Uhry Marcel portrait
 
 
 Uhry Marcel couverture dossier
 
 
1 Uhry Marcel carte combattant
 
 
 Uhry Marcel CP 1939
 
 
 Uhry Marcel CP Me Levy 1941
 
 
Uhry Marcel attestation
 
 

Marcel, Joseph Uhry est né le 4 mars 1885 à Constantine, en Algérie. Le domicile familial est situé 6, rue du Palais, un signe prémonitoire pour le futur avocat ! Le père de Marcel, Isidore, est horloger-bijoutier à Constantine. Il a déjà 46 ans à la naissance de son fils.

La famille est alsacienne. Et juive. Isaac Isidore est né le 10 septembre 1838 à Ingwiller, dans le Bas-Rhin. Le père d’Isidore, Joseph, y était boucher. Il avait succédé à son propre père, Salomon, qui exerçait déjà cette profession à Ingwiller. La mère de Marcel, Germaine Pauline Ida Joseph, dite Pauline, est née dans la commune voisine, à Bouxwiller. Le père de Pauline, Maurice Joseph, y était commerçant et sa mère lingère. Pauline a 5 frères et sœurs.

Les parents de Marcel se sont mariés le 11 novembre 1875 à Bouxwiller. Préférant quitter l’Alsace devenue allemande, le couple a choisi de tenter l’aventure en Algérie, à Constantine. Leur premier enfant, Julia, nait le 10 septembre 1877, le jour des 39 ans d’Isidore. Marcel nait 8 ans plus tard. Julia et Marcel seront les seuls enfants du couple.

Marcel fait ses études au lycée de la ville. Il est bon élève. Un malheur frappe la famille en 1897 : Isidore meurt. Marcel n’a que 12 ans.

Au lycée, il côtoie les fils des notables qui seront les futurs notables : Ardoin, qui sera le directeur des Chemins de fer algériens, Mercier, le fils du maire de Constantine, Louis Emery, qui deviendra avocat au barreau de Paris…

Après le baccalauréat, Marcel choisit d’étudier le droit. La faculté est à Alger. Il doit quitter Constantine. Cependant, il ne tarde pas à retrouver certains de ses condisciples du lycée de Constantine. Louis Emery, par exemple. Parmi les étudiants figurent Millot qui deviendra le doyen de la Faculté de droit d’Alger, René Gast, futur directeur du Petit Journal, William Oualid qui sera un éminent professeur à la Faculté de droit de Paris, Raymond Gruny, un futur confrère à Paris …

Le 6 juillet 1905, Marcel débute son stage au barreau d’Alger.

Le 2 octobre 1905, Marcel décide de s’engager volontairement pour trois années pour accomplir son service militaire. Il n’a pas terminé ses études, puisqu’il sera docteur en droit ultérieurement. Mais il veut bénéficier de la disposition réservée aux étudiants qui leur permet d’être « renvoyé en congé » au bout d’une année de présence sous les drapeaux.

Marcel rejoint le jour même, en qualité de 2ème classe, le corps du 3ème régiment de Zouaves, dont l’une des garnisons est établie à Constantine. Il est nommé caporal le 16 août 1906. Le 29 septembre 1906, il est renvoyé dans ses foyers avec un certificat de bonne conduite.

Marcel poursuit des travaux qui seront couronnés par un doctorat en droit et reprend son stage chez son beau-frère, Jules Lévy, le mari de sa sœur Julia. Jules Lévy est déjà un avocat renommé à Alger, qui traite tant des affaires civiles qu’il fréquente le tribunal correctionnel.

Marcel est admis au tableau d’Alger le 6 juillet 1909. Il habite alors rue de l’industrie à Alger.

Le 26 octobre 1912, le Conseil de l’Ordre des avocats d’Alger accepte la démission de Marcel qui indique vouloir exercer à Paris. Alger est-elle trop petite pour lui ? A-t-il envie de voir la métropole et surtout la capitale ? Ses pairs de la faculté ont-ils créé un mouvement vers le barreau de Paris ?

Le 28 septembre 1912, dès qu’il a connaissance de sa volonté de démission, le bâtonnier d’Alger, Touttibard, adresse à Marcel une lettre particulièrement chaleureuse, lui exprimant les regrets que son départ va susciter :

« Vous vous étiez créé au barreau d’Alger de solides et sérieuses sympathies. Vous les deviez surtout à la parfaite courtoisie de votre conduite professionnelle et à une obligeance des plus courtoises qui ne s’est jamais démentie vis-à-vis des confrères. Ces sympathies vous suivront dans la voie nouvelle dans laquelle vous vous engagez. Et je fais personnellement des vœux pour que vous trouviez au barreau de Paris les satisfactions que vous en attendez et que vous méritez si bien. »

Le 11 novembre 1912, il remplit un dossier d’inscription au barreau de Paris. Il habite alors 89, boulevard Poissonnière. Son admission prend effet à cette date.

L’Echo d’Alger du 11 septembre 1934, dans la rubrique "La Gazette Algérienne de Paris", rappelle, dans le portrait qui est dressé de Marcel Uhry, le sort d’un jeune avocat à Paris : « Un jeune avocat qui débute dans la capitale doit se faire une raison. Il lui faudra avant de recevoir la visite de son premier client, attendre pendant des mois et parfois pendant des années, et cela quelle que soit sa valeur. Pour prendre patience, l’avocat qui s’installe à Paris doit devenir le collaborateur d’un de ses aînés. »

Sur la recommandation de Léon Charpentier, professeur de législation algérienne à la Faculté d’Alger, Marcel trouve un poste de secrétaire– on dit collaborateur aujourd’hui – chez Maître Desjardins, civiliste réputé. Il apprend, par l’observation, l’efficacité de la plaidoirie. Son « patron », sous des dehors impassibles, aime à assener par surprise, comme une attaque foudroyante, l’argument massue qui entraine la décision.

Marcel a accompli régulièrement ses périodes militaires dans la réserve. Il a été nommé sergent le 1er novembre 1907, puis sous-lieutenant le 20 décembre 1909. Il est alors affecté au 53ème régiment d’infanterie basé à Perpignan. Le 2 août 1914, à l’occasion de la mobilisation, il est promu lieutenant et rejoint son régiment. Bois de Brothe, Chemin des Dames, Bataille d’Ypres, tels sont les combats auxquels Marcel a participé et qu’il mentionne sur sa carte d’adhésion des Anciens Combattants du Palais de mars 1924. Le 10 novembre 1914, il est blessé par des éclats d’obus dans l’avant-bras droit à Saint-Eloi, en Belgique. Cela lui vaut une citation à l’ordre du régiment.

Le 2 avril 1916, après plusieurs mois de soins à l’arrière, il est nommé Substitut du Capitaine Rapporteur près le Conseil de guerre de la 16ème région. Il ne rejoindra pas le théâtre des affrontements. Il remplit son service au sein de la justice militaire et siège dans les Conseils de guerre de Montpellier et de Paris.

Le 1er juin 1919, il est libéré de ses obligations. Il a déjà rejoint Paris, comme beaucoup. Le 11 décembre 1918, il épouse Germaine, Fanny Meyer, née à Paris en 1895 et dont le père, Alfred, est commerçant. Les Meyer habitent 11 bis, rue Pigalle.

Marcel a installé son cabinet chez lui, 89, rue du Faubourg Poissonnière. C’est un civiliste, mais il « prend » tous les dossiers. Même s’il n’est plus un tout jeune avocat, il ne peut se permettre de faire le difficile après l’interruption causée par la guerre.

Son dossier militaire le décrit avec un menton rond, des yeux châtains et un visage ovale. Marcel mesure 1,73 mètre. Le journaliste de L’Echo d’Alger, qui le rencontre en 1934, ajoute à la description : « Il faut dire que dès l’abord, Marcel Uhry vous met en confiance. Son visage rieur qu’orne une grosse moustache toute noire comme on la portait avant-guerre, de larges épaules, une main cordialement tendue … »

Marcel construit patiemment sa clientèle. La presse relate quelques affaires correctionnelles dans lesquels il intervient.

Le Petit Journal du 4 février 1924 rend compte du « drame de la rue Marcadet » dans lequel une femme menacée par son mari ivre, lequel voulait assommer leur fils, l’a tué en l’étouffant avec un foulard. Marcel obtient la mise en liberté en plaidant la légitime défense. La même année, Le Matin intitule « Le papier timbré révélateur » une autre affaire dans laquelle Marcel défendait les intérêts de la nièce d’un défunt dont le testament la déshéritait en instituant de nombreux légataires. Marcel Uhry démontre que le papier timbré sur lequel le testament a été rédigé n’existait pas au moment du décès et que, par conséquent, le testament olographe est un faux. On imagine Marcel, à l’instar de son patron Desjardins, assener l’argument par une attaque foudroyante et inattendue.

Le 1er septembre 1930, l’hebdomadaire bien connu Détective rend compte d’un procès dans lequel un médecin et sa femme sont poursuivis pour exercice illégal de la médecine. Marcel Uhry est l’avocat du couple, qui a été dénoncé par un collaborateur médecin renvoyé. Le docteur Montagnard, 83 ans, et sa femme dirigeaient une clinique rue de Tolbiac. Le médecin trop âgé faisait exercer la profession médicale par sa femme non diplômée. C’est du moins ce que dénonçait l’ancien collaborateur. Le journal rapporte : « Mensonges, les allégations du docteur Lesage … » s’emporte Me Marcel Uhry. « Sa dénonciation est la suite de son dépit … Il a voulu emprunter de l’argent à M. Montagnard qui a refusé … Sa vengeance est honteuse … ». Néanmoins, les prévenus sont condamnés.

Plus pittoresque est l’affaire dont l’hebdomadaire Gringoire du 16 octobre 1931 rend compte : 3 dames s’étaient heurtées à un diable (un chariot !) lors d’une visite aux Halles de Paris et mettait en cause la responsabilité d’une quatrième, employée. Le journaliste a beau jeu de s’amuser sur l’apparition du diable. Marcel, qui défendait l’employée, a gain de cause pour elle.

En 1935, La Charente rend compte d’un procès en diffamation opposant un mari et l’amant de sa femme, lequel a médit sur l’époux en envoyant une série de lettres à leurs relations communes. Marcel défend, sans trop de succès, l’amant.

Mais plus sérieusement, la consolidation de sa clientèle se fait par son investissement auprès de chambres syndicales ou organismes mutualistes.

Marcel est l’avocat de la Chambre syndicale des réparateurs d’automobiles en France. A ce titre, il assiste aux assemblées générales.

Il est également l’avocat de la Société de secours mutuels du Mont Sinaï à Paris et celui de la Société de secours mutuels La Chéchia à Paris.

Le 13 août 1929, Marcel se voit décerner, à ce titre, la médaille de bronze de la mutualité par le ministère du travail, de l’hygiène de l’assistance et de la prévoyance sociales.

Il a conservé des liens forts avec sa communauté algérienne. En 1926, il est vice-président de la Société L’Oasis, groupement des Nord-Africains à Paris. En 1933, il apparait comme président honoraire. Cela lui permet d’avoir quelques clients algérois.

La crise économique des années 30 a, cependant, affecté l’activité du barreau. Dans l’interview qu’il accorde à L’Echo d’Alger le 11 septembre 1934, Marcel livre son analyse avec bon sens : « Le nombre des contrats est fonction de l’activité des affaires. Et quand les contrats sont nombreux, les procès le sont aussi. Quand les affaires sont arrêtées, il n’y a plus lieu à procès … »

L’activité professionnelle de Marcel est diverse. La Revue des Loyers du 1er janvier 1934 révèle qu’il plaide aussi en matière de baux commerciaux.

Concomitamment à cette pratique judiciaire classique, Marcel est resté investi dans la justice militaire. En sa qualité de réserviste, il est affecté à différents Conseils militaires. En 1925, il plaide devant le Conseil de guerre d’Orléans dans le dossier Jacques Sadoul, un avocat communiste, accusé de désertion pour être resté à Moscou après la Révolution bolchévique. L’affaire fait grand bruit.

Le 27 décembre 1934, il se voit décoré du titre de chevalier de la Légion d’honneur par le ministère de la Guerre.

Marcel est rappelé sous les drapeaux lors de la mobilisation générale du 2 septembre 1939 et affecté à l’état-major de la 14ème Région (Lyon).

En bon avocat, Marcel s’inquiète pour son cabinet et sa situation vis-à-vis de l’Ordre. Ayant appris que les avocats mobilisés étaient mis en congé d’office, il écrit au bâtonnier le 4 octobre 1939 :

« Mobilisé dès le premier jour, je vous serai très obligé de me mettre en congé, - et, en tant que de besoin, je vous prie de bien vouloir conserver la présente lettre comme une demande expresse à ces fins.

Par ce même courrier, j’écris à mon confrère et ami, Me Emile Doublet, pour le prier de me substituer au Palais. »

Il signe : Capitaine Uhry Officier de justice militaire adjoint.

La « guerre » est courte. Marcel est renvoyé dans ses foyers le 2 juillet 1940. Dans l’incertitude de la situation dans la capitale, il se rend à Vichy. Dans le Figaro du 21 juillet 1940, il fait paraitre un avis de recherche : « Marcel Uhry, hôtel Lutétia, Vichy, recherche sa femme, passée Le Blanc, 13 juin. »

Germaine Uhry a dû fuir Paris pendant l’Exode de juin 1940. Les époux vont se retrouver dans leur appartement du 11 bis, rue Pigalle qu’ils occupent depuis le décès de la mère de Germaine, en 1932.

Dès le mois de septembre, la nouvelle législation antijuive se met en place. En application de la loi du 11 septembre 1940 qui restreint l’accès au barreau aux personnes de nationalité française « à titre originaire, comme étant né d’un père français » ou aux anciens combattants, l’Ordre adresse à tous les avocats un questionnaire pour qu’ils justifient de ces critères. Marcel répond scrupuleusement et joint sa carte d’ancien combattant. Il mentionne également la naissance de son père, en 1938, à Ingwiller, dans le Bas-Rhin alors territoire français. Il précise que son père a opté pour la nationalité française, en 1872, après l’annexion de la région par l’Allemagne.

Marcel cumule donc les 2 conditions pour rester inscrit au barreau.

En décembre, le port de l’étoile jaune est imposé. Le bâtonnier Jacques Charpentier, critiquable pour son adhésion première aux valeurs du nouveau régime, n’en fait pas une priorité. Au contraire, il semble qu’il n’ait jamais voulu que ce symbole discriminatoire orne la robe des avocats.

Marcel peut-il continuer à travailler ? A-t-il des dossiers ? L’ambiance doit être atroce à Paris. Mais sans doute Marcel, patriote, se croit-il à l’abri des persécutions que subissent, pour l’instant, les seuls juifs étrangers.

Le 16 juillet 1941 est promulgué le décret qui règlemente l’accès des juifs à la profession d’avocat. Il institue un numerus clausus de 2%, comprenant les anciens combattants, et autorise le Conseil de l’Ordre à proposer des dérogations.

Le 21 août 1941 a lieu la rafle des avocats juifs. Marcel est arrêté chez lui, rue Pigalle. Germaine est témoin. Elle n’est pas inquiétée. Les voisins qui témoigneront indiqueront que ce sont les « autorités d’occupation » qui ont procédé à l’arrestation. Mais ils n’y ont pas assisté directement. Il semble bien, au regard d’autres témoignages, que c’est la police française, « assistée » de soldats allemands, qui a opéré. Ce ne sont pas moins de 49 avocats juifs qui sont « cueillis » à leur domicile au petit matin le 21 août 1940 : Jacques Frank, Pierre Masse, Elie Kowner, Theodor Valensi, Gaston Weill, Robert Bilis, Edmond Bloch, Maurice Weill-Raynal, …

Seuls les hommes sont arrêtés, ce qui explique que Germaine Uhry ne l’est pas.

Il s’agit de la seconde rafle massive opérée par les autorités françaises, à l’instigation du SIPO. 4232 juifs de diverses nationalités sont arrêtés, tous hommes âgés de 18 à 50 ans, dont environ 1500 citoyens français, parmi lesquels les 49 avocats. Le prétexte évoqué par les nazis pour justifier cette rafle est de lutter contre les actions menées par les communistes à la suite de l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie le 22 juin 1941, communistes appelés « judéo-bolchéviques » par la propagande nazie.

Ils sont tous transférés à Drancy.

En août 1941, le camp de Drancy n’est composé que de carcasses d’immeubles. Les travaux n’ont jamais été achevés. Les murs sont nus, les vitres manquent à la plupart des fenêtres, les toilettes sont inexistantes … Les témoignages s’accordent sur la dureté des conditions de vie et la solidarité que se manifestaient les avocats arrêtés. Marcel, comme d’autres, ne sait pas encore qu’il va rester un an à Drancy…

Le 31 octobre 1941, Jules Lévy, le beau-frère de Marcel, écrit d’Alger au bâtonnier Charpentier pour s’inquiéter de la durée de l’internement de Marcel. Il lui rappelle les faits de guerre de Marcel qui lui ont valu d’être cité et décoré de la Légion d’honneur.

Il attire également l’attention du bâtonnier sur la situation de Germaine, qui est « seule et abandonnée ». On oublie souvent que les femmes dépendaient totalement de leur mari et n’avaient aucune ressource propre. En outre, les appartements qui rassemblaient le cabinet professionnel et le logement étaient souvent mis sous scellés, provoquant des drames.

Le 1er janvier 1942, le bâtonnier Charpentier répond à Jules Lévy, que Marcel a été maintenu sur le Tableau du fait de sa carte de combattant

Le Petit Parisien du 7 janvier 1942 titre « 47 avocats juifs pourraient continuer à plaider » au titre de leur mérite éminent et il cite les 47 noms, dont celui de Marcel, qui est pourtant ancien combattant.

Marcel ne plaidera plus. Le 18 septembre 1942, il embarque sous le matricule 9116 dans le wagon à bestiaux qui le mène en Pologne, à Auschwitz. A 8h55, le train quitte la gare du Bourget.

Charles Baron, un rescapé de la Shoah, qui a été déporté dans le convoi n°34, témoigne des conditions du voyage : « Dans le wagon à bestiaux, il y avait deux seaux d’eau de dix litres, c’est à dire que le soir du départ, alors qu’on franchissait la frontière à Metz entre la France et l’Allemagne, il n’y avait plus rien dans les seaux. Et ils étaient transformés en seaux de toilette : la couverture qu’on tenait devant n’empêchait ni les bruits, ni les odeurs.

Et lorsque nous sommes arrivés à Dresde, je crois (on ne voyait rien), le train s’est arrêté, les portes ont coulissé, je me souviens qu’il faisait très chaud, la ville était blanche, et on a autorisé à des hommes de corvées à descendre les deux seaux, à aller les vider…Pendant ce temps, nous restions dans la paille salie avec tout ce qui il y avait dessus. On a fait rincer aux hommes rapidement le seau avec un peu d’eau, remplir de flotte pour que nous puissions boire pour le reste du voyage. Personne d’entre nous n’a touché à l’eau. »

Marcel est dans ce convoi.

Le convoi arrive à Auschwitz le 20 septembre. Parmi les hommes, 31 sont sélectionnés pour des travaux forcés et sont tatoués des numéros 64719 à 64749. Les autres déportés sont gazés dès leur arrivée au camp.

Marcel Uhry est déclaré décédé le 23 septembre 1942.

Comme tous les avocats de sa génération, Marcel était viscéralement avocat. Toujours dans L’Echo d’Alger, il répondait avec pertinence à l’un des clichés qui court sur la profession :

« Non, ils ont tort ceux qui croient que les avocats peuvent plaider contrairement à ce qu’ils pensent être la vérité. Pour moi, tous les avocats agissent selon leur conscience. Et il ne peut pas en être autrement. Nous plaidons d’après les documents que notre client nous a remis. Nous plaidons également en tenant compte des documents de l’adversaire, car, selon l’usage, son dossier nous a été communiqué. Vous le voyez, contre un document formel, il n’y a rien à faire, et c’est pour cela que nous sommes toujours convaincus que la thèse que nous plaidons est celle de la justice … »

N'oublions pas, mais restons sur l’image de l’avocat Marcel Uhry, Français juif, qui aimait son pays et sa profession.

Michèle Brault


 

Cité à l’ordre du régiment (n°97) :

« Grièvement blessé à Saint-Eloi en maintenant sous un violent bombardement la compagnie qu’il commandait »

Croix de guerre.

Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 27 décembre 1934.

 

Dossier administratif :

Lettre de Marcel Uhry au Conseil de l’Ordre d’Alger du 26 octobre 1912.

Lettre du bâtonnier d’Alger du 28 septembre 1912.

Lettre de Marcel Uhry au bâtonnier de Paris du 11 novembre 1912.

Carte des Anciens Combattants du Palais du 22 mars 1924.

Lettre de Marcel Uhry au bâtonnier du 4 octobre 1939.

Questionnaire de la loi du 11 septembre 1940.

Lettre de Jules Lévy au bâtonnier du 31 octobre 1941.

Lettre du bâtonnier Charpentier à Jules Lévy du 1er janvier 1942.

Le Petit Parisien, 7 janvier 1942.

 

Archives Historiques de la Défense :

SHD Caen : Marcel Uhry, 21P 545676.

 

Généanet :

Arbre généalogique de Pierre Gilles Flascu.

 

Bilipo - Criminocorpus :

Détective, 1er septembre 1930.

 

Gallica-BNF_Retronews :

La Dépêche algérienne, 25 novembre 1914.

Le Petit Journal, 4 février 1924.

Le Petit Troyen, 7 avril 1925.

Gringoire, 16 octobre 1931.

Revue des Loyers, 1er janvier 1934.

L’écho d’Alger, 11 septembre 1934.

Le Figaro, 21 juillet 1940

 

Fondation pour la Mémoire de la Shoah :

Témoignage Charles Baron

 

 

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