Foy Jean Louis portrait
Foy Jean Louis lettre pere 1940 ill
 
Foy Jean Louis arrete inscription
 
Foy Jean Louis medaille militaire
 
 

Issu d’une famille ayant le sens du devoir et du sacrifice, Jean-Louis Didier Félix Foy naît le 18 août 1921 au domicile de ses parents situé au 47 avenue Kléber dans le 16ème arrondissement de Paris. Il est le fils de Benjamin dit Paul Foy, 42 ans, avocat à la cour depuis 1902, et de Bella Müller, 34 ans.

Jean-Louis n’est pas le premier enfant de Paul : marié deux fois dans le passé, il est père d’un premier fils, Edouard Stanton, né le 27 février 1907, dont il aura la garde après le divorce d’avec sa mère.

Un troisième garçon, Francis, frère de Jean-Louis, agrandira la famille en 1924.

La jeunesse de Jean-Louis et de Francis a été ponctuée des souvenirs des combats de 1914-1918 de son père. En effet, Paul Foy s’est illustré lors de la Première Guerre mondiale en combattant durant les cinq années. Il sera promu en 1928 Chevalier de la légion d’Honneur pour les services rendus en 1914-1918 en qualité de lieutenant au centre de mobilisation du Train des Equipages militaires n°21.

Dès le 2 septembre 1939, Paul s’engage dans la Résistance comme l’atteste le mémoire de proposition au grade d’Officier de la Légion d’honneur. Cet engagement est-il à l’origine de l’entrée en résistance de Jean-Louis et de ses frères quelques mois plus tard ? Démobilisé en 1940, il rejoint sa famille réfugiée dans la région cannoise.

En ce début de conflit, Jean-Louis étudie le droit à la faculté d’Aix-en-Provence. En février 1941, il part au Maroc (alors protectorat français) avec un engagement militaire de quatre ans, qui est résilié ultérieurement contre un emploi administratif à Casablanca. Il poursuit dans le même temps ses études de droit et obtient sa licence à Rabat en juin 1941, sous la présidence du doyen Paul Chauveau, avocat à la cour d’appel d’Alger.

Fin 1941, il prend le maquis en rejoignant le réseau « Combat » dans les Alpes maritimes. Il devient tireur au fusil mitrailleur, appartient au corps franc « Bir Hakeim » de Bellevaux qui combat pour la libération du département de la Haute-Savoie. Son grade fictif dans la résistance est seconde Classe. Peu de temps avant ce départ, il s’inscrit au stage au Barreau de Grasse et obtient en novembre 1942 un diplôme d’études supérieures en droit privé à l’université d’Aix-Marseille.

En juin 1943, il passe clandestinement en Suisse avec son jeune frère Francis dit Flot. Tous deux sont placés dans un camp de travail.

A la même époque, son demi-frère Edouard (1907-2006) est résistant dans les forces françaises combattantes du réseau Alliance. Il est fait prisonnier, livré par les italiens aux allemands. Emmené à Belfort, il s’évade et gagne la Suisse. Edouard sera décoré par décret en date du 31 mars 1947 (J.O. 26 juillet 1947). Les trois frères sont-ils alors réunis ?

L’année 1944 sera terrible pour la famille Foy.

En août 1944, Jean-Louis se trouve en Haute-Savoie. Depuis 1943, les forces allemandes succèdent à l’armée italienne et occupent la région. A partir de juin 1944, la résistance s’organise, aidée par de nombreux parachutages d’armes sur le plateau des Glières par les américains. Les combats s’intensifient dans la région, autour d’Evian-les-Bains et Thonon. La résistance unie décide une opération d’envergure à Thonon le 15 août. Le 16 au matin, l’offensive est déclenchée par les rafales d’un fusil mitrailleur embusqué stoppant une patrouille allemande. Les FTP lancent alors l’assaut sur le Petit séminaire et le Sacré-Cœur où les allemands sont nombreux et armés. Jean-Louis reçoit l'ordre d'attaquer le poste allemand installé au petit séminaire à Thonon.

Au cours des combats, il est grièvement blessé par balle à la tête. Cette blessure entraîne la perte d'un œil et la trépanation. Il devient grand mutilé de guerre et reçoit la Croix de guerre avec palme par le capitaine Charles-Mangeon, commandant le secteur de l'Armée Secrète de Thonon : « résistant volontaire, animé du plus pur sentiment de sacrifice et du dévouement. A montré de magnifiques qualités de combattant au cours des combats pour la libération du département de la Haute-Savoie. Le 16 août 1944 alors qu'il accomplissait sa mission de tireur au FM, a été blessé grièvement par balle à la tête, blessure entraînant la perte d'un œil et la trépanation. Grand mutilé. ». La Libération de la ville de Thonon, le 17 août, s’est faite au prix de 14 morts et 18 blessés du côté de la Résistance.

Quelques jours plus tard, le 27 aout 1944, Francis, son jeune frère âgé de 20 ans, caporal voltigeur de l’Armée Secrète, décède à Saint Georges d’Hurtières en Savoie. Sur le mémoire de proposition de citation pour la médaille militaire à titre posthume du 7 octobre 1944, il est indiqué : « Volontaire FOY Francis du groupe franc de Thonon. Valeureux et volontaire pour les missions périlleuses. A participé à toutes les opérations du groupe franc. Est mort glorieusement pour la France le 27 août 1944 au combat de Saint Georges d’Hurtières (près d’Aiguebelle). Groupe franc Bir Hakeim ». Francis sera aussi décoré de la croix de guerre.

Le 9 novembre 1944, le commandant en chef départemental des FFI adresse à Paul Foy un courrier qui indique : « en mon nom personnel et au nom de tous les FFI de Haute-Savoie, je tiens à renouveler à Mme Foy et à vous-même nos sentiments de très sincères condoléances pour la mort glorieuse de votre fils. Et à vous redire toutes nos félicitations pour le magnifique exemple que vos deux fils ont donnés à tous leurs camarades et au pays. Ils ont ainsi pris une grande part à la libération de la Savoie et vous-même qui est un glorieux ancien combattant, pouvez être fier d'eux ».

La vie reprend un peu ses droits et notamment pour Jean-Louis toujours désireux d’embrasser la profession d’avocat. Par arrêté du Procureur Général en date du 23 novembre 1944, Jean-Louis est dispensé du certificat d’aptitude ce qui lui permet de fréquenter à nouveau le Palais où il effectue son stage avec son père, qui met à sa disposition les pièces nécessaires à l’exercice de sa profession. Ce dernier est d’ailleurs très satisfait de son fils : « je suis obligé de le ménager un peu en raison de sa très grosse mutilation. Fera je pense un excellent avocat. Précis et travailleur » écrit-il.

Le 12 décembre 1944, le bâtonnier Etienne Carpentier émet un avis favorable à son admission. A partir de 1945, Jean-Louis sera très assidu aux conférences préparatoires.

A cette époque le civil et le militaire vont souvent de pair. Aussi, le 6 mars 1945, Jean-Louis informe le bâtonnier Charpentier que par décret de Monsieur le Général de Gaulle du 27 janvier 1945, il est décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec palme.

Le 7 juin 1945, il se marie avec Martine Monique Ramseier en la mairie du 7ème arrondissement de Paris. Est-ce durant la Résistance en Haute Savoie ou son repli en Suisse que Jean-Louis a fait la connaissance de sa future épouse, originaire de Genève ?

Toujours est-il que ces petits instants de bonheur sont de courte durée : sa santé décline. Il demande le 22 décembre 1945 la bienveillance du bâtonnier pour un congé de six semaines pour raison de santé, certificat médical à l’appui : il présente une suppuration crano neuro cérébro oculaire gauche consécutive à une plaie crano-cérébrale par balle. Le médecin préconise un repos de plusieurs semaines « de préférence à la montagne ». Son congé s’arrête le 11 février 1946. Il revient au cabinet de son père terminer son stage et au Palais.

Jean-Louis s’éteindra le 15 juillet : « un affreux malheur nous accable, ma femme et moi, mon cher petit Jean-Louis est mort hier des suites de sa grave mutilation ; il avait été glorieusement blessé à la défense de Thonon et à sa libération, le 16 août 1944, son petit frère, Francis Foy devait être huit jours plus tard frappé par une balle allemande au combat de Saint Georges d'Hurtières. Mon petit Jean-Louis, avocat stagiaire, médaillé militaire, cité à l'ordre de l'armée est arraché à notre affection. Fiers de la conduite de nos deux enfants, nous supportons cependant mal de telles douleurs. Jean-Louis était profondément attaché à notre profession qu'il aimait, que grâce au Conseil de l'Ordre et surtout à Monsieur le bâtonnier Etienne Carpentier, qui fut son parrain, il a eu la joie de pouvoir exercer pendant quelques mois. Je vous exprime, Monsieur le bâtonnier, Messieurs les bâtonniers, Messieurs les membres du Conseil ma très profonde et affectueuse reconnaissance. » écrira dès le lendemain, Paul Foy au bâtonnier Poignard et aux membres du Conseil de l’Ordre.

Après-guerre, des prix Jean-Louis Foy et Francis Foy sont désormais décernés aux Secrétaires de la Conférence.


Cindy Geraci / Géraldine Berger-Stenger.

 

Médaille militaire :

"Résistant volontaire animé du plus pur sentiment de sacrifice et du dévouement. A montré de magnifiques qualités de combattant au cours des combats pour la Libération du département de la Haute-Savoie. Le 16 août 1944, alors qu’il accomplissait sa mission de tireur au F.M., a été blessé grièvement par une balle à la tête, blessure entraînant la perte d’un œil et la trépanation. Grand mutilé ». Le Capitaine Charles Mangeon, Commandant le secteur de A.S. de Thonon.

Croix de guerre avec palme.

Citation à l’Ordre de l’Armée.

 

Dossier administratif Jean-Louis Foy :

Demande d’inscription au stage.

Distinctions honorifiques militaires.

Dossier administratif de Paul Foy :

Correspondance avec Joseph Python, 1940.

 

Archives de Paris

16 N 127_2 : Naissances, Paris 16.

Mariage : 07 7 M 263

Paul Foy :

Divorce de Paul FOY d’avec Alice HALLE le 4 mai 1918, transcrit le 17 aout 1918 – 1918 : Mariages, 16, 16 M 208

Divorce de Paul FOY d’avec Grace STANTON TITCOMB le 19 mars 1912 dont le mariage avait été célébré à Londres le 6 décembre 1905, 1912 : Mariage, 16, 16 M 182

 

Service Historique de la Défense-Vincennes

Jean Louis Foy : 16P 232123.

 

Gallica

Le Figaro, 19 juillet 1946 : décès de Jean Louis Foy. 

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