Prunet Michel portrait 1937
 
 
 
 Prunet Michel suspension stage 1943
 
 
 
 
 Prunet Michel avis mutation 1943
 
 

Alias « Lieutenant Michel ».

Michel Prunet est né le 24 décembre 1920 à Paris dans le 7e arrondissement cité Vaneau.

Son père, Paul Albert Prunet est né en 1886 à Limay. Il est issu d’une famille protestante originaire d’Aurillac dans le Cantal. Après ses études de droit, il effectue un stage complet de clerc d’avoué puis obtient son inscription d’avocat stagiaire au barreau de Paris en février 1909. Barreau dont il démissionnera en 1911 pour finalement intégrer la profession d’avoué. Tout d’abord installé à Provins, il s’établira finalement à Meaux, dont il deviendra le maire de 1929 à 1936.

Mobilisé dans l’Infanterie en août 1914, il sera gravement blessé aux jambes et à la hanche en septembre, en conduisant une attaque de sa section. Il en conservera toute sa vie une légère claudication. Réformé définitivement, il retourne à la vie civile.

En 1917, il épouse Germaine Drouant. Ils auront 4 enfants. Michel a un frère ainé, Albert, né en 1919 qui reprendra l’étude d’avoué de leur père lorsque celui-ci décèdera en février 1944. Viennent ensuite un jeune frère, François, et une petite sœur Marie Thérèse.

Nous n’avons que peu d’informations sur sa jeunesse si ce n’est qu’il fut, avec son frère Albert, et dès son plus jeune âge, un excellent joueur de golf, membre du Country Club de Deauville et plusieurs fois cité dans les pages sportives des journaux dans la meilleure compagnie.

Lorsque la guerre éclate, Michel, né en 1920, n’est pas mobilisable. Il poursuit donc ses études de droit à la faculté de Paris et obtient sa licence en droit en juillet 1941. Il prête serment le 25 novembre 1941 et se domicilie au 267 rue de l’Université. Il effectue sa 1ère année de stage chez Me Roger Danet, avoué à Paris et entame parallèlement un doctorat.

La guerre se poursuit sous d’autres horizons. Dès 1942, l’Allemagne, qui a ouvert un front en Russie en 1941, se trouve face à un manque de main d’œuvre à la fois dans ses usines et dans ses campagnes. Le IIIe Reich décide de mettre à contribution les territoires occupés dont la France pour remplacer les travailleurs allemands partis sur le front de l’Est. Le régime de Vichy se montre très coopératif avec, dans un 1er temps, la politique de la « relève » lancée par Laval : trois ouvriers volontaires contre un prisonnier de guerre. Cette opération est un fiasco. Le gouvernement de Vichy est contraint de légiférer.

La loi du 16 février 1943 instaure le Service du Travail Obligatoire (STO), pour les jeunes gens âgés de 20 à 22 ans, permettant d’envoyer en Allemagne une main d’œuvre jeune et gratuite, réquisitionnée pour travailler dans les usines et dans l’agriculture.  Près de 250 000 réfractaires vont dès lors commencer à s’éparpiller dans la nature. Environ 40 000 rejoindront les premiers maquis qui voient ainsi grandement s’étoffer leurs effectifs.

Michel Prunet reçoit son avis de mutation pour le Service de Travail Obligatoire en date du 30 Juin 1943. Il est considéré comme avocat étudiant jusqu’au 4 juillet 1943 et doit se présenter au centre d’affectation de Melun le 5 juillet. En cours de thèse, il obtient après de multiples démarches et grâce à l’appui de son « président de thèse » un bref sursis étudiant jusqu’à octobre.

Il va mettre à profit ce sursis pour disparaître rapidement.  Dès l’été, il rejoint tout d’abord le maquis de Haute-Savoie. Il y reste peu et préfère descendre vers le maquis de la Drôme, plus actif et mieux organisé. Nous sommes en octobre 43. Il est nommé adjoint du capitaine Fanget, responsable de la zone Drôme-Nord.

En janvier 1944, le chef départemental FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) Drouot (dit « L’Hermine ») le désigne comme chef du maquis de Combovin alors en formation, dans le sud-ouest du massif du Vercors. Il est nommé lieutenant. Il s’installe tout d’abord dans une ferme abandonnée (la ferme Peyri) où il organise l’entraînement de ses hommes dans une discipline quasi militaire. Son groupe grandit rapidement grâce à de nouvelles recrues qui les rejoignent régulièrement. Ils doivent alors quitter la ferme, pour une installation plus grande à Mourras. Michel a organisé ses hommes en 5 sizaines, avec un chef et un nom pour chacune : Valmy, Aiglons, Bara, Bayard et Alexis. L’entrainement intensif reprend malgré les intempéries, la neige, le froid, le vent glacial. Début mars, les Groupes mobiles de réserve (GMR), unités de police organisées de façon paramilitaire, créées par le gouvernement de Vichy, se préparent à investir Mourras. L’état-major de Valence ordonne l’évacuation des lieux afin d’éviter un affrontement inutile et de sauvegarder ses hommes. Michel devra dissoudre momentanément sa troupe. Ils se retrouveront tous, 10 jours plus tard, à Montoison pour rejoindre leur nouveau fief, au château d'Anse perché au-dessus des gorges d’Omblèze.

Là encore Michel fait preuve de ses qualités de commandement et d’organisation. Il développe un système de défense rigoureux à tous les points stratégiques : multiplication des sentinelles, installation d’une mitrailleuse, relais téléphoniques, guetteur à l’extérieur du château, sentier dynamité à faire sauter en cas d’attaque. Il équipe ses hommes d’uniformes de gendarmerie qui n’arriveront jamais à leur destinataire, l’École de Gendarmerie de Romans…

Le 15 avril « l‘Hermine » monte au château pour rencontrer Michel. Le lendemain, ce dernier le reconduit en moto à Plan-de-Baix où ils sont attaqués par les GMR dans le cadre d’une vaste opération de nettoyage lancée par la Milice et la Garde. Ils réussiront à s’échapper et Michel rejoindra le château d’Anse. Les GMR et la milice sont cependant à leurs trousses et veulent s’emparer de la place forte. Le 21 avril, ils montent vers Omblèze, le brouillard est tel qu’ils ne peuvent l’atteindre. Michel reçoit l’ordre d’évacuer pour se replier à la ferme d’Ambel, où il doit se préserver dans l’attente du Débarquement. Il obéit malgré son désir d’en découdre. La ferme a été incendiée par la milice et le « Maquis Michel » retourne s’isoler sur le plateau de Combovin et dans plusieurs fermes.

Le 4 juin, il se trouve à Saint-Jean-en-Royans où il doit à nouveau rencontrer l’Hermine. Dénoncé, il est arrêté avec son chauffeur par la police allemande en venant récupérer sa voiture déposée dans un garage. Ils sont emmenés à la prison de Montluc à Lyon, et déclarés otages.

Michel Prunet sera fusillé le 12 juillet avec 27 autres otages à Toussieu au lieu-dit La Perrière.

Une femme, témoin de ce massacre, raconte : « vers 18h20, je me trouvais dans un champ lorsque je vis arriver un convoi composé de trois voitures dont deux tractions avant et une camionnette. Quelques temps après je vis descendre des Allemands en uniforme, armés de mitraillettes. Aussitôt suivirent des hommes en civil, enchaînés deux par deux. Les Allemands les firent agenouiller dans le pré, la face tournée du côté opposé à eux. Trois Allemands se placèrent à quelques mètres derrière le groupe et tirèrent des rafales de mitraillettes. Ensuite ils les achevèrent individuellement d’un coup de revolver. […] La fusillade terminée les Allemands montèrent dans les voitures et s’en allèrent. »

Le 14 juillet 1944, les vingt-huit corps furent inhumés au cimetière de Toussieu « en présence d’une foule considérable ».

Il repose aujourd’hui dans la Nécropole Nationale de Vassieux en Vercors, Carré B, rang 7, tombe 178. Une rue de Crest porte son nom depuis le 4 octobre 1992.

Un monument fut érigé en mémoire des vingt-huit victimes rue du 12 juillet à Toussieu, inauguré le 8 juillet 1945.

Dans les jours suivants l’arrestation de Michel Prunet, le Débarquement deviendra enfin une réalité. Le second débarquement, cette fois-ci en Provence, est proche. Mais, alors que le Vercors était jusque-là peu quadrillé par l’Armée allemande, son commandement prend conscience de l’importance stratégique du lieu dans lequel se sont regroupés de nombreux maquis, dont les effectifs ont considérablement grossi. Les GMR et la milice ont subi plusieurs échecs et ne peuvent seuls les combattre.  Plusieurs bombardements vont s’abattre sur Vassieux les 13 et 14 juillet, avant l’offensive massive lancée à partir du 21 juillet. Offensive à laquelle les maquisards trop peu et mal armés ne peuvent faire face. Le 23 juillet, après 56 heures de combats, ordre leur est donné par leurs chefs de se disperser. L’opération « Bettina » a mobilisé dix mille soldats allemands et s’est accompagnée d’effroyables représailles tant sur les maquisards blessés que sur les civils, hommes, femmes et enfants.

 Frédérique Lubeigt.

 

Croix de guerre avec palme.

Médaille de la Résistance à titre posthume - Décret du 15/10/1945 (JO 20/10/1945).

Homologué officier des Forces françaises de l’Intérieur : Lieutenant.

 

Dossier administratif de Michel Prunet.

 

Archives Historiques de la Défense :

Caen : AC 21 P 140115.

 

Dictionnaire biographique Le Maitron :

Michel Prunet, biographie de Robert Serre, Jean-Luc Marquer.

 

Musée de la Résistance en ligne :

Michel Prunet.

Tombe des 28 patriotes –dont 4 Drômois – détenus à Montluc et fusillés le 16 juin 1944 à Saint-Didier-de-Formans (Ain)

Carte des camps des maquis du Vercors.

 

Procès-verbal de gendarmerie : déposition du témoin

 

Association nationale des pionniers et combattants volontaire du Maquis du Vercors :

Le Vercors résistant

 

Chemins de mémoire :

la nécropole nationale de Vassieux-en-Vercors.

1943 : les conséquences du STO dans la création des maquis  Fabrice Grenard Historien et chef du département « recherche et pédagogie » à la Fondation de la Résistance

 

Gallica-Retronews :

Le Figaro, 2 novembre 1944 : p. 2 Faire part de décès

Le Figaro,  22 aout 1937,  Photo de Michel Prunet lors d’une compétition de golf

 

Wikipedia : Groupe mobile de réserve  GMR  - Cf note 1  Action du 16 avril 1944 :  Anna Balzarro, Le Vercors et la zone libre de l'Alto Tortonese – Récits, mémoire, histoire, éd. L'Harmattan, Paris, 2002.

 

Bibliographie :

Jacques Poujol, Protestants dans la France en guerre, 1939-1945 - Dictionnaire thématique et biographique, Les Éditions de Paris, 2000.

 

 

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