BAUME Gabriel Athanase Antoine Marie (1863-1936)
Gabriel Baume est né à Quimper le 24 mars 1863, fils cadet de Irénée Célestin Baume (1828-1890) et de de Adélaide Marie Antoinette Follet. Son père, médecin, fut directeur de l’asile Saint Athanase de Quimper, succédant en 1857, à son fondateur Athanase Follet.
Gabriel fait toute sa scolarité à Quimper et poursuit des études de droit à Rennes. Il obtient sa licence de en 1884 puis prête serment au Barreau de Rennes le 3 février 1885 et effectue son stage jusqu’en 1889. Parallèlement à son métier d’avocat, il exerce ses talents journalistiques comme rédacteur auprès du journal L’Eclaireur de Rennes (1884-1889) dirigé par son frère Anathase Louis Antoine Marie Baume (1856-1921).
En 1894, il prend le chemin de la vie parisienne, sollicitant son inscription au Barreau : « la demande d’extraction a eu pour motif son départ pour Paris […] mais en vertu d’une tolérance consacrée par certaines traditions locales, nous n’avons pas considéré ce fait comme incompatible avec la profession » écrit en 1894 le Bâtonnier du Barreau de Rennes à son confrère parisien membre du Conseil de l’Ordre, chargé d’étudier la demande d’inscription de Gabriel au Barreau de Paris. Il lui précise également que Gabriel Baume fréquentait très peu le Palais lors de ces années au Barreau de Rennes. Gabriel Baume intègre le Barreau de Paris le 27 octobre 1894.
Plus journaliste qu’avocat (même à Paris, il fréquentait peu le Palais), Gabriel écrit de nombreux articles sur divers sujets, suscitant parfois des polémiques… auxquelles il répondait par des duels à l’épée ! En février 1892, le journal La Nation relate un duel au pistolet aux environs de Paris entre Gabriel Baume, rédacteur de l’Autorité et M. Rateaud rédacteur au Petit National, au cours duquel quatre balles ont été échangées sans résultat. Le motif de l’altercation n’est pas précisé. Et lorsqu’il n’était pas acteur du duel, il en était témoin !
Le duel est une pratique datant du XVème siècle, dont le but n’était pas de tuer l’adversaire mais de laver la réputation de l’offensé. Interdit pendant la Révolution française, il devient cependant une pratique commune de la noblesse et de la bourgeoisie, réglementée et codifiée. Au XIXème siècle, le duel devient l’apanage des parlementaires et des journalistes, en quête de légitimité. Le combat se déroule devant des témoins veillant au respect des règles et des conventions particulières fixées au préalable (fixation notamment du nombre de coups à l’arme blanche ou à feu). L’un des duels les plus connus du XIXème siècle est celui opposant Clémenceau à Déroulède.
En novembre 1894, une polémique naît à la suite des commentaires de Gabriel Baume dans le journal L’Autorité sur l’attitude des députés qui ont refusé de voter les crédits pour envoyer une délégation aux funérailles du Tsar (Alexandre III). Offensé par une réponse de son confrère journaliste Gérault-Richard (1860-1911), dans la Petite République, Gabriel lui envoie via ses témoins une réparation par les armes, qui aura lieu à l’Ile de la Grande Jatte, le 19 novembre 1894 : épée de combat avec gants de ville à volonté. La durée des reprises est fixée à trois minutes, le « combat ne devant cesser que lorsque l’un des combattants sera mis dans un état d’infériorité constatée par les médecins » (La Libre Parole, 20 novembre 1894).
A la 2e reprise, Gabriel Baume est atteint à la partie inférieure du thorax, au-dessous du foie, sur la région de la vésicule biliaire d’une blessure de plus d’un centimètre de profondeur, mettant fin au combat.
Grand amateur de cette pratique, il réitère ce mode de règlement de compte en 1895 : Gabriel Baume publie un article dans l’Autorité sur une altercation au Sénat entre M. Isaac, député, sénateur de Guadeloupe et un officier d’infanterie de marine. M. Isaac s’est senti offensé. Après de longs pourparlers n’ayant pas abouti à la conciliation cherchée, une rencontre au pistolet de tir rayé est convenue au plateau de Chatillon : deux balles sont échangées à la distance de 25 pas et au commandement, sans résultat. Les deux procès-verbaux de cette rencontre ont été publiés par le journal La Politique coloniale du 8 juin 1895.
En 1914, Gabriel Baume n’est pas mobilisable en raison de son âge : il a 52 ans ! Il s’engage quand même comme volontaire pour la durée de la guerre et part au front. Nous n’avons pu retrouver son registre matricule mais pouvons toutefois, à l’aide des documents de son dossier d’avocat et de la presse, évoquer quelque peu son parcours. Il a combattu au 123e régiment d’infanterie, 4e Compagnie, engagé comme simple soldat, et gagnant les galons de caporal puis de sergent. En avril 1915, le Gaulois donne des nouvelles de Gabriel Baume, secrétaire général de l’Autorité, « de santé robuste, fervent de l’escrime et de la bicyclette » mobilisé au front « où il se porte à merveille ». Au mois de mai 1916, il est cité à l’Ordre du régiment :
Cette citation, mentionnée dans de nombreux journaux, lui vaut la reconnaissance de plusieurs de ses confrères journalistes, tel celui du Midi Socialiste le 10 juin 1916 : « Ohé ! Barrès, ohé les pantouflards de Paris et … d’ailleurs, les héros de l’écritoire, imitez un peu cet exemple et nous parlerons après de votre patriotisme ! »
Il confirme d’ailleurs sa bonne santé au front (probablement à Verdun) en présentant ses vœux au Bâtonnier le 2 janvier 1916 : « cette année nous verra-t-telle enfin tous réunis ? il faut l’espérer…. Notre moral reste bon malgré la boue et la vase où nous sommes souvent englués… ».
Avocat avant d’être sergent, Gabriel Baume exerce ses talents oratoires en siégeant « intentionnellement » près du conseil de guerre de la 35e division d’infanterie durant un an. Il écrit d’ailleurs au Bâtonnier, « étant loin de la bibliothèque du Palais », pour lui soumettre une question de droit sur un soldat atteint de somnambulisme : est-ce une forme de maladie mentale ? et cet homme est-il atteint dans sa responsabilité morale et pénale ? Il demande au Bâtonnier de lui envoyer d’éventuelles jurisprudences. Nous ne savons pas si réponse lui aura été faite…. Le 31 août 1918, il publiera dans le Gaulois un article sur comment la justice était rendue au front, s’appuyant sur cette expérience.
Gabriel Baume intègre ensuite le 326e régiment d’infanterie territoriale où il demande au Bâtonnier d’appuyer sa demande de nomination au poste de sous-lieutenant commissaire rapporteur près les conseils de guerre.
Il sera décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre et de la médaille britannique.
Démobilisé, il reprend ses activités judiciaires et surtout journalistiques : il collabore au journal Le Gaulois jusqu’en 1929 comme secrétaire de rédaction, puis au Figaro (fusion avec le Gaulois) jusqu’en 1934.
En 1928, Gabriel Baume obtient l’honorariat puis démissionne du barreau parisien pour se consacrer à ses travaux littéraires.
Il meurt en février 1936, à l’âge de 71 ans, renversé sur un passage clouté par un camion. Il est inhumé au cimetière des Batignolles aux côtés de son frère.
« Il laisse à ses confrères un très haut exemple de patriotisme, qui mérite un sentiment de profonde admiration » écrira un journaliste lors de son décès.
Cindy Geraci.
Sources :
Gabriel Baume, dossier ODA.
Presse en ligne sur Gallica et Retronews :
Duel en 1892 :
L’Intransigeant, 12 février 1892
Duel à l’épée 1894 :
La Libre Parole, 20 novembre 1894
Duel en 1895
Le Peuple français, 7 juin 1895
La Politique coloniale, 8 juin 1895
Guerre 1914-1918 :
Sur la loi service militaire 3 ans : Le Matin, 1er juin 1914
Décorations
Journal des débats politiques et littéraires, 21 avril 1915
Décès :
Le Petit Parisien, 9 février 1936
CAMPINCHI César (1882-1941)
César Samporio Campinchi est né le 4 mai 1882 en Corse du Sud.
Il étudie d’abord au lycée Condorcet puis à la faculté de droit de Paris. En 1906, Il est élu Président de l'Association des étudiants, où il se révèle être un excellent administrateur. Ses camarades lui doivent la construction de la Maison des étudiants, rue de la Bûcherie. Après un stage d’étude dans un cabinet d’avoué, il s’inscrit au Barreau et poursuit sa carrière notamment comme collaborateur d’Alexandre Millerand. Le bâtonnier Henri Robert le prend en amitié, liens qui ne lâcheront jamais.
Il est élu secrétaire de la Conférence dans la promotion de 1910-1911 et poursuit ses talents comme chroniqueur judiciaire à Gil Blas, à l’Evènement et Au Temps.
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