Dès sa naissance, le 11 avril 1888 à Paris, il était prédestiné à être avocat. Il entra dans la carrière avec pour modèle son prestigieux grand-oncle, le Bâtonnier Oscar Falateuf.
Ce parent, « Bâtonnier de l’Ordre », et son frère Octave, avocat à la Cour d’appel de Paris, sont témoins de son père, Henri-Max Thomas, lors de la déclaration de sa naissance.
En 1907, alors qu’il est encore mineur, son père entreprend une démarche pour que son fils soit autorisé par décret à porter le nom de Falateuf. Il s’appellera désormais Henri Thomas-Falateuf. Il est vrai que ce grand-oncle, disparu en 1900, a laissé une empreinte forte et encore fraiche quand Henri choisit sa voie. Les grandes causes qu’il a défendues, politiques, faits divers ou actualités mondaines, ainsi que son talent oratoire retentissant ont maintenu un souvenir très vivace lorsque son petit-neveu débute ses études de droit.
Ancien élève du collège Stanislas, Henry Thomas-Falateuf est licencié en lettres à 19 ans, puis se consacre au droit et soutient une thèse de doctorat sur les finances françaises sous la seconde République. Très chrétien, il s’est engagé dans les rangs de l’Action Française. Il est inscrit au tableau du stage le 18 février 1913.
Entretemps, il est devenu le plus jeune conseiller municipal de France, dans la commune de Saint-Menoux dans l’Allier. L’avenir s’annonce brillant pour ce jeune homme, récemment marié, père d’une petite fille de quelques semaines, quand la mobilisation vient interrompre la course de son quotidien.
Sur les bancs du collège, il avait écrit : « Si nous appartenons à un Etat tel que la France, nous devons la servir avec fidélité, être bon patriote, et lui donner notre sang quand elle le demande». La France lui a demandé son dû et Henri Thomas-Falateuf rejoint dans l’enthousiasme le 2ème Régiment de Hussards, comme Maréchal des Logis-Chef. Toutefois, ce régiment de cavalerie n’a guère l’occasion de s’illustrer dans la guerre moderne et mécanique qu’imposent les Allemands.
Henri Thomas-Falateuf, qui ne supporte pas de rester dans le cantonnement réservé à son régiment, demande à être affecté au front. Il devient agent de liaison du 2ème Régiment Mixte de Zouaves et Tirailleurs, un régiment appartenant à l’Armée d’Afrique, comme on désignait les troupes algériennes et d’Afrique du Nord en général (Algérie, Maroc, Tunisie). Les tirailleurs sont plutôt algériens et les zouaves européens. Du fait de leur qualité guerrière éprouvée, ils participent aux combats les plus durs et l’apport de cette armée, en particulier la division marocaine, sera décisif. Henri Thomas-Falateuf participe à la première bataille de Champagne, en mars 1915 ce qui lui vaut d’être cité à l’Ordre de sa Brigade, son courage est encore salué lors de la 2ère bataille de la Woëvre. Son rôle est primordial et dangereux : il s’élance vers les premières lignes pour leur communiquer informations et ordres et revient rendre compte, puis continue ses allers et retours dans les tranchées et boyaux sous les bombardements et mitraillages incessants.
Entre ces missions, il plaide devant le Conseil de Guerre pour obtenir la clémence des juges militaires.
Au mois de mai 1915 son régiment se transporte en Artois et va se trouver engagé dans la 2ème bataille d’Artois au Nord-Ouest d’Angres, vers le Fortin des Abattis. Après des préparatifs poussés à l’extrême, l’offensive est lancée le 9 mai 1915. Il s’agit de reconquérir du terrain et de porter un coup d’arrêt à l’hégémonie allemande et montrer que les « Boches » ne sont pas invincibles. Après un succès dû à l’effet de surprise, les troupes sont clouées au sol par l’artillerie allemande. Les semaines qui vont suivre sont marquées par de violentes attaques et contre-attaques. Les soldats « boches » attaquent les tranchées à la grenade. L’armée allemande a renforcé son artillerie et pilonne avec acharnement. Les lignes tiennent. Les pertes sont immenses. Edouard Oursel, un soldat du 236° R.I. écrit dans son carnet : « Jamais je n’ai encore vu pareille boucherie, les corps en bouillie, les membres projetés un peu partout, on marche sur les cadavres ».
Le 16 juin, une nouvelle attaque est déclenchée vers midi. Des progrès sont réalisés dans la conquête du plateau de Notre-Dame-de-Lorette. Edouard Oursel écrit : « Les Allemands bombardent les tranchées et les boyaux y conduisant, je suis enfoui trois fois sous de la terre, j’en suis quitte pour changer de place ». Le soir du 16 juin, les hommes épuisés, abrutis de fatigue et de bruit, se réfugient dans les tranchées pour essayer de trouver un peu de repos. Les obus continuent à pleuvoir sans discontinuer. L’un d’eux explose dans le réduit où Henri Thomas-Falateuf s’était endormi. Lui et 4 hommes sont ensevelis et ne seront retrouvés que le lendemain matin.
Ce même jour, sa médaille militaire, la médaille que son oncle, le Bâtonnier Falateuf trouvait la plus belle des médailles sur une robe d’avocat, arrive. Dans une lettre du 25 juillet 1915, sa mère écrit au Bâtonnier : « Je ne puis renoncer sans peine à toutes les espérances, à tous les rêves d’avenir que j’avais formés pour le dernier des Falateuf ».
Citations et décoration :
-
Cité à l’Ordre de la Division (Aix-Noulettes, 10 juin 1915) :
« A assuré la liaison de jour et de nuit d'une façon intelligente entre son bataillon et le régiment, sous le feu violent d'artillerie et d'infanterie.»
-
Cité à l'Ordre de l'Armée (Les Eparges, 29 avril 1915) :
« Au cours d'un combat très violent, le 29 avril, a montré une ardeur et un courage merveilleux. A rempli les missions les plus périlleuses sous un feu extrêmement meurtrier. A rendu les plus grands services dans la transmission des ordres et la recherche des renseignements.»
- Médaille militaire