MORO-GIAFFERI Vincent de (1878-1956)
Vincent de Moro-Giafferi est né le 6 juin 1878 dans le quartier de Montmartre où il grandit.
Il devient avocat au Barreau de Paris à l'âge de 20 ans le 10 août 1898. Il commence sa carrière en pratiquant pendant quatre ans l'assistance judiciaire, étant élu sixième Secrétaire de la Conférence du stage pour 1901-1902.
En 1913, il défend Eugène Dieudonné au procès de la bande à Bonnot ; celui-ci est condamné à mort, puis gracié et envoyé au bagne.
Lors de la mobilisation, Vincent de Moro-Giafferi est marié et père de deux enfants. Il est réformé provisoire mais s’engage volontairement comme soldat de 2e classe. Il part sur le front du côté de Chartres où il est blessé une première fois.
Il se retrouve à Verdun en 1915 où il est blessé une seconde fois.
« J’ai eu l’honneur de 7 blessures et la chance de la vie sauve» écrit-il au Bâtonnier de son lit de l’hôpital n°11 de Verdun. Il explique qu’avant d’être « bousillé » avec trois volontaires il a réduit au silence une mitrailleuse allemande que leur artillerie n’arrivait pas à mettre à mal. Il a reçu un éclat d’obus dans le crâne provoquant une plaie superficielle, un autre éclat d’obus dans le bras sans réel préjudice ; un projectile dans l’épaule qui lui sera retiré dans un hôpital de l’arrière près de Dijon où il va prochainement être transféré.
« Merci mon cher Bâtonnier, je vais bien » lui écrit-il de l’hôpital de Dijon. Il vient d’être opéré « sans chloroforme » précise-t-il. Ces actes de bravoures lui vaudront d’être cité à l’Ordre du régiment 166e de ligne le 19 mars 1915.
Il embarque ensuite en Salonique, comme officier, où il contractera le paludisme après quatre années de combats. Il rentre en France et démobilisé, il reprend le chemin du palais.
Il plaidera dans de grandes affaires dont Landru, Charles Humbert, Joseph Caillaux, Arlette Stavisky, Eugène Weidmann.
Il est élu député de la Corse pour le Parti républicain-socialiste en 1919 et président du Conseil général en 1920.
De 1924 à 1925 il est nommé sous-secrétaire d'État à l'Enseignement technique dans le Gouvernement Édouard Herriot.
Il est élu membre du Conseil de l'Ordre des avocats du Barreau de Paris (1930-1934).
En juin 1940, se sentant menacé par l'arrivée de l'armée allemande à Paris, Vincent de Moro-Giafferi se réfugie dans le Sud de la France (en zone non occupée), puis en Corse, libérée dès 1943 ; il échappe ainsi à la déportation.
Il est député de Paris sous la Quatrième République pour le Rassemblement des gauches républicaines, de 1946 à 1956.
Il est officier de la Légion d'honneur, titulaire de la Croix de guerre 1914-1918.
Cindy Geraci.
AIMOND Georges Louis (1878-1923)
Né à Paris le 28 octobre 1878, il est le fils du sénateur et président du Conseil général de Seine-et-Oise. Il étudie au lycée de Versailles, avant de s’orienter vers des études de droit à Faculté de Droit de Paris, tout en collaborant aux travaux politiques de son père. Il suit également des cours à l’Ecole de Sciences politiques de Paris.
Il effectue son service militaire en 1899 à la 24e section des commis et ouvriers militaires d’administration de Versailles : leur fonction était la gestion de l’intendance.
Docteur en droit, il entre au Barreau de Paris le 8 janvier 1902. Il se spécialise dans les Brevets d’invention marques de fabriques et devient l’avocat d’importantes entreprises industrielles et financières (Chaussures Fayard, Mestre et Blagé, Banque de la Seine…).
En 1900, il est président de la société nationale de sauvetage.
Il se marie le 16 octobre avec Melle Fernande Delmas fille de l’ingénieur, auteur du palais du Commerce à l’exposition universelle. Deux enfants (fils) naîtront de cette union, dont l’aîné est sous-lieutenant de génie à Epinal.
Officier de réserve en 1911, il a pris une part active à la constitution du service automobile : il était officier des convois automobiles, employé à l’encadrement de ces convois et a accompli une période d’instruction convois automobiles de poids lourds jusqu’en juillet 1912. Il passe ensuite dans l’armée territoriale, au 19e escadron du train – service auto.
Suite au décret de mobilisation, il arrive au 19e train le 2 août 1914 comme adjoint du commandement du dépôt du Service auto. En 1914, le 19e gère 190 unités hippomobiles ou automobiles soit près de 20 000 hommes, 15 000 chevaux, 4 000 voitures, tout en organisant le ravitaillement des troupes. Ses personnels isolés, détachements ou unités constituées participent à toutes les batailles.
D’abord affecté à l’état-major où il procède aux différentes organisations du service récemment créé, il demande rapidement à partir au front. Lieutenant, puis capitaine, il fait partie de la réserve numéro I (groupement n°2) dont les fanions portent la Croix de guerre et qui a pris, sous le feu de l’ennemi, une part si glorieuse aux transports de combattants.
Capitaine orienteur du groupement n°2 spécialement chargé des embarquements et débarquements des divisions, il est cité et décoré de la croix de guerre :
« Le capitaine Aimond (Georges, Louis), officier orienteur du groupement automobile n°2 T.M.192 (19e escadron du train des Equipages militaires).
« Officier d’un sang-froid remarquable qui a toujours donné dans les circonstances les plus difficiles, l’exemple d’un mépris absolu du danger.
« S’est distingué particulièrement dans la nuit du 3 au 4 avril et le 5 avril 1918 en effectuant personnellement, sous un violent bombardement, les reconnaissances nécessaires à la sécurité d’un débarquement de troupes, exécuté sur la ligne même du combat, au moment de l’avance ennemie. Le 27 mai 1918 a rempli une mission analogue sous le feu de l’artillerie et des mitrailleuses, permettant grâce aux bonnes dispositions prises l’exécution intégrale des ordres reçus, avec le minium de perte ». Georges Louis Aimond a longtemps gardé cette citation pour lui, la Chambre des députés ainsi que ses confrères ne l’ont appris que par hasard.
Il est évacué à Lagny sur l’hôpital de Montereau le 7 juillet 1918 et mis en congé illimité de démobilisation.
Il est député de Seine-et-Oise de 1919 à 1923, inscrit au groupe de la Gauche républicaine démocratique. Il entre en politique en 1919 sous les couleurs de l'Alliance démocratique.
Parlementaire discret mais actif, il siège à la Commission du commerce et de l'industrie et à la Commission des douanes et est à l'origine de plusieurs lois de 1921, notamment celles instituant le 11 novembre comme jour férié, prévoyant l'annulation d'un mariage en cas d'aberration mentale de l'un des conjoints ou en faveur des abonnements du travail pour les usagers des chemins de fer.
Il décède subitement en 1923.
Cindy Geraci.
Page 36 sur 36