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Weill Raynal citation brigade 1916
 
 
Weill Raynal Maurice genealogie
 
 
Weill Raynal lettre nom 1924
 
 
Weill Raynal Parisien 1941
 
 
Weill Raynal lettre septembre 1942
 
 
Weill Raynal derniere lettre 1942
 
 
Weill Raynal Maurice jumelles

Maurice Joseph, Moïse Weill naît le 15 mai 1886 à Tours, dans l’Indre-et-Loire. Son père, Horace Abraham Weill, est polytechnicien (X1876) et il a choisi d’intégrer le corps des Ponts-et-Chaussées. Aussi a-t-il été affecté, en sa qualité de jeune ingénieur, d’abord à Cherbourg, puis à Tours en janvier 1885.

Comme il est d’usage à l’époque, Maurice, le premier né, s’est vu adjoindre les prénoms de ses ascendants, Joseph Raynal et Moïse Weill.

Le père de Maurice est issu d’une famille juive alsacienne qui s’est installée à Paris vers le milieu du 19ème siècle. Famille bourgeoise, qui considère que l’appartenance religieuse relève de la sphère privée, la famille Weill ressent un profond sentiment d’attachement à la France et à la République.

Les grands-parents paternels de Maurice, Adam Weill et Eugénie Lévy, sont des rentiers, anciens bijoutiers. Ils sont séparés. Adam est né en 1816 à Hagenthal-le-Haut, dans le Haut-Rhin et Eugénie est originaire de Mulhouse. Quant au père d’Adam, l’arrière-grand-père de Maurice, qui se prénommait Moïse, il était rentier à Besançon. Telles sont les situations qui apparaissent sur les documents d’état-civil, mais il est probable qu’avant d’être rentier, Moïse a connu une vie de labeur. On ne disait pas retraité à l’époque.

Horace Weill a épousé à Paris, en décembre 1884, Emmeline Sarah Sophie Raynal, âgée de 19 ans. Le marié a 27 ans.

La famille de la mariée est prestigieuse. Elle a donné au pays des entrepreneurs, des hommes politiques et des intellectuels. Emmeline appartient à la bourgeoisie juive républicaine, parfaitement intégrée, implantée en France depuis plusieurs générations.

Le premier de cette lignée de Raynal est Isaac Moïse Salomon, dit Alexandre Raynal. Il est l’arrière-grand-père d’Emmeline, la mère de Maurice Weill-Raynal. On trouve la trace d’Alexandre Raynal à Bordeaux où il s’est installé comme commerçant en 1786. Il est né à Coblence, en Allemagne, en 1761. Le 17 octobre 1808, à Bordeaux, est définitivement enregistré le changement de nom de la famille Salomon qui devient officiellement Raynal, comme le rapporte l’historien Jean Cavignac dans sa thèse sur les Israélites bordelais de 1780 à 1850. Il est probable qu’Isaac Salomon, devenu Alexandre Isaac Raynal, a voulu marquer ainsi sa volonté d’intégration en France. Et se protéger de l’antisémitisme.

Le fils d’Alexandre, Napoléon Isaac, nait en 1793 à Bordeaux. Il est l’arrière-grand-père de Maurice. Napoléon Raynal s’installe à Paris. Il exerce la profession de banquier. Sa femme, Esther Sophie Emmeline Rodrigues-Henriques, native de Bordeaux elle aussi, donnent naissance à trois garçons : Joseph, le grand-père maternel de Maurice, en 1837, puis David en 1840 et Léon en 1843.

La famille Raynal reste implantée à Bordeaux. Les frères cadets de Joseph, David et Léon, y sont installés. Léon est importateur de charbon et un membre important du Consistoire.

Quant à David Raynal, le grand-oncle, il est le parfait exemple du « fou de la République » pour reprendre l’expression de l’historien Pierre Birnbaum. Franc-maçon, investi politiquement au sein de la gauche républicaine, il partage ses combats, tel celui de la laïcité. Il travaille d’abord dans la banque Pereire. Puis, en 1862, il fonde, à Bordeaux, la maison d’armateur Astruc et Raynal. Il occupe le grade de capitaine d’état-major pendant la guerre de 1870. En 1874, il débute une carrière politique qui va le mener à exercer de hautes responsabilités : conseiller général du 2ème canton de Bordeaux de 1874 à 1880, député de la Gironde de 1879 à 1897. Son amitié intellectuelle avec Gambetta marque son parcours. Il est nommé sous-secrétaire d'Etat aux Travaux publics dans le premier cabinet Ferry du 28 septembre 1880 au 14 novembre 1881, ministre des Travaux publics du ministère Gambetta du 14 novembre 1881 au 30 janvier 1882 et dans le second cabinet Jules Ferry du 21 février 1883 au 6 avril 1885 puis ministre de l’Intérieur du gouvernement Casimir-Périer du 3 décembre 1893 au 30 mai 1894. Il est élu sénateur de la Gironde en 1897, mandat qu’il ne rendra qu’à sa mort en 1903. Ses funérailles seront suivies par un millier de personnes, dont les plus hauts responsables politiques nationaux et représentants de l’Etat. David Raynal est l’orgueil de la famille. Sa réussite et sa notoriété conduiront les Weill à vouloir ajouter le nom de Raynal à leur nom de famille. Peut-être aussi, comme Isaac Salomon, pour mieux marquer leur intégration. Rappelons que les juifs français s’inscrivent tous, à cette époque, dans un mouvement d’assimilation.

Le grand-père maternel de Maurice, Joseph Raynal, est notaire à Paris, à une époque où les notaires juifs sont peu nombreux. On n’en dénombre que 4 en 1867. Les 3 autres sont Léon Goudchaux, Armand Halphen et Emile Fould. Joseph Raynal décède à 35 ans, la notice nécrologique indique « membre du Conseil Municipal de Paris, du Conseil général de la Seine, du Consistoire Israélite de Paris ». Sa femme, Esther Rachel Sophie Beaucaire, décède 8 ans plus tard, en 1872. Elle avait 35 ans.

La mère de Maurice, Emmeline Raynal, est orpheline de ses deux parents lorsqu’elle épouse Horace Weill.

Le séjour tourangeau ne dure que 18 mois. Horace est appelé à travailler sur le chantier du chemin de fer de la petite ceinture de Paris. La famille revient à Paris où Etienne Marc Isaac, le frère cadet de Maurice, voit le jour le 9 décembre 1887. Etienne sera docteur ès lettres, agrégé d’histoire, militant socialiste, journaliste et écrivain.

Les travaux d’Horace Weill sur le chemin de fer parisien lui valent la Légion d’honneur en 1892.

L’Affaire Dreyfus qui débute au milieu des années 1890 secoue la famille. Elle explique l’engagement ultérieur d’Etienne et celui, immédiat, d’Emmeline Weill, la mère de Maurice. Emmeline ne reste pas inactive, elle rejoint les groupes de soutien à Alfred Dreyfus et se rapproche d’intellectuels et de responsables socialistes, militant pour l’instruction publique et une autre forme d’économie que le capitalisme. Emmeline participe à la création d’universités populaires, en particulier celle du 18ème arrondissement. Elle donne des cours et des conférences. En 1903, elle appartient au groupe des fondateurs de la Société des logements hygiéniques à bon marché, qui construit 4 immeubles dans Paris. Après la première guerre mondiale, elle entre au Conseil d’administration de l’office public d’HBM (Habitations Bon Marché) de la ville de Paris. En 1926, elle joue un rôle actif dans la création de la revue La Vie socialiste. Les années 30 la voient s’affirmer et prendre une place importante au sein des instances du parti socialiste, notamment en faveur du droit des femmes.

Voilà la femme forte qui a élevé Maurice.

Voilà la riche histoire familiale dans laquelle il baigne.

La famille habite 66, rue de la Chaussée d’Antin dans le 9ème arrondissement. Maurice fréquente le lycée Condorcet.

En 1906, ce jeune homme aux cheveux et aux yeux châtains, au visage ovale, d’une taille d’1,76 m - ce qui est grand pour l’époque - est convoqué, avec sa classe d’âge, pour accomplir son service militaire. La médecine militaire lui détecte une affection organique du cœur. Son dossier indique qu’il est étudiant en sciences. Son papier à lettres professionnel de 1924 ne comporte que la mention « Docteur en droit ». Une lettre de 1931 montre que cette mention est précédée du titre de « Licencié ès sciences ». En fait, Maurice a d’abord été tenté de suivre la voie paternelle et d’être polytechnicien, lui aussi. Son échec au concours d’entrée le détourne de la carrière d’ingénieur. Il sera avocat.

Maurice obtient sa licence en droit le 23 juin 1910. Dès le 28 juin, il demande à être admis au stage du barreau de Paris. Sa demande est accompagnée d’une lettre de Maître Jacques Dulud, avoué près le tribunal civil de la Seine, datée du 27 juin 1910, auprès duquel Maurice a travaillé : « M. Maurice Weill travaille dans mon étude depuis 2 ans. Je ne puis donner sur lui que les renseignements les plus élogieux à tous les points de vue. Et je connais la famille de monsieur Weill depuis fort longtemps. L'un de ses parents, maître Jean Raynal, avocat à la Cour de cassation, a été clerc dans mon étude pendant plusieurs années. M. Maurice Weill habite chez ses parents avec lesquels je suis en relations ». Jean est le fils de Léon Raynal et cousin germain d’Emmeline Weill-Raynal. Il est né en 1874 à Paris, était avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation.  Membre du Comité central de La Ligue des Droits de l'Homme, il a été maire de Morsang-sur-Orge, dans l’Essonne, de 1912 à 1920, date de son décès. Une rue, où se situe l'Hôtel de Ville, et un sentier portent son nom.

Maurice est admis au stage le 28 juin 1910. Le dossier de l’Ordre n’indique pas chez qui il effectue son stage. Il est juste fait mention d’un rapport rédigé par Maurice pour la Ligue des Droits de l’Homme sur une demande d’intervention en sa faveur de Paulin Sibran.

Maurice se marie le 21 octobre 1912 avec Mathilde Suzanne Germaine Dreyfus. Jacques Dulud est l’un de ses témoins. La jeune épouse, dont le nom d’usage est Suzanne, a 22 ans. Son père, Charles Dreyfus, est décédé. Propriétaire d’un grand magasin, il a été un membre actif de l’Administration des Temples, terme générique des lieux de prières, ici synagogues. La mère de Suzanne s’appelle Emilie, Clémence Berr. Ce sont deux des frères de Suzanne, Georges et Robert Dreyfus, qui sont les témoins de la mariée. Georges est avocat au barreau de Paris.

Maurice a le bonheur d’avoir un fils le 2 octobre 1913. L’enfant est prénommé François, Charles, David. Eclate la guerre en août 1914. Maurice n’est mobilisé qu’à partir du 23 février 1915. Il semble que sa santé ait provoqué une décision de réforme en 1906, qu’il a contesté lors du déclenchement de la guerre, car son dossier fait état d’une décision du Conseil de Révision de la Seine du 14 décembre 1914 qui l’affecte au service armé. Il est versé au 8ème régiment d’artillerie, mais admis à suivre les cours de perfectionnement, dès le mois de juin 1915, à l’école d’Application de l’Artillerie à Fontainebleau. Il en sort aspirant. Il est dirigé en octobre vers le 15ème régiment d’artillerie, puis en décembre, il rejoint le 115ème, qui est un régiment d’artillerie lourde. Il est promu lieutenant en 1916 et occupe la fonction d’officier orienteur. C’est lui qui dirige le positionnement des pièces lourdes d’artillerie et leurs tirs. Cela lui vaudra deux citations et la Croix de guerre.

Son épouse Suzanne a eu la douleur de perdre son frère Paul, en juillet 1916, au champ d’honneur, lors de la Bataille de la Somme. Mais un deuxième enfant vient agrandir la famille en 1918 : Jean-Paul, qui nait en Savoie. Maurice est démobilisé le 19 mars 1919. Le 24 mars, il adhère à l’association des Anciens Combattants du Palais. Il reprend son cabinet et fait figurer le nom de Weill-Raynal sur son papier à en-tête.

Le 23 mars 1921, il sollicite son admission au tableau, qui lui est accordée avec effet rétroactif au 5 avril 1911.

Moins d’une semaine plus tard, le 29 mars 1921, il devient l’heureux père de jumelles, Emmeline et Marianne. Maurice, qui voulait des garçons, comme tout homme de son époque, va adorer ses filles. Il partagera sa passion du piano avec Emmeline et son amour des sciences avec Marianne.

Le 1er juin 1924, Maurice s’adresse au secrétaire du Conseil de l’Ordre pour lui demander de l’inscrire sur l’annuaire des avocats sous le nom de Weill dit Weill-Raynal. Il joint une liste des différentes utilisations du double nom et l’on constate que son père Horace se faisait également appeler Weill-Raynal. Il ajoute que Maître Gabriel Raynal, avocat à la Cour, 74 boulevard Raspail, ne s’oppose pas à son admission. Dans une décision du conseil de l’Ordre du 1er juillet 1924, ce dernier fait droit à la demande, Maurice figurera au tableau sous le nom revendiqué.

C’est seulement le 29 décembre 1934 que parait, au Journal Officiel, la demande formulée par Maurice, son frère Etienne et son fils majeur, François, d’ajouter à leur nom celui de Raynal et de s’appeler Weill-Raynal. Cette publication officielle permettait de recueillir d’éventuelles oppositions. L’histoire familiale rapporte qu’un dénommé Raynal s’est opposé et que la procédure d’adoption du nom de Raynal n’a pu aboutir. Les Weill sont restés Weill-Raynal dans l’usage, mais ils sont Weill dit Weill-Raynal pour l’administration. Un décret de 1958 viendra officialiser ce double nom.

Au barreau, le domaine d’intervention de Maître Maurice Weill-Raynal est le droit des affaires, et plus particulièrement le droit immobilier et le droit des sociétés. C’est un civiliste qui plaide parfois devant le tribunal correctionnel en matière de droit pénal des affaires.

En 1931, il intervient dans un dossier de société en participation pour l’exploitation d'un immeuble et le confrère adverse lui fait grief devant l’Ordre d’avoir communiqué des conclusions d’irrecevabilité. Son client, le comte de Janssens, atteste en sa faveur : « Pour éviter toute difficulté à mon avocat, Maître Maurice Weill dont je profite de l'occasion pour vous le dire j'ai toujours apprécié depuis que je le connais le dévouement et la discrétion, je viens vous informer que je retire les conclusions par lesquelles j'avais excipé de la non-recevabilité de l'appel... »

La même année, l’Ordre est questionné par le procureur général sur les mérites de Maurice en vue de l’attribution de la Légion d’honneur. Le bâtonnier donne les éléments de réponse en crayonnant dans la marge de la lettre : « Honor ». L’Ordre considère que Maurice remplit avec honneur sa fonction d’avocat. La distinction est attribuée à Maurice le 23 décembre 1936 au titre de sa qualité d’officier assimilé de justice militaire.

Le 8 juillet 1937, Maurice envoie deux lettres à l’Ordre pour obtenir l’autorisation d’accomplir des actes qui ne sont pas propres à la profession d’avocat. Dans la première, il expose qu’il est conseil de longue date du directeur d’une société mutuelle de prévoyance et demande de pouvoir se substituer à celui-ci, qui est en province, dans les discussions avec la direction des assurances privées du ministère du travail. La seconde lettre, datée du même jour, indique qu’il est le conseil des secrétaires des parquets près le tribunal et près la Cour et que ceux-ci ont souhaité que Maurice accompagne la délégation qui ira voir le nouveau garde des sceaux. Dans les deux cas, c’est un refus net qu’oppose l’Ordre en la personne du bâtonnier Etienne Carpentier. Dans ses annotations, il répond que « l’autorisation est impossible sa règle est absolue » pour la substitution au client et qu’il « regrette de ne pouvoir accorder cette autorisation pour une démarche qui n’a rien de professionnel » pour l’accompagnement de la délégation.

Le 15 novembre 1937, à la mort de son père, Maurice demande au bâtonnier à pouvoir lui succéder dans le poste d’administrateur de la Société des Maisons à Gradins, fondée en 1913 et qui a eu pour objet la construction d’un immeuble sis 26, rue Vavin dans le 6ème arrondissement. La société a loué la majorité des appartements à ses actionnaires dont Maurice, son père Horace et son frère Etienne. C’est encore un refus qui lui est opposé : un avocat ne peut être avocat et administrateur d’une société, quand bien même abriterait-elle des intérêts familiaux. Peut-être son frère Etienne a-t-il occupé le siège ?

1939 : Maurice a 53 ans. Il compte bientôt 30 ans d’exercice professionnel. Ses qualités sont reconnues par ses pairs et ses clients. Il mène une vie familiale heureuse. C’est un homme droit, soucieux de respecter les principes essentiels de la profession d’avocat – toutes ses lettres le montrent, respectueux, intègre, exigeant avec lui-même. Il est fier du parcours français de sa famille. Il est fier de son père polytechnicien décoré de la Légion d’honneur, il est fier de David Raynal et de tous les Raynal. Il fréquente un peu la synagogue, pas trop, plutôt par fidélité à ses racines que par foi. Il est heureux d’être Français. C’est un honneur et il est prêt à donner son sang pour sa patrie.

Début septembre 1939, la guerre déclarée, Maurice est rappelé à l’activité et affecté au tribunal militaire de la 10ème division d’infanterie. Dès le 24 novembre, sa radiation est proposée par la commission de réforme. En effet, son état de santé ne lui permet pas d’exercer sa mission. Le dossier médical mentionne : « Cyphoscoliose très prononcée à concavité droite. Déformation thoracique. Scléroses de varices des 2 membres inférieurs (méthode sclérosante). Gros souffle systolique râpeux au niveau de la pointe du cœur disparaissant dans la position couchée sans propagation notable vers l’aisselle et vers le dos. Extra systoles typiques isolées. Hyperémotivité. Prognathisme du maxillaire inférieur. » Maurice est très malade et son état doit lui causer des souffrances permanentes. Il a pourtant voulu s’engager, servir son pays. Il est rayé des cadres des officiers assimilés de justice militaire le 12 janvier 1940 pour raisons de santé.

Son fils ainé, François, a également été mobilisé en 1939. François a fait des études brillantes. Il a été lauréat du concours général et est diplômé de l’Institut de Sciences politiques. Il a intégré le Conseil d’Etat. Dès la mobilisation, François a été affecté au 3ème bataillon de Chars. Maurice est fier que François fasse son devoir de soldat français, mais il est inquiet d’avoir un fils au Front. François est lieutenant et à ce titre, il a pris le commandement de la 3è compagnie après la mort de son capitaine. Il est grièvement blessé le 17 juin 1940 à Villampuy, dans l’Eure-et-Loir, par un coup d’obus direct sur son char R35. L’armistice est signé 5 jours plus tard. François a été évacué vers un hôpital de Poitiers. Il y décède le 5 juillet des suites de ses blessures. Il n’a pas 27 ans. Il va être déclaré Mort pour la France. 3 ans auparavant, il avait épousé Edith Kravecas-Kravetz, une Lituanienne née à Kaunas. Un petit Bernard Horace est né en 1938.

Et puis, c’est la défaite qui se concrétise. Les Allemands qui envahissent Paris et les premières lois scélérates de Vichy. La loi du 11 septembre 1940, au texte bref, restreint l’accès au barreau aux personnes de nationalité française « à titre originaire, comme étant né d’un père français ». Une exception est également prévue pour les anciens combattants.

La famille s’est provisoirement éloignée de Paris et réfugiée à Chablis, dans l’Yonne. Maurice n’a pas lieu de s’inquiéter. Il est Français, fils et petit-fils de Français, et plus loin encore. Et il est ancien combattant. Il remplit le questionnaire adressé par l’Ordre en indiquant « grand-père français père français ingénieur en chef des ponts et chaussées fils tué courant guerre 39 carte du combattant numéro 139. 182 ». Le rapporteur conclut de façon lapidaire : « français fils de français » Dans cette ambiance délétère où la haine et l’antisémitisme s’expriment au grand jour, Maurice poursuit son activité. Comme il était courant à cette époque, son cabinet et son domicile ne font qu’un, rue Vavin. Il a recueilli sa belle-fille Edith et le petit Bernard. L’atmosphère est lourde, triste. Jean-Paul fait médecine. Les jumelles ne savent si elles pourront poursuivre leurs études.

Les juifs n’ont plus le droit d’être fonctionnaire. Etienne, le frère de Maurice, professeur agrégé, est radié de l’Education nationale. Maurice peut espérer qu’exerçant une profession libérale, il échappera à ces interdictions. Mais l’étau se resserre. Non seulement sur les juifs étrangers, mais également sur les juifs français. Encore insidieusement en 1940 et 1941. On n’ose pas les déporter tout de suite, on les stigmatise avec le port de l’étoile jaune et on les exclut de la société.

Le 16 juillet 1941 est promulgué le décret qui règlemente l’accès des juifs à la profession d’avocat. Il institue un numerus clausus de 2%, comprenant les anciens combattants, et autorise le Conseil de l’Ordre à proposer des dérogations. Maurice n’a pas le temps de se préoccuper de sa situation professionnelle. Il est arrêté le 21 août 1941 à son domicile, 26 rue Vavin dans le 6ème arrondissement, par la police française. Tous les documents indiquent que c’est en qualité d’« avocat israélite » que Maurice est arrêté.

Pendant la 1ère Guerre mondiale, Maurice, en sa qualité d’officier, disposait d’une ordonnance, un soldat chargé de s’occuper de son intendance. Ce dernier s’était attaché à Maurice. Les deux étaient restés en contact épisodique. L’ordonnance, dont la famille a oublié le nom, était entrée dans la police après la guerre. Apprenant les arrestations imminentes, le policier qu’il est devenu prévient Maurice. Mais Maurice, légaliste comme un homme du droit sait l’être, refuse de se soustraire et de se cacher. Il croit que le droit est avec lui. Il est Français et ancien combattant. Il a donné un fils à la France.

Habitant le même immeuble, Etienne, le frère de Maurice, est également arrêté et passe seulement quelques jours à Drancy. Il a attrapé le typhus dans le camp et l’état sanitaire est tel que le médecin allemand qui inspecte les lieux, effaré par le manque d’hygiène et par le risque de contagion, ordonne la libération des 100 prisonniers les plus malades. Etienne est du nombre. Heureusement pour lui. Il quitte aussitôt Paris et se réfugie en zone libre jusqu’à la fin de la guerre.

Maurice a été arrêté avec de nombreux confrères. Il semble que les avocats du barreau de Paris « cueillis » chez eux au petit matin soient au nombre de 49 auxquels s’ajoutent deux avocats à la Cour de cassation, Lyon-Caen et Mayer. Parmi eux, Jacques Frank, Pierre Masse, Elie Kowner, Theodor Valensi, Gaston Weill, Robert Bilis, Edmond Bloch, …

Ils sont tous transférés à Drancy. En août 1941, le camp de Drancy n’est composé que de carcasses d’immeubles. Les travaux n’ont jamais été achevés. Les murs sont nus, les vitres manquent à la plupart des fenêtres, les toilettes sont inexistantes … Au bout de quelques jours, même la personne la plus soigneuse prend un air hâve et négligé. C’est l’effet voulu pour donner ces avocats juifs en pâture à la presse collaborationniste et les isoler de la population. Le Petit Parisien du 12 septembre 1941 titre « 50 avocats du barreau de paris se sont rencontrés au camp de concentration juif de Drancy » :

« Sept hommes alignés sur un rang. Sept avocats du barreau de Paris. Certains eurent dans une période aujourd’hui mal définie, une notoriété. Me Pierre Masse, sénateur, appartint au conseil de l’Ordre. Me Théodore Valensi mit une grande facilité verbale au service de causes diverses. Me Edmond Bloch eut des activités multiples. Me Maurice Weill-Raynal et Me Gaston Crémieux furent des civilistes. Me Albert Ulmo et Me Maurice Azoulay, moins connus, tirèrent pourtant du barreau de profitables ressources. »

Profitables ressources ? Tout simplement la rémunération de leur travail d’avocat. L’article est non signé, lâchement. Le journaliste, qui lèche la botte de l’ennemi qui étrangle son pays, développe fielleusement sur le traitement des juifs internés et joue, en particulier en ce qui concerne les avocats, sur la différence de milieu social en leur faveur qui leur avait permis d’être épargnés. En clair, non seulement ils sont juifs, mais ce sont des priviliégiés. On sent la jalousie haineuse qui éclot dès qu’elle en a l’occasion. Habillée d’antisémitisme, elle montre son visage hideux. La photo qui illustre l’article de première page montre les 7 avocats alignés. Bien habillés, ils manifestent une grande dignité. Maurice, le plus grand, est à gauche.

Plusieurs décennies plus tard, on ressent personnellement une blessure et une humiliation pour ces hommes plus très jeunes, ces avocats parisiens respectables, dont tous ont eu un parcours exemplaire, qui n’ont eu que le tort de naître juif. Jean-Jacques Bernard, le fils de Tristan Bernard, emprisonné à Compiègne de 1941 à 1942, décrit, dans son livre Le Camp de la mort lente Compiègne 1941-1942, cette cohorte d’hommes croisés à Compiègne et, pour Maurice qu’il cite, à Drancy : « Tous étaient âgés, tous décorés de la Légion d'honneur, tous combattants de l'autre guerre, tous étaient exténués … »

Le 6 octobre 1941, le conseiller de la Légation allemande, Carl-Théo Zeitschel, écrit au chef du service des affaires juives de la Gestapo en France, Theodor Danneker, pour lui transmettre la note que le conseiller juridique de l’ambassade, Von Bose, a rédigé concernant les avocats juifs internés le 21 et 28 août 41. Ce dernier fait part de la visite de 3 avocats, Félix Aulois, Ernest Vallier et René Mettetal, qui lui ont demandé de faire libérer, « dans l’intérêt du mouvement antisémite », certains avocats juifs « des gens particulièrement dignes d’attention dont ils ont donné les noms » car leur arrestation a « soit causé de la pitié chez une partie de leurs confrères antisémites, soit élevé des doutes sur la conviction d’un nettoiement radical ». Zeitschel commente la note : « Je propose à ce sujet ce qui suit : après examen de la liste complète des avocats juifs, un des avocats misés (sic) particulièrement à Von Bose désignerait sur cette liste tous les noms des avocats juifs les plus indésirables, de la sorte que ceux-ci pourront être arrêtés et en compensation on pourrait libérer les 6 avocats désignés par Mr. Von Bose. Je donne un avis favorable à la demande de Mr Von Bose car ainsi qu’on le sait les français sont particulièrement pointilleux dans les choses juridiques et une telle action provoquerait une réaction favorable auprès de tous les avocats français ».

Les 6 avocats destinés à être libérés sont décrits ainsi : «

  • Edmond Bloch, vice-président de l’Union des Anciens combattants, mutilé de guerre, plusieurs blessures et personnalité extraordinaire
  • Weill-Reynal, également ancien combattant de grande valeur avec 4 décorations et une attitude exemplaire dans son métier, un de ses 4 enfants mort au champ d’honneur
  • Albert Ulmo, président des Anciens combattants de l’Orient
  • Jacques Frank, ancien combattant de grand mérite, grand mutilé de guerre – a été obligé par une blessure de grenade de rester à l’hôpital militaire pendant 3 ans et rechute très souvent,
  • François Montel, libéré d’un camp de prisonniers pour raisons de santé,
  • Edmond Kahn serait également sans reproche du point de vue professionnel et humain – père de 4 enfants qui sont à sa charge.»

Le 17 novembre 1941, Zeitschel relance Danneker et insiste sur le cas d’Edmond Bloch. Danneker refuse toute libération. Toutefois, à la suite d’interventions, 3 des 6 avocats seront libérés : Ullmo, Frank et Kahn. D’autres encore, mais pas Maurice.

Maurice est à Drancy depuis trois mois. Il écrit à Suzanne. Dans l’une de ses premières lettres, 2 novembre 1941 semble-t-il, il expose le fonctionnement du courrier : pas plus d’une carte postale par quinzaine « avec réponse une fois par quinzaine », soit des nouvelles une fois par mois. Il l’informe qu’il n’a droit qu’à un seul colis et il liste les choses dont il a besoin : une couverture, une lampe électrique, du matériel de toilette, du papier hygiénique, du savon, … Il ajoute : « il faut en effet parer pour l’avenir. » Pense-t-il déjà que cette détention va durer ? « Heureusement, il ne fait pas froid, car nous sommes sur un sous-plancher, rongé de vermine, non encore parqueté. Et nous sommes favorisés : beaucoup dorment sur des planches ou même par terre. » ; « Au sujet de mes affaires. Que la consigne soit : faire remettre le plus possible en raison de mon empêchement ; faire patienter les clients. Cela ne durera pas peut-être pas indéfiniment. Je mettrai les bouchées doubles pour février. » Et il donne de nombreuses options pour le traitement des dossiers. Il indique également à Suzanne où sont les documents familiaux : contrat de mariage, livret de famille, livret militaire… Il s’inquiète enfin pour sa femme, pour ses enfants, exhorte Marianne à travailler d’arrache-pied son examen et demande qu’Emmeline ne manque pas de s’inscrire tant au doctorat qu’au certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Il est déjà prévu qu’Emmeline sera avocat et travaillera avec son père.

Maurice a vécu entouré de femmes actives et engagées dans la vie sociale et politique, fait rare pour l’époque. Sa mère a été un exemple et sa belle-sœur, Sarah Weill-Raynal, née Leven, a fait une carrière exemplaire comme médecin au sein de l’administration. Mise entre parenthèses par l’Occupation et l’exclusion des juifs, la carrière de Sarah Weill-Raynal se poursuivra avec les honneurs. Ces femmes ne peuvent qu’inspirer à Maurice une ambition pour ses filles.

La lettre est faite de deux pages pleines d’une écriture en patte de mouche. Elle se termine par un message rassurant : « je ne vois plus rien à te dire, sinon que nous conservons bon moral et toute notre énergie, et que tous ceux que nous voyons ont le même moral et la même énergie. (…) Je vous embrasse tous très tendrement, et toi en particulier, ma chérie. Ton mari qui t’aime. Maurice »

Maurice écrit aussi régulièrement à son ancien collaborateur, Me Charles Della Grazio, détaillant ses instructions pour le suivi de ses dossiers.

Pendant ce temps, le conseil de l’Ordre planche sur l’application du décret du 16 juillet 1941. Il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie, si l’on peut dire. Sauver les « bons » confrères juifs de ceux sans intérêt. Après avoir passé l’année 1941 à trier entre les vrais Français et ceux qui sentaient la roture étrangère, l’Ordre s’attaque à la sélection des avocats juifs. Une liste des confrères israélites méritant d’être maintenus au tableau est établie. Le Petit Parisien du 7 janvier 1942, sous le titre « 47 avocats juifs pourraient continuer à plaider », annonce que le Conseil de l’Ordre qui s’est réuni la veille, sous la présidence du bâtonnier Jacques Charpentier, a établi une liste de confrères à maintenir au tableau, bien que non combattants ou victimes de guerre, « en raison du caractère éminent de leur mérite professionnel ». Maurice Weill-Raynal est dans la liste. Avec Pierre Masse, Jacques Frank, Nordmann, Teboul, Marcel Uhry, Jules Moch, … Certains ont été pris dans la Rafle des « notables » juifs qui a eu lieu le mois précédent. D’autres, comme Maurice, ont été arrêtés en août 1941. Cette liste sera envoyée au ministère de la Justice à Vichy. Aucun nom ne sera retenu.

Maurice, toujours détenu à Drancy, n’évoque pas cette situation dans la lettre qu’il écrit à Suzanne le 14 juillet 1942. Il se réjouit du succès de Marianne à son examen, espère qu’elle terminera en octobre avec sa licence avec le certificat de mécanique rationnelle. Il s’inquiète des colis. Il annonce qu’il va changer « d’escalier » : « On doit en effet supprimer encore trois escaliers, ou plus exactement nous serrer dans les escaliers 18 à 22 de façon à rendre les autres disponibles. »

Suzanne a envoyé la copie des citations qu’il a reçues, ainsi que François. « Celle de notre pauvre enfant m’a beaucoup ému, ainsi que je crois d’ailleurs te l’avoir déjà écrit. Deux années déjà se sont écoulées et il y a près d’une année que je n’ai pas revu mes enfants, ma mère et toi près de 11 mois ! C’est long, et on ne voit pas la fin de notre tourment ! »

Maurice est transféré au camp de Pithiviers le 4 septembre 1942. Il écrit à Suzanne le 10 septembre pour lui faire part de son nouveau régime. Il insiste sur les colis, si importants. Il couche sur la paille, mais rassure Suzanne précisant qu’il étend le sac de couchage dessus. Il avoue à Suzanne que son poids était descendu à 53 kgs le mois précédent, mais qu’il va mieux. « Au matin, nu et à jeun, la tension est bonne et mon cœur me laisse tranquille, à condition bien entendu que je ne fasse aucun effort. » Il est devenu chef de baraque, « baraque de 30 internés d’ailleurs, dont 21 s’étaient groupés autour de moi à la descente du train parmi lesquels, outre Azoulay et Gaston Strauss, Jean Bloch, Roger Bloch, fils de René Bloch, … » Il adresse une dernière lettre à Suzanne le 18 septembre 1942. On sent le désespoir latent et la volonté vacillante de croire à une issue positive. Maurice se préoccupe beaucoup de ses enfants. C’est un homme pour qui sa famille est au cœur de son existence.

Maurice est encore transféré le 20 septembre, à Beaune-la-Rolande cette-fois, où il ne passe que 24 heures puisqu’il est « réintégré » à Drancy le 21 septembre 1942.

Le surlendemain, 23 septembre 1942, Maurice monte dans l’autobus qui le conduit à la Gare du Bourget-Drancy d’où partent les wagons à bestiaux vers les camps d’extermination. Avec son confrère Gaston Weill, arrêté comme lui, le 21 août 1941. Avec Roger Bloch, le fils aîné de René-Bloch, autre confrère. Après 13 mois de camp, le calvaire de Maurice va connaitre sa fin. Le voyage du convoi n°36 dure 5 jours. Maurice Weill-Raynal est déclaré décédé le 28 septembre 1942, le jour probable de son arrivée à Auschwitz.

Le 24 décembre 1947, la mention Mort Pour La France lui est décernée. Le 17 octobre 1955, le titre de Déporté Politique lui est attribué à la suite d’une demande de Suzanne, sa femme, qui n’a cessé de se battre pour voir reconnu le destin de son mari. L’ancien terme de « déporté racial » a été supprimé. Il sentait trop Vichy.

Dans sa dernière lettre, Maurice souhaitait que sa mère « rejoignît Jean-Paul et les petites » loin de Paris. La famille avait choisi Lyon pour que les jumelles puissent fréquenter l’université.

Début février 1944, la police allemande fait irruption dans un appartement du rez-de-chaussée d’un immeuble de l’avenue Loisy à Caluire et Cuire, près de Lyon. Ils viennent arrêter les occupantes qui ont sans doute été dénoncées. Suzanne a le temps de s’enfuir par la fenêtre de la cuisine. Emmeline est absente. Elle est allée visiter la famille de son fiancé, Gilbert Lévy, réfugiée en Savoie. Marianne, sa sœur jumelle, est présente. Emmeline, leur grand-mère et mère de Maurice, est dans la chambre du fond. Edith, la femme de François, a juste le temps de dire au petit Bernard de se rendre chez la voisine. Les Allemands la laissent faire.

Emmeline Weill-Raynal, 79 ans, Edith, la femme de son petit-fils François, et Marianne, sa petite-fille, sont dirigées vers Drancy. Elles prendront le convoi n°68 qui part le 10 février 1944 vers Auschwitz. Aucune n’est revenue.

Bernard a survécu, élevé par sa grand-mère Suzanne. Il avait rangé les deux dernières lettres de son grand père Maurice dans une enveloppe blanche sur laquelle il avait écrit « Dernières lettres de Bon-Papa ». Lui aussi était l’héritier d’une riche histoire familiale, mais les derniers épisodes étaient sans doute trop lourds, trop douloureux pour un jeune enfant. Bernard disait qu’il ne voulait pas vivre plus longtemps que son père. Il s’est suicidé à l’âge de 27 ans.

La famille a été décimée par l’antisémitisme et la trahison de « l’Etat français » de Vichy. Seuls Jean-Paul et Emmeline ont été les rescapés de cette tragédie, portant en eux les souvenirs d’un père attentif et affectueux et les cicatrices jamais refermées causées par sa disparition.

Les lettres ou cartes de Maurice, précises, émouvantes, décrivent, entre les lignes – il ne veut pas alarmer Suzanne - le quotidien horrible des internés, le traitement dégradant, humiliant dont ils sont victimes, la pénurie de tout. Elles expriment également la solidarité des avocats juifs du barreau de Paris, qui a dû être un soutien pour beaucoup. Elles révèlent enfin l’homme qu’il était, d’une grande probité intellectuelle, soucieux de sa famille, aimant, très tendre même. Elles montrent, enfin, que Maurice n’a jamais cessé d’être avocat.

Après la guerre, les deux enfants survivants de Maurice n’ont pu reprendre le fil de leur vie antérieure brisée. Jean-Paul n’a pu terminer ses études de médecines, trop cher, trop longue coupure. Emmeline non plus n’a pas repris ses études pour exercer la profession de son père.

La branche d’Etienne a donné des avocats au Barreau de Paris, son fils Pierre d’abord, puis les enfants de ce dernier, Guillaume et Aude Weill-Raynal. Maurice, qui avait tant l’amour de la famille et du barreau, en aurait sans doute été heureux et fier.

Michèle Brault.

 

 
 

Croix de guerre 14-18 deux citations

Ordre de la brigade numéro 43 du 16 mai 1916 :

« Au cours des violents bombardements subis par la brigade les 12,17 avril et 2 mai 1916, n'a cessé d'aller d'une pièce à l'autre pour s'assurer que les positions exécutaient les commandements. Renversé le 12 avril par des projections de terre, s'est relevé et a continué les fonctions de chef de service. »

Ordre de la brigade numéro 58 du 5 juillet 1917 :

« Orienteur du groupe. Officier d'une grande conscience et d'un grand courage. S'est particulièrement distingué au cours de reconnaissances qu'il a faites les 7,18 et 14 mai 1917 sous de violents bombardements pour l'installation d'un observateur avancé qu’il a judicieusement choisi et qui a donné les meilleurs résultats »

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 23 décembre 1936).

Médaille Al Valore (médaille de la Valeur militaire italienne), direction du Commando Suprêmo du 9 décembre 1918. 

Croix des services mobilisés volontaires de 3e classe, arrêt du 25 septembre 1937.

 

 Dossier administratif :

Lettre de Maître Jacques Dulud, 27 juin 1910.

Lettre de Maurice Weill-Raynal au bâtonnier, 1er juin 1924 et annexe (ajout Raynal).

Décision du Conseil de l’Ordre, 1er juillet 1924.

Lettre du Comte de Janssens au bâtonnier, 10 mai 1931.

Lettre du parquet de la Cour d’appel au bâtonnier, 24 octobre 1936 (légion d’honneur).

Lettres de Maurice Weill-Raynal au bâtonnier, 8 juillet 1937.

Lettre de Maurice Weill-Raynal au bâtonnier, 15 novembre 1937.

Questionnaire de l’Ordre en application de la loi de 1940.

 

Service historique de la Défense – Caen :

Maurice Weill-Raynal : AC 21 P 549 859

Archives historiques de la défense :

Maurice Weill-Raynal

Archives de Paris :

Fiche matricule, D4 R1 1392 : Weilt Maurice Joseph Moïse 

Mémorial de la Shoah :

VI-138 : Lettre, datée du 06/10/1941, de Carltheo Zeitschel, Legationsrat (conseiller de légation) à l'ambassade d'Allemagne à Paris, adressée à Theodor Dannecker de la Sipo-SD France à Paris, concernant la mise en liberté de six avocats juifs, avec une lettre comme pièce jointe, datée du 05/10/1941, émanant de Monsieur von Bose, conseiller juridique à l'ambassade d'Allemagne à Paris.

 VI-139 : Note, datée du 14/11/1941, de Monsieur von Bose, conseiller juridique à l'ambassade d'Allemagne à Paris, à propos de la remise en liberté de certains avocats juifs internés, et lettre, datée du 17/11/1941, de Carltheo Zeitschel, Legationsrat (conseiller de légation) à l'ambassade d'Allemagne à Paris, adressée à Theodor Dannecker de la Sipo-SD France à Paris, concernant la même affaire.

Sources familiales (droits réservés) :

Lettres de Maurice Weill-Reynal écrites de Drancy à sa femme Suzanne en 1941 et 1942

Photographies.

Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France (AJPN) :

Maurice Weill-Raynal

Dictionnaire biographique du Maîtron :

 WEILL-RAYNAL Étienne - Maitron

Gallica-Retronews :

Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur. Lois, arrêtés et autres actes concernant l'administration des ponts et chaussées. Personnel | 1898 | Gallica (bnf.fr)

Journal officiel de la République française. Lois et décrets | 1892-01-05 | Gallica (bnf.fr) : Légion d’honneur Horace Weill

Le Droit, 13 août 1916.

Journal Officiel de la République, 20 octobre 1938

Le Petit Parisien, 7 janvier 1942 (47 avocats juifs pourraient continuer à plaider).

Sources généalogiques :

Famille Raynal

Wikipédia :

Étienne Weill-Raynal

David Raynal

Bibliographie :

Emmeline Raynal : Danièle Voldman :  L'engagement et l'émancipation - Portrait de groupe avec dame, Emmeline Weill-Raynal - Presses universitaires de Rennes (openedition.org)

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