
- Carton de Médaille militaire
- Lettre de Henri de Chauvigny de Blot au Bâtonnier du 7 décembre 1917
- Lettre de Thesmar (qui transmet la citation de Henri) au Bâtonnier du 25 octobre 1915
- Mémoire des Hommes : Henri de Chauvigny de Blot
- Archives de l’Aube : Fiche matricule de Henri de Chauvigny de Blot
- Historique du 037ème régiment d'infanterie. France. 1914-1918 (O 7139) - Argonnaute.
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Gallica : Le Figaro du 2 juin 1913 - Avis de mariages - p.8
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Le Moniteur de Papeterie Française et l’Industrie du Papier du 1er juillet 1913 – Echos divers - Mariages p.313
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Gil Blas du 1er mai 1914 - Naissances de Jacques Chauvigny de Blot– p.2
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Le Gaulois du mardi 19 novembre 1918 - Nécrologie – p.2
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La Croix du 23 novembre 1918 – Nécrologie
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Tableau d’honneur, Morts pour la France – p.216 - CHAUVIGNY DE BLOT (Henri de)
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Journal Officiel - 8 février 1919 – p.1469 : Médaille Militaire DE CHAUVIGNY DE BLOT (Henri-Charles-Edouard)
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Bulletin revue / Société d'émulation et des beaux-arts du Bourbonnais – Tome XXIIe - Membres de « la société d’émulation » morts à la guerre - Henri de Chauvigny de Blot - p.398 et s.
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Essai généalogique sur la maison de Chauvigny de Blot en Auvergne et en Bourbonnais (A la mémoire de Henri - Charles - Édouard de Chauvigny de Blot)
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Essai généalogique sur la maison de Chauvigny de Blot en Auvergne et en Bourbonnais, ascendance de Henri de Chauvigny de Blot, p.60 et précédentes, p.66.
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Essai généalogique sur la maison de Chauvigny de Blot en Auvergne et en Bourbonnais, descendance de Henri de Chauvigny de Blot, p.65
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Essai généalogique sur la maison de Chauvigny de Blot en Auvergne et en Bourbonnais, Photographie de Henri Chauvigny de Blot
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Essai généalogique sur la maison de Chauvigny de Blot en Auvergne et en Bourbonnais, Lettre du 7 octobre 1918 de Mercier, Chef de Bataillon au 360e RI, Secteur 128 à Joseph de Chauvigny de Blot, Lieutenant au 356e RI – p. 61 à 65.
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Mémorial Genweb :
Moulins (Allier) - Plaque commémorative société d'émulation du Bourbonnais
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) - Plaques commémoratives église Jeanne d'Arc
Saint-Aubin (Côtes d’Or) - Monument aux Morts
Saint-Aubin (Côtes d’Or) - Plaque commémorative
Saint-Dizier (Haute-Marne) - Plaque commémorative 1914-1918 (Hall de École Secondaire et Technique de l'Immaculée Conception – ESTIC)
Bessé-sur-Braye (Sarthe) - Monument aux Morts
Paris (VIe) - Plaques commémoratives 1914-1918, église Saint-Sulpice
Paris (VIe) - Plaques commémoratives 1914-1918 de la mairie