PAUL-BONCOUR Joseph (1873-1972)
Né en 1873 à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) et mort le 28 mars 1972 à Paris, est un avocat et homme politique français, il effectue des études de Lettres en Bretagne avant de venir à Paris étudier le droit. Il prête serment au Barreau de Paris le 20 novembre 1895. Il devient premier secrétaire de la conférence du Stage de la promotion 1898-1899. De 1899 à 1902, il est le secrétaire particulier de Pierre Waldeck-Rousseau, président du Conseil.
Du 2 mars au 27 juin 1911, il est nommé Ministre du Travail et de la Prévoyance sociale dans le gouvernement Ernest Monis.
En 1914, comme ses confrères, Joseph Paul Boncour est mobilisé. Il rejoint le service d’Etat-major du camp retranché de Paris en août 1914 avant d’être affecté à l’état-major du détachement d’armée de Lorraine 3 avril 1915 où il est promu capitaine par décret du 15 juillet 1915. Il s’illustrera au cours de plusieurs combats, ce qui lui vaudra une première citation à l’ordre de l’Armée.
Buste de plâtre, patiné bronze d’Albert Chartier. - Don de Mme Loraine, 1972.
Après 18 mois passés au front en Lorraine, alors qu’il est sur le front près de Verdun, il adhère au Parti socialiste de sa ville natale : « je n’avais plus de raisons de ne pas tenir la promesse faite à Jaurès le 12 juillet 1914. Il était à fond dans la défense nationale ». En juillet 1914, il s’entretenait avec son ami Jaurès en lui promettant d’adhérer au Parti lorsqu’il pourra y voter les crédits de la guerre et de la marine. Jaurès lui répondit : « la guerre voyez-vous, ce sera affreux. On nous tuera, d’abord. On le regrettera peut-être après… Mais il sera trop tard ». 15 jours après Jaurès était assassiné et la guerre déclarée.
Le 2 avril 1916, il est affecté à l’état-major de la 1ere armée.
Il écrit le 18 avril à son Bâtonnier, Henri Robert, d’un hôpital où il séjourne car il a été gazé. Il ne voulait pas lui dire qu’il avait été cité ; le bâtonnier l’ayant appris par la presse, n’a pas manqué de le sommer de le faire. Joseph Paul-Boncour écrit : « Je vous assure que de savoir ma citation affichée sur les murs de notre palais [Ndrl : les citations étaient affichées sur un mur de la Bibliothèque des avocats] m’est une fierté et une joie quasi familiales. C’est comme un lien qui subsiste avec ce cher Barreau, dont la guerre, après la politique, m’éloigne si longtemps, et auquel j’ai hâte de revenir tout entier et plus fidèle que jamais ».
Il rejoint l’état-major de la 8e armée le 2 janvier 1917 avant d’être détaché en mai 1917 au commandement du 81e RI, après avoir contractée une maladie au front. Il s’illustrera comme chef de bataillon en commandant en première ligne un bataillon : à la suite d’incursions allemandes sur la rive gauche de la Seille [rivière de Meurthe-et-Moselle], il a pris volontairement le commandement de détachements envoyés de nuit en avant des réseaux, donnant ainsi à sa troupe le plus bel exemple et a réussi, grâce à son activité, à maîtriser l’ennemi dans son secteur. Il sera cité pour la 2e fois à l’Ordre de l’armée.
A la fin de la guerre, il recevra le titre d’officier de la Légion d’honneur pour son courage, son activité et son énergie depuis le début du conflit. Il était déjà chevalier au titre civil depuis 1907.
Démobilisé, il revient au Palais et reprend son activité d’avocat.
En 1919, il plaide comme partie civile pour la famille de Jaurès qui était son ami, contre Raoul Villain.
Il reprend également sa carrière politique, comme député, sénateur et ministre.
Carrière politique
- Ministre de la Guerre du 3 juin au 18 décembre 1932 dans le gouvernement Édouard Herriot.
- Ministre des Affaires Étrangères du 31 janvier 1933 au 30 janvier 1934 dans les gouvernements Édouard Daladier, Albert Sarraut et Camille Chautemps.
- Ministre de la Défense Nationale et de la Guerre du 4 au 9 février 1934 dans le gouvernement Édouard Daladier.
- Ministre d'État, délégué permanent à Genève du 24 janvier au 4 juin 1936 dans le gouvernement Albert Sarraut.
- Ministre des Affaires Étrangères du 13 mars au 10 avril 1938 dans le gouvernement Léon Blum.
Cindy Geraci.
MASSE Pierre (1879-1942)
Il prête serment en 1899, la même année où son grand-père, bâtonnier français du Barreau de Strasbourg se retire de son poste. D’ailleurs trop âgé pour s’engager lors du conflit ce dernier a repris du service comme rapporteur dans les Conseils de guerre.
Docteur en droit et premier secrétaire de la Conférence, Pierre Masse est également député de l’Hérault lorsqu’il est mobilisé le 1er août 1914. Il rejoint le 23e Régiment d’infanterie territoriale le 3 août 1914. Nommé sous-lieutenant par décret le 30 août, il est affecté au 36e R.I. qu’il rejoint dans le secteur de Laon.
Il est cité à l’Ordre du régiment le 3 novembre 1914 pour avoir « dirigé avec beaucoup d’énergie et de sang-froid une patrouille qui s’est portée à 400 mètres en avant des tranchées, malgré une nuit très claire et un terrain très difficile dans lequel une embuscade ennemie pouvait être très facilement préparée. A pu de ce fait donner des renseignements précis sur les positions ennemies ». Il sera cité à l’Ordre de la division n°1408 du 31 août 1919 pour ces mêmes faits : « Appartenant de par sa classe à une unité territoriale, a été sur sa demande affecté à un régiment actif et envoyé au front avant son tour dès le début de septembre 1914. S’est porté spontanément le 27 septembre 1914 en avant des lignes occupées par sa section pour secourir un blessé français. Malgré la vive fusillade a pu recueillir le blessé, le charger sur son dos et le ramener dans nos lignes, le sauvant ainsi d’une mort certaine ».
En décembre 1914 il est promu lieutenant de réserve à titre temporaire ; il est mis en congé comme membre du Parlement à compter du 16 décembre 1914.
Il est promu capitaine de réserve le 11 juin 1915.
En 1917, il est appelé dans le gouvernement de Paul Painlevé comme sous-secrétaire d’Etat à la Guerre chargé de la justice militaire (septembre-novembre 1917). Il conclut notamment à l’exécution de la célèbre espionne, Mata Hari, fusillée le 15 octobre 1917.
Debout, 4eme à partir de la droite, PIERRE MASSE, Sous-secrétaire d’État à la Guerre, chargé du contentieux et des pensions.
Son frère Georges Masse, aspirant dans la 1ere compagnie du 36e R.I., sera tué au bois de la Caillette devant Douaumont le 12 avril 1916. Il sera décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec lesquelles il sera inhumé.
Pierre Masse sera démobilisé le 23 février 1919.
Il est élu membre du Conseil de l'Ordre de 1924 à 1928 ; sénateur en 1938.
Lors de la Seconde guerre Mondiale, et devant les premières mesures antisémites de l'Etat français, Pierre Masse n'hésite pas à protester publiquement : il écrit au Maréchal Pétain pour lui faire part de son indignation ; au Palais, il plaide contre le directeur de "Je suis partout", qui avait diffamé l'écrivain Henry Bernstein.
En février 1941, il reçoit une circulaire adressée à tous les parlementaires leur demandant de préciser s'ils sont d'ascendance juive. Dans une seconde lettre adressée au maréchal Pétain, il exprime avec vigueur son refus d'être traité en « Français de la deuxième catégorie »
Au mois d'août 1941, Pierre Masse est arrêté à son domicile avec plusieurs dizaines d'autres avocats juifs et parmi les plus célèbres du barreau de Paris, Jean Weill, Théodore Valensi, Maurice Azoulay, Albert Ulmo, Gaston Crémieux et Edmond Bloch.
Après plusieurs mois passés dans les camps de Drancy et de Compiègne, il est déporté le 30 septembre 1942 à Auschwitz, par le convoi no 39, où il meurt, probablement au cours du mois d'octobre.
Plus de détails sur la période 39-45 dans cet article : Masse Pierre (1879-1942)
Cindy Geraci.
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